LB n°25 : Restauration II

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f0jf0jf0jf0jf0j Histoire du calendrier de l'Avent Texte : Sophie Leromain - Illustration : Laure Saffroy-Lepesqueur

Depuis bientôt vingt ans, c'est la même chose tous les ans ; je me fais toujours avoir quand je vais faire mes courses fin novembre. Tape-à-l'oeil avec ses couleurs vives et ses dorures, forcément placé au milieu de mon parcours - et parfois à plusieurs reprises, le fourbe ! -, il me supplie de l'acheter. Chaque année, je suis forte, je résiste fièrement. Et puis ma volonté de fer finit par se briser. Je craque, et j'achète ce stupide calendrier de l'Avent, bien souvent autour du 9-10 décembre (et donc avec 9-10 chocolats de retard). Il me semble cependant que je ne suis, heureusement, pas la seule touchée par cette lutte intérieure de fin d'année. On est tous bien content d'avoir notre petit chocolat tous les matins pendant 25 jours, mais, comme toutes les traditions ancrées au plus profond des us et coutumes, personne ne sait d'où elle vient. Je me propose donc de vous présenter l'histoire du calendrier de l'Avent.

f0jf0j Tout commença en l'an 359 de notre ère, dans l'Empire romain. Constance II, fils de Constantin, et empereur romain depuis 350, était très concerné par la cause chrétienne. Jaloux de son père, qui, avec l'édit de Milan en 313, s'était accordé les faveurs des chrétiens, il décida lui aussi de faire une bonne action envers eux, afin qu'on garde un bon souvenir de lui (bon, c'est peut-être parce que lui aussi

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était chrétien). Toujours est-il, que voyant la fête de la naissance de Jésus arriver, Constance chercha un moyen d'assurer sa supériorité sur l'anniversaire de Sol Invictus, dieu païen, qui tombaient tous deux le 25 décembre depuis près de 100 ans. Ainsi décida-t-il d'organiser, du 1er au 25 e jour de décembre, des fêtes, processions et messes chrétiennes dans la ville de Rome en l'honneur de Jésus-Christ. Cette tradition perdura jusqu'à la chute de l'Empire romain d'Orient, en 1453, à la seule différence que les messes prirent plus d'importance car les églises se firent de plus en plus somptueuses. Toutefois, la célébration "en avance" de la Nativité n'avait pas survécu en Europe Occidentale et cela surprit les Croisés lors de leurs voyages en Orient. Comme toute chose qu'ils trouvèrent là-bas, les Croisés ramenèrent la tradition avec eux. Mais comme toute chose qu'ils ramenèrent, ils la changèrent et l'adaptèrent à leurs habitudes (à défaut de pouvoir y ajouter une monture orfévrée…). L'Église était plutôt riche à l'époque, et souhaita célébrer la Naissance du Christ comme l'avaient fait les Byzantins et les Romains avant eux. Mais sous la pression des ordres mendiants, on décida de réduire le faste de ces longues cérémonies, qui duraient presque un mois. Après de nombreuses tentatives, on se rendit vite compte que les plus intéressés par cette fête étaient les enfants, très impatients, qui bénéficiaient déjà de cadeaux à l'époque. Il fut alors décidé que les 25 premiers jours de Noël seraient consacrés à calmer le bouillonnement des enfants. C'est ainsi, qu'après un long processus de suppression des fêtes - on supprimait un jour de célébration par an -, fut inauguré les "Jours de l'Avant" (notez le "a", car on célébrait la période avant Noël). Les parents donnaient alors une clémentine par jour aux petits, ce qui était exceptionnel car on croyait que ce fruit, dont ils raffolaient, était mauvais pour leur santé ; ils n'avaient le droit d'en manger qu'à cette période-ci de l'année. Il faut d'ailleurs noter qu'aujourd'hui, oranges et clémentines sont très présentes dans les fêtes de fin d'année.


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