QUE FAIRE LE WEEK-END? Mensuel des loisirs urbains, événements et du tourisme régional.

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GRAND FORMAT / LES pIONNIERS DES NOUVEAUX VINS

le Financement participatiF au secours des viGnes

Laurent Gras présente une cuvée du Mont-Rachais, mise en bouteille par son père Gérard en 1979.

C’est le même genre de projet, 100% bio lui aussi, que Sébastien Benard est en train de mener depuis 4 ans à La Buisse à côté de Voiron. Il plante 1500 pieds de Viognier en 2014. Puis un financement participatif réussi en 2015 (plus de 8000 euros) lui permet de planter 3500 pieds de Verdesse et Persan. Enfin, en 2016, sont introduits 5000 pieds de Persan, Verdesse, Etraire et de Servanin, un cépage typiquement voironnais pour ce dernier. « Je veux planter des cépages autochtones contre la standardisation et l’appauvrissement des goûts, pour l’originalité et la biodiversité. L’enjeu de nous tous, jeunes vignerons, c’est de redéfinir l’identité de la viticulture en Isère. En retrouvant nos cépages, on pourra être mieux reconnu, se distinguer et susciter un plus fort intérêt » raconte ce vigneron « au début d’une aventure », compliquée par la pression foncière. « Mes parcelles sont entourées de maisons, ce n’est pas simple ». Malgré l’éradication presque totale de son vignoble, l’Isère conserve ainsi une des ampélographies les plus riches de France avec une quinzaine de cépages autochtones. Cela laisse un beau potentiel à exploiter. D’un autre côté, la pression foncière limite le développement des jeunes vignerons. Cependant, Éric Esnault est plutôt optimiste : « La dynamique se poursuit et elle est excellente. De nouveaux jeunes arrivent. La demande excède largement l’offre sur les vins de qualité. Il n’y a plus de discours négatifs sur les vins de l’Isère, les gens d’ici et même les touristes sont curieux et veulent goûter les vins locaux. Dans les années 1900 l’Isère était une grande région viticole alpine. C’était un paradis. On peut le recréer ».

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des viGnes sur la bastille

Pour Laurent Gras, « Oui l’Isère est un terre de vins, ou en tout cas en était une ». Historiquement, la Bastille c’était des vergers, des fermes… et des vignes ! Aujourd’hui, les modes de consommation ont évolué et l’heure est à la qualité. C’est donc sous ce signe que, dans un an, le gastronome prévoit de réimplanter 1 hectare de vigne en contrebas de son restaurant. Le premier cep a d’ailleurs été planté symboliquement le 27 septembre dernier ! Ce projet est aussi pour lui l’occasion de renforcer l’image de marque de Grenoble : « Les vignes de Montmartre rendent fiers ses habitants, pourquoi pas ici ? ». Vigne de montagne oblige, pas de tracteurs mais un travail manuel qualifié, le tout dans une démarche éthique sans aucun traitement chimique. Comme cela fait 40 ans que ces sols sont en friche, il y a de grandes chances que la terre soit riche… M.LD

pratiQue > THOMAS FINOT : www.domaine-finot.com > MICHAEL FERGUSON : www.lemasdubruchet.com / 09 53 90 18 30 > LAURENT FONDIMARE / DOMAINE DES RUTISSONS : http://domainedesrutissons.fr / 06 64 86 33 20 > NICOLAS GONIN : www.vins-nicolas-gonin.com / 04 74 18 74 81 > STÉPHANIE LOUP / DOMAINE DU LOUP DES VIGNES : www.domaineduloupdesvignes.com 04 74 28 95 82 > LE VIN DES ALPES / CAVISTE : 8 rue de Strasbourg / https://levindesalpes.fr / 04 76 43 04 39 > SYNDICAT DES VINS DE L’ISÈRE : En Trièves, les vignes en associationebook.com/vinsdelisere

© Maëlle Le Dru

À 90km au sud-est de Saint-Chef, Laurent Fondimare et Wilfrid Debroize se sont lancés dans une aventure similaire en rachetant en 2010 le domaine des Rutissons, une exploitation agricole en polyculture-élevage, à Saint-Vincent de Mercuze, près de Pontcharra. Coincé entre les vignobles de la vallée du Rhône et de la Savoie, le petit vignoble isérois est influencé par les cépages de ses voisins : Viognier et Syrah de la vallée du Rhône, Jacquère et Mondeuse de la Savoie. Malgré tout, les deux exploitants se sont engagés, en s’appuyant sur un financement participatif, dans un programme de plantation de cépages locaux, selon une véritable démarche de sauvegarde du patrimoine. En quelques années, plus de 3,7 hectares de cépages alpins autochtones ont été replantés.


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