Lo’la Rencontre
Bataclan La mythique salle parisienne, meurtrie par les attentats du 13 novembre, n'oublie pas ses jours heureux
Ces dernières semaines Joël Laloux a été très sollicité par les médias. Et pour cause. Celui qui fut le programmateur respecté de l'une des salles de spectacles les plus populaires de Paris, le Bataclan, a accepté d'évoquer avec nous, le drame du vendredi 13 novembre, l'histoire de cette salle mythique. Celle qui a accueillie, en des jours plus heureux, nombre de stars internationales venues de tous les styles musicaux. L'homme revendique les galas en faveur d'Israël, mais pas seulement. Ouverture d'esprit, éclectisme, habile capacité à réinventer une salle caméléon devenue au fil du temps incontournable et qui a su revendiquer sa couleur populaire. C'est la signature de Joël Laloux, installé à Ashdod, qui a accepté pour Lo’la de retracer le destin d'une salle pas comme les autres, aujourd'hui profondément meurtrie. A la mémoire des victimes qui y ont laissé leur vie, et c'est aussi un acte de résistance, the show must go on.
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Par Dahlia Perez
otsé shabbat, ce samedi 14 novembre dernier, Joël Laloux allume sa télé et reçoit, incrédule et sonné, un coup de massue. Violent. Inimaginable. Son bébé, cette salle de spectacle dont il a fait la réputation, dont il s'est occupé durant des dizaines d'années a été attaquée. Dans les jours qui suivent, sa notoriété soudaine et lugubre le prend de court : « Maintenant les gens me reconnaissent. Mais il faut cent trente morts pour devenir célèbre, croyez-moi, c'est terrible. » Joël Laloux, patron de 1976 à 2015 du Bataclan, a choisi il y a quelques mois de passer la main, après quarante ans de gestion d'une des salles de spectacles les plus populaires de Paris. Pourquoi ? « Parce qu'il m'a semblé avoir terminé un cycle. Quand on est jeune, on se dit « pourvu que j'arrive à me hisser à cette place-là » et après, « pourvu que j'arrive à être le meilleur ». On a des objectifs. On les atteint ou pas. Vers la fin, il me semblait, moi, ne plus en avoir. » Un virage dû à un changement de vie, à l'alya ? « Non. (...) Les galas que je faisais pouvaient me permettre de continuer. En ce qui me concerne, je n'ai jamais eu à demander à personne la permission de programmer ce type d'événement, qu'il soit artistique ou humanitaire. En 88, ou 89, j'ai accueilli un gala pour l'émancipation des femmes afghanes. Il aurait fallu que je demande aux talibans si c'était possible ? » Boy George, Prince : les stars réclament le Bataclan Le Bataclan, c'est avant tout une seule et même salle, ingénieusement exploitée et qui a su, dès ses débuts, contourner les problèmes : « Il y avait cette idée extrêmement judicieuse que j'avais choisi de favoriser pendant les travaux : le concept d'une salle que je pouvais transformer en une heure, qui per-
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Janv/Févr 2016 - LO’LA