Quartier Chic #7

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QUARTIERCHIC

MAI 2018 - GRATUIT

La culture a droit de cité

N 7


Carte blanche Le Quartier Chic nouveau est enfin là. Cette fois, les commandes de notre petite revue culturelle ont été confiées à notre invité Emmanuel Haddad, journaliste en résidence dans les quartiers Mistral et Villeneuve. Toute l’équipe de bénévoles souhaite donc la bienvenue à notre rédacteur en chef de passage. Nous le remercions pour ses conseils avisés et en reparlons dans notre rubrique Echos quartier (p.22). Brahim Rajab

EDITO En juin, ce sera bien à Mistral. Tous les téléviseurs du quartier seront à l’unisson. Celui des supporters français qui, 20 ans après le frisson de la victoire au mondial de 1998, espèrent bien remettre le couvert. Celui des supporters égyptiens transportés par le talent de Mo Salah, leur star capable de convertir à l’Islam les hooligans de son club de Liverpool. D’ailleurs, saviez-vous que le foot était né en Angleterre et que la classe ouvrière en fît jadis un outil de lutte des classes ? Le nouveau numéro de Quartier Chic décline le foot sous toutes ses coutures : religion, théâtre, business, politique... Et sous tous ses genres. Car la Coupe du monde de foot féminin débarque sur Grenoble en 2019. Le polémique Stade des Alpes en accueillera cinq matches. Pour vous mettre dans l’ambiance, nous avons suivi l’équipe de foot féminin du FC Mistral. A l’heure du foot business, une lutte d’un nouveau genre traverse l’univers bourré de testostérones du ballon rond. L’équipe de Quartier Chic dit #MeToo et vous salue. Emmanuel Haddad


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© Twitter officiel de Liverpool

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©Pascale Cholette

Magazine culturel des quartiers populaires, imaginé par l’équipe du Prunier Sauvage. Ce numéro est tiré à 2000 exemplaires. Rédacteur en chef : Emmanuel Haddad Coordination et graphisme : Lise Blein-Renaudot Comité de rédaction : Brahim Rajab, Jacopo Rasmi, Antonin Delabouglise, Léa Deshusses, Elsa Chardon, Antoine Taine Remerciements à Yoann Demoz pour ses conseils foot ! N°ISSN - 2552-4976 Avec le soutien de la Direction régionale des affaires culturelles Auvergne RhôneAlpes

© Yohanne Lamoulère/Picturetank.

LE CHIC SOMMAIRE STADE DES DE 16 LE 4 L’EMPÊCHEUR ALPES : DE LA BELOTER EN ROND Partie de didascalies

REVOLUTION 6 FOOT Retour sur les racines d’un sport émancipateur

8 La religion du ballon rond SACRÉ BALLON et sa liturgie

MISTRAL: 10 FC RAFALE DE TALENTS Dans les vestiaires du Mistral gagnant

AUX FILLES 12 BALLE Reportage sur un foot d’un genre nouveau

14 Le club de foot

EN IMAGES Mistral en action

quartierchic.journal@gmail.com

RUINE AU RENOUVEAU

Comment reboucher le gouffre financier?

BONHEUR 18 AU DES FILLES

Le combat des femmes pour jouer à armes égales

LA FOLIE PANINI 19 Nostalgie de l’album culte des photos de foot

SA VIE DE 20 JOUER SUPPORTER

L’art du cri enfin mis en scène

QUARTIER 22 ÇaECHOS se passe près de chez vous

FOOT 23 QUIZZ A toi de jouer !


PARTIE DE DIDASCALIES

L’empêcheur de beloter en rond

FLORIAN : ... Cela a dû être dur de dormir cette nuit-là...

Par Florian Frappat

MAMÉ COQUETTE : Dormir ? Pensez-vous ! Nous avons pris des foulards bleus, blancs et rouges à la va-vite dans les placards et les malles du grenier pour rejoindre le cortège de fêtards !

La scène se passe à l’espace Bouchayer, un lieu dédié aux personnes âgées dans le quartier Eaux-Claires.

PAPÉ BOUGON : (Cartes en main, qu’il a caleuses et crevassées) BON… - l’air de dire « allez garnement, t’as ce que tu voulais, maintenant, on joue ! »

Florian, jeune bénévole pour « Quartier Chic », débarque dans le calme de l’espace Bouchayer pour extirper aux anciens quelques souvenirs marquants et anecdotes croustillantes liés au foot. Marie, officiant ce jour-ci dans la salle, laisse libre cours aux lubies du reporter en herbe, en prévenant tout sourire : « Attention, peut-être que certains ne voudront pas être embêtés dans leur belote ! ». A son arrivée, le scribouilleur est scanné en un coup d’œil par une tablée en pleine partie. FLORIAN (Plein d’entrain ) Bonjour, je peux vous interrompre un instant ? PAPÉ BOUGON : (L’air de dire « ma foi oui puisque c’est fait ») Grmblr … FLORIAN : Je cherche à réunir des souvenirs liés au football, un fait marquant... Vous avez peut-être vousmême joué au foot dans votre vie ? MAMÉ COQUETTE : (Bien apprêtée, les cheveux blonds réunis en un savant chignon, décide finalement de prendre la parole pour ne pas laisser Florian dans l’embarras) Oh moi je jouais pas au foot, mais je me souviens bien de la 4

coupe du monde de 1998. Il y avait la fête à chaque coin de rue et le défilé sur le Cours Jean Jaurès !

Galvanisé par ce premier succès, notre envoyé spécial tente une autre approche pour le deuxième groupe, composé de trois mamés qui l’ont bien vu venir, va... LA FACÉTIEUSE CHRISTIANE : (Les pattes d’oies au coin des yeux, le regard pétillant) Un fait marquant ? Les buts, par définition, ah ah ah... FLORIAN : Certes, certes, alors dites-moi, le football vous a-t-il particulièrement marqué dans votre vie ? À un moment précis peut-être? Les cartes sont posées, la partie interrompue, tout le groupe semble attentif à l’échange en cours. LA FACÉTIEUSE CHRISTIANE : Ouii, ouiii... En 98, tout le monde chantait à tue-tête cette chanson : « Laa..la-la laaa laaa », dans le bus, dans les bars... (ferme les yeux, plonge dans sa mémoire un instant, puis s’adresse à l’homme assis en face d’elle) Aaah, comment elle s’appelait déjà ? PAPÉ SAGACE : (L’air intéressé


et poli) Il y avait cette chanson oui, c’était d’une chanteuse américaine... (fouille également sa mémoire, hélas sans succès.)

souvent le ballon sous le bras pour trouver un coin de rue propice à s’amuser... Mais il fallait pas que le ballon nous échappe !

FLORIAN : Eh bien je mènerai l’enquête et je reviendrai vous le dire -après recherches il s’agit de « I Will Survive » de Gloria Gaynor- ce nom de chanteuse américaine !

FLORIAN : (interessé) Tiens...et pourquoi ça ?

Notre reporter quitte alors le coin des cartes pour faire un tour du côté de celui de la laine : FLORIAN : Oh, du tricot ! Je connais bien ça le tricot, pour sûr je suis même champion de point mousse chez moi ! JANINE : (Sans lever les yeux de son ouvrage) Oui, mais ça c’est du crochet jeune homme ! FLORIAN : Euh...parlons foot alors ? JANINE : (Assure d’un geste habile la maille en cours, puis lève le visage) Un souvenir ? Il y a bien quand j’étais petite, oui, je jouais au ballon sur les boulevards, comme beaucoup d’enfants... Et puis nous allions garder les animaux à la grande ferme vers la rue Abbé Grégoire... C’était dans les années 40...

Un autre homme, environ soixante-dix ans, écoutant jusqu’ici passivement l’échange, semble interpellé par l’évocation de ces années-là... PAPÉ SPRINTEUR : ...Moi je jouais pas vraiment au foot, le vrai foot pour nous c’était surtout les grands, les ouvriers qui jouaient dans les équipes de quartier comme la Viscose, Camine, Beauvert... Où l’on trouvait encore des ambiances de « patronat paternaliste ». J’ai plus les noms en tête mais ces gars-là, on savait qui c’était ! Après, nous on se promenait

PAPÉ : Eh bien j’habitais sur le Cours de la Libération, et certaines rues étaient un peu le «territoire» des enfants y vivant... Même en jouant fair-play on se faisait vite enguirlander ! (Marque une pause) En plus nous on n’était pas une bande, juste deux frères, en école privée de plus! On a dû y laisser une paire de ballons, surtout Rue Capitaine Camine et Chemin Menet... Là, si on se faisait apercevoir, il fallait courir très vite !

Ces quelques souvenirs glanés, il est temps pour le jeune Florian de quitter ses nouveaux amis, non sans un petit verre de cidre et quelques douces taquineries... Une bonne occasion de constater pour ce novice du sujet que les souvenirs liés au football peuvent revêtir de multiples formes et être très personnels, sans forcément être un.e « mordu.e » du ballon rond !


AUX RACINES D’UN SPORT ÉMANCIPATEUR

Plongée dans les racines historiques d’un sport à haute teneur sociale et politique.

Du football, souvent, on ne retient que le côté bling-bling et sulfureux, ses popstars des terrains et des publicités, et son rapport démesuré à l’argent. Certes, le football est un business qui engendre des sommes astronomiques, comme en atteste le nombre de survêtements et autres maillots vendus à la pelle, dont les couleurs criardes fleurissent dans toutes les rues européennes et donnent à la jeunesse des allures d’armées d’employés des travaux publics. Mais le ballon rond est bien plus que ça, comme le rappelle Mickaël Correia dans son livre « Une histoire populaire du football », publié en mars 2018 aux éditions La Découverte. Le journaliste 6

nous montre à quel point le foot, plus que tout autre sport, est marqué par les soubresauts de l’histoire. Le football tel que nous le connaissons naît au 18ème siècle dans la bourgeoisie de l’ère industrielle en Angleterre. Il se transmet très vite à la classe populaire qui, en s’accaparant ce sport, en fait un objet social, politique et un outil de contre-culture. Nombreux sont les exemples de lutte contre les dominations à travers le foot. Que ce soient les ouvriers de Manchester défendant leurs droits dans cette Angleterre industrielle, ou Matthias Sindelar, footballeur viennois qui défia les autorités nazies, sans oublier les joueurs algériens qui n’hésitèrent pas à abandonner le maillot de l’équipe nationale française pour donner vie clandestinement à l’équipe d’une Algérie sous occupation.


S’il est un joueur qui incarne le football engagé, c’est bien Sócrates Brasileiro Sampaio de Souza, dit « Socrates », vedette de l’équipe des Corinthians de Sao Paulo au début des années 80. Avec ses longs cheveux et sa barbe qui lui donnaient des airs de Che Guevarra, le milieu de terrain élégant, titulaire d’un doctorat en médecine auquel il devait son surnom « Le Docteur », était loin de l’image lisse et fashionista d’un Cristiano Ronaldo ou d’un Neymar. Au Brésil, alors tenu d’une main de fer par une junte militaire qui a torturé plus de 20 000 personnes entre 1964 et 1985, l’équipe des Corinthians a inventé un système de fonctionnement inédit pour une équipe professionnelle, basé sur l’autogestion et que les médias qualifiaient de « démocratie corinthiane ». Avec l’aide d’un jeune sociologue qui a gouté aux prisons de la dictature et de coéquipiers convaincus et militants, Socrates a été l’instigateur de ce système qui a réinventé le lien entre joueurs et dirigeants. Toutes les décisions qui touchaient au collectif étaient soumises au vote… Les joueurs choisissaient eux-mêmes leur entraîneur !

Ce système horizontal fonctionne bien et les résultats sportifs sont au rendezvous. Le SC Corinthians, « club du peuple », défie de plus en plus la dictature en faisant ouvertement la promotion de la démocratie. Le 14 décembre 1983, lors de la finale du championnat de Sao Paulo, les Corinthians se présentent face aux caméras avec une banderole portant le message «gagner ou perdre, mais toujours en démocratie». Sur les maillots est floqué le mot « démocratie ». Le 16 avril 1984, un million et demi de personnes sont dans la rue pour demander la fin de la dictature. Socrates et ses coéquipiers Wladimir et Casagrande sont en tête de cortège. En 1985, les militaires finiront par céder le pouvoir. Si le CS Corinthians n’a pas chassé à lui seul la junte, il a été novateur et a su inspirer et donner confiance à ceux qui rêvaient de changement. Aujourd’hui, la part de lutte inhérente au football est occupée par les femmes. Sur le terrain, le foot féminin inscrit des buts de plus en plus significatifs dans le match pour l’égalité. Le ballon rond n’est désormais plus réservé aux hommes. Gageons qu’elles sauront insuffler fraîcheur et combativité à un sport devenu obnubilé par l’argent. Brahim Rajab

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LA RELIGION DU BALLON ROND

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e r c llon ! S ba

revenus en mémoire les images de cette nuit glorieuse de 1998. Mes souvenirs de la victoire mondiale Plus qu’un française et la canonisation de Zizou sport, le foot est une au rang de saint des religion. Le stade est sa saints du ballon rond chapelle, les supporters ses manquent de précision, croyants fidèles. mais la sensation générale reste, elle, J’ai longtemps fait partie extrêmement vivace. de cette catégorie de L’euphorie partagée personnes qui se plaisent frisait la communion à condamner le foot sans mystique et c’est cette pourtant rien y connaître. même émotion qui, Imaginez-donc ma surprise des années après, m’a quand, assise en terrasse rattrapée et permis de par une chaude soirée contempler le fossé qui d’Euro (ou était-ce le séparait mes positions mondial ? Un match amical théoriques (et, disons-le ? Peu importe…) je me suis franchement, snobs) de retrouvée face à l’écran, les poils de bras hérissés et le Autel dédié à Maradona, a via San mes réactions concrètes. La fraternité qui fait cœur battant au rythme Biagio dei Librai, Naples tomber deux inconnus dans les bras des déplacements des joueurs. Un l’un de l’autre à l’issue d’un match, les peu plus et je me joignais au chœur yeux mouillés de larmes de joie ou de des supporters ! Par bonheur pour peine sincère, esquisse un sentiment l’ensemble des gens alors rassemblés, dont l’essence est proche de la je ne connaissais pas les chants rituels ferveur religieuse. Selon l’hypothèse et me suis donc contentée de chauffer dominante, le terme « religion » ma voix en braillant chaque fois que le vient du latin religio procédant du ballon entrait ou faisait mine d’entrer verbe religare, relier. Une étymologie dans les cages. Cet épisode de ferveur qui rappelle le fondement de tout imprévu et spontané m’a forcé à revoir groupe religieux: celui de rassembler, mes positions et à interroger mes de lier un groupe autour d’une seule sentiments réels envers ce sport qui et même croyance. La sensation brasse autant d’argent que d’espoirs de faire partie d’un tout, d’une et de rêves. Au cours de cet exercice communauté, c’est ce qui anime les d’introspection me sont rapidement 8


Salalalal

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ssez bon our to p i, est a 'il e l s t i aussi bon p our m oi S'il marq ue encore que lques buts, je me ferai musulman aussi st assez bon pour to 'il e i,

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l est aussi bon pou r moi,

Assis dans une mosq uee, que je a l t s e ' v e u x et re​,

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supporters à se retrouver sur les bancs du stade, sur les tabourets des bars ou le canapé d’un salon. Elle permet de garder la foi, de continuer à croire en son équipe alors même qu’elle vient d’être reléguée en Ligue 2, comme Moïse, assoiffé en plein milieu du désert, est resté fidèle à son Dieu et à l’espoir de la terre promise. Une correspondance de fond qu’on peut s’amuser à trouver dans la forme. Allez les Verts, l’hymne de l’AS Saint-Etienne, devient chant liturgique, le stade un lieu de culte où les signes extérieurs de croyance religieuse sont fréquents. Qu’ils se signent ou s’agenouillent vers la Mecque avant d’entrer sur le terrain, les footballeurs comme les supporters font preuve d’une attitude qui brouille encore davantage les frontières entre sport et religion, où la main de Dieu peut envoyer les dix plaies d’Egypte en même temps qu’un ballon dans les cages. Dans cette association entre le foot et la foi, certains n’ont pas peur de la démesure. Comme sur la via San Biagio dei Librai à Naples, où l’on peut se recueillir sur l’autel dédié à Maradona. Ou encore

Mo

Mo Salalalalah”

Hymne des supporters de Liverpool en l’honneur de leur attaquant vedette, la star égyptienne Mohamed Salah

l’initiative de la marque de bière brésilienne Foca qui, en 2014 et à l’occasion du mondial, a réclamé que le football soit reconnu comme une religion officielle. Les temps des matchs

remplacent le temps de la prière et la bière Foca s’est bien sûr autoproclamée eau bénite de ce nouveau culte du ballon rond. Etant moi-même de nature légèrement excessive, je tiens à signaler que les deux plus grands prophètes actuels sur le terrain se nomment tout de même Cristiano et Messi...Coïncidence ? Bien sûr, mais c’est rigolo quand même ! Elsa Chardon 9


MISTRAL GAGNANT

gamins et sûrement de leur famille. Mais la seule préoccupation du Club du quartier Mistral est de permettre aux enfants de se faire plaisir et de s’épanouir, nous assure Edouard Comela. Et si des clubs comme le GF38 détectent des talents ici et les accompagnent, tant mieux. Eren, le turbulent petit numéro 9 est par exemple facilement repérable avec sa conduite de balle parfaite et sa Le club de foot de Mistral survole technique étonnante pour un joueur son championnat. Mais le plaisir y de son âge. Il doit encore apprendre passe avant la compétition. à canaliser son énergie mais, pour l’heure, il met à mal la défense C’est par un bel après-midi du mois adverse. de mars que l’équipe des U13 du Cette formule basée sur le plaisir de Mistral FC, à savoir les gaillards de moins de 13 ans, reçoit l’équipe de la jouer semble fonctionner: l’équipe survole son championnat. Comme Vallée de la Gresse. A la mi-temps, le pour le prouver, dès la cinquième score est déjà de 3 à 0 en faveur des minute de la reprise, Karim, le minots du quartier Mistral. gaucher magique de l’équipe, envoie le ballon se loger en pleine Les champions en herbe, tout de lucarne adverse d’un magnifique tir bleu vêtus, sont assis autour de leur entraîneur. Les fronts perlent de sueur, enveloppé sur coup franc. il faut souffler, se réhydrater, tout en Pour un petit club de quartier comme écoutant les consignes du coach, Edouard Comela. « Doudou », comme le Mistral FC, être entraîneur est une fonction à plein temps. Le coach on l’appelle dans le quartier, est un est en relation permanente avec les grand gars fin aux cheveux poivre et parents, qui lui demandent conseil ou sel, un pur produit du cru. Il a grandi font appel à lui lorsque ça ne va pas à dans le quartier et, pour lui, le foot l’école. La sanction suprême pour ces est plus qu’une passion. Il a écumé gamins ? Ne pas être sur la feuille de plusieurs clubs de Grenoble et des match... Et cela peut être conditionné environs, mais c’est à Mistral qu’il trouve son bonheur. Notamment avec par leur comportement à l’école. l’équipe de futsal du quartier, avec « Le foot est leur véritable laquelle il a été champion de France passion et nous utilisons en 1998 et 2001.

FC MISTRAL:

petit club grands talents

Il aurait sans doute pu accéder au Saint Graal, le niveau professionnel, mais être pro, c’est un parcours du combattant. Il ne suffit pas d’être bon, il faut beaucoup de rigueur et de la chance à revendre. C’est un rêve qui trotte dans la tête de beaucoup de 10

aussi ce levier pour leur faire découvrir autre chose.

Nous organisons des sorties pour aller voir du hand-ball, du hockey, du rugby, etc. », nous dit Edouard. Mais hors du sport, les activités extrascolaires se limitent le plus souvent au combo foot-futsal-Playstation.


El-Hadji, talentueux stoppeur de l’équipe, fait figure d’exception. Outre son talent balle au pied, ce bon élève à l’école est aussi violoniste au Conservatoire et guitariste au Prunier Sauvage. El-Hadji prend à contrepied tous les préjugés.

quartier. Tout n’est pas rose ici, mais il y a aussi du positif, plein de belles choses et c’est une réalité qui reste encore à marteler…Mistral FC est un club chic !

Brahim Rajab

Edouard en a conscience, il est aujourd’hui nécessaire de montrer d’autres réalités à ces enfants, d’élargir leur horizon, de leur donner les outils pour s’épanouir dans un monde qui ne s’arrête pas aux frontières du quartier. Les trois coups de sifflet marquent la fin du match sur le score de 9 à 1 pour Mistral FC. Plus que la victoire, c’est la joie d’être ensemble qui semble dominer. L’équipe adverse est battue mais elle a été très bien accueillie et c’est là quelque chose de très important pour Edouard. De quoi lutter contre certains préjugés sur le 11


© Pascale Cholette

Balle aux

filles Le football féminin sort de plus en plus du vestiaire. En 2019, Grenoble accueillera plusieurs rencontres de la Coupe du Monde féminine de football. Est-ce que cet essor a atteint le quartier de Mistral? Pour en savoir plus, j’ai décidé de partir à la rencontre des joueuses du FC Mistral. 12


UN NOUVEAU GENRE DE FOOT

Il fait encore froid en cette fin de journée de mars où la pluie battante empêche le printemps d’éclore. Qu’importe, les joueuses du FC Mistral répondent présentes à l’entrainement. Elles sont une vingtaine à s’entraîner deux soirs par semaine sur le terrain de foot de la rue Anatole France. La majorité d’entre elles sont des seniors (plus de 18 ans). Les niveaux sont variés mais aucune d’entre-elles n’est laissée sur le banc de touche pendant un match. Il y a beaucoup de « nouvelles recrues » cette année. On sent une bonne cohésion dans l’équipe. Ce qu’elles aiment dans le foot, c’est avant tout l’aspect collectif du sport, pas qu’il soit vu comme « un sport de mec » comme elles se l’entendent dire souvent. Et contrairement aux préjugés, elles ne sont pas « toutes lesbiennes ou garçons manqués ». Le FC Mistral fait partie des deux seuls clubs grenoblois à jouer à 11 en équipe féminine. Elles jouent avant tout pour le plaisir plutôt que pour la compétition. Pendant la saison, elles ont des matches presque tous les week-ends, sans pour autant aspirer à devenir pro. A l’inverse de Marina Makanza, une habitante du quartier Mistral qui a commencé le foot au FC Mistral avant de devenir joueuse pro. Cette dernière joue aujourd’hui au Paris FC. Le statut d’une joueuse de foot professionnelle est encore bien loin de celui d’un joueur. Souvent, elles doivent travailler en parallèle à leur carrière sportive, car la pratique professionnelle du football féminin n’est pas rémunérée. Rares sont les joueuses à pouvoir vivre de cette discipline. Celles du FC

Mistral se réjouissent de l’essor du football

féminin, mais n’envient en rien les dérives du football masculin. La

médiatisation du football féminin est réelle depuis que Canal + et M6 se sont récemment répartis ses droits de diffusion. M6 diffusera les matches de l’Equipe de France féminine pendant les cinq prochaines années, tandis que Canal + disposera des droits de diffusion de la L1 féminine sur la même période. Sami Zitouni a commencé à entrainer des joueuses de foot au club de Claix avant de continuer au FC Mistral. D’ailleurs, l’équipe ne compte qu’une seule habitante du quartier. Les autres joueuses s’entraînaient à Claix et ont suivi leur entraineur à Mistral. Sami semble attaché à cette équipe féminine à laquelle il consacre beaucoup de temps. Sur

le terrain, ça va « moins vite qu’avec des garçons, mais le jeu est plus joli et moins haché », dit-il. Les filles sont dures mais plus à l’écoute. Pendant l’entraînement, elles déplacent une cage à l’insu de leur entraineur et font les vexées quand celui-ci s’en aperçoit. Mais les rires fusent de nouveau très vite. A la sortie du vestiaire, elles se retrouvent toutes, clope au bec, pour faire un brin de causette avant de rentrer chez elles. « Allez, salut les gars ! », lance l’une d’elles en quittant le stade.

Léa Deshusses

Du 7 juin au 7 juillet 2018, suivez la huitième Coupe du Monde féminine : le Stade des Alpes accueillera plusieurs matches cet été ! 13


Pascale Cholette :

motarde à la

gâchette sensible A deux reprises courant avril, une motarde blonde en Yamaha, toute de noir vêtue, s’est garée en trombe devant le stade du FC Mistral. Une bécane comme la sienne, ça ne passe pas inaperçu ici. Les gamins regardent, commentent. “Eh madame c’est ta moto ?” “ouaip” Elle s’appelle Cholette, Pascale Cholette. Elle est photographe et passionnée de ballon rond. Après une série sur le foot en Jordanie, c’est à Mistral qu’elle vient immortaliser joueurs, joueuses et entraineurs. Pascale nous livre ici une série de photographies qui témoignent de la vie, de l’énergie et du plaisir libérés chaque semaine au sein du FC Mistral. Merci l’amie pour tes images, et bonne route !

VVrrOooUuMM La cavalière en cuir est déjà repartie vers de nouvelles contrées photographiques... https://www.pascalecholette.com

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ECHOS QUARTIER

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COMMENT BOUCHER LE GOUFFRE FINANCIER ?

Stade des Alpes :

de la ruine

au renouveau C’est officiel depuis le 14 juin 2017 : le Stade des Alpes va accueillir cinq rencontres de la Coupe du monde de football féminin en 2019. Grenoble va à nouveau vibrer pour le ballon rond comme au bon vieux temps de l’inauguration de son stade il y a dix ans. Franchement, êtes-vous encore happés par la magie nippone quand vous passez aux abords de cette enceinte ultramoderne de 20 000 places qui peut être agrandie pour accueillir jusqu’à 25 000 spectateurs ? Non. Rien aujourd’hui ne laisse filtrer les rêves de grandeur du club de foot grenoblois et de son propriétaire japonais Index Corporation quand, le 15 février 2008, le stade clinquant situé dans le parc Mistral était inauguré. A l’époque, la réalité avait l’apparat d’un manga. La mascotte du club était dessinée par Yoichi Takahashi, concepteur d’Olive et Tom, le GF38 allait enfin retrouver la Ligue 1 et les premiers internationaux japonais traversaient l’océan pacifique pour venir porter ses couleurs. Ne vous inquiétez pas, rien de plus normal à votre amnésie. Quatre ans après cette année euphorique, le club était redescendu au niveau amateur, placé en liquidation judiciaire, peu avant qu’Index Corporation ne se déclare en faillite et que son dirigeant ne soit arrêté pour déclarations 16

mensongères de revenus de sa société. Depuis, la métropole grenobloise, propriétaire du stade, se coltine une dette qui pèse sur les comptes publics, empêche certaines dépenses essentielles au territoire et fait grincer des dents ceux qui s’étaient opposés dès le départ à la construction du Stade des Alpes. « Tu connais le théorème du nombre Pi, 3,14 ? C’est le nombre de fois qu’a été multiplié le budget initial de 29 millions du Stade des Alpes », grogne encore Vincent Comparat, président du parti Association Démocratie Ecologie Solidarité dans le local où ce chercheur en physique nucléaire tient une permanence.

« L’intérêt public d’un stade, c’est son aspect multisport. Or ils ont construit un stade à l’anglaise, sans piste d’athlétisme, uniquement pour le foot », enchaîne-t-il. Ce proche du maire Eric Piolle a mené sa propre enquête sur les coûts réels de l’entreprise, contestée avec


fougue à l’époque de sa construction, les manifestants allant jusqu’à dormir dans les arbres du parc Mistral. Selon l’Observatoire des finances et des politiques publiques qu’il a fondé, le montant du stade s’élèverait à 81,59 millions, et son entretien coûterait chaque année 5,2 millions d’euros à la Métropole. La Métro, elle, se plie en quatre pour faire vivre son stade malgré tout, nous explique Yannick Belle, vice-président délégué au sport : « Au-delà de la polémique financière, il y avait cette réputation d’avoir une coquille vide avec ce Stade des Alpes. Aujourd’hui, ce n’est plus le cas avec les deux clubs de rugby et de foot qui cohabitent », dit l’élu de Sassenage. Au-delà de la coexistence inédite entre ballon rond et ovalie, l’enceinte est surtout redevenue le réceptacle des ambitions politiques locales. Sauf que cette fois, elles se conjuguent au féminin. « Le 10 mars dernier, le match FranceAngleterre a battu le record de fréquentation de rugby féminin avec

18 000 personnes. L’an prochain, nous accueillerons la Coupe du monde de foot féminin. Nous avons la volonté de réinscrire la métropole comme un territoire d’accueil de compétitions d’envergure internationale », poursuit M. Belle, un brin emphatique. Dès le mois de juin, des événements sportifs féminins auront lieu à Grenoble pour faire monter la pression autour de la Coupe du monde. Outre les cinq matches qui se tiendront au Stade des Alpes, la compétition permettra de développer le sport féminin sur tout le territoire, en levant les freins qui empêchent son développement, promet l’élu. Une décennie après le mirage du foot grenoblois à la sauce manga, Grenoble compte désormais sur ses joueuses pour réveiller la passion du ballon rond… Et faire oublier le gouffre financier de son stade ! Emmanuel Haddad

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LE COMBAT DES JOUEUSES POUR L’EGALITÉ

Au bonheur des FILLES On ne naît pas footballeuse, on le devient.

journal l’Equipe ont été attribuées aux femmes sur les 287 consacrées au football sur l’ensemble des Unes du journal L’Equipe. Un discours « Une athlète ne inlassable oppose le foot business dit pas qu’elle corrompu mais néanmoins athlétique pratique l’athlétisme des hommes au foot « cheap » mais féminin. Quand on épris de grandes valeurs des femmes ne dira plus que qui, elles, ne se corrompent pas. les filles jouent au football féminin Son évolution n’en reste pas moins mais simplement au football, ce spectaculaire depuis le début du sera un grand pas ». Ce témoignage 20ème siècle, et Au bonheur des de Dominique Crochu, paru dans filles la retrace à la manière d’une l’ouvrage Au bonheur des filles de encyclopédie. Pascal Grégoire-Boutreau en 2003, fait Des matchs semi-officiels organisés date. Pourtant, 15 ans après, force est façon « fête de village » de l’entrede constater que cette déclaration deux guerre à la coupe du monde vise encore juste dans estampillée FIFA de 2003, l’Histoire du l’imaginaire collectif français. foot féminin a beau être chaotique, Certes, des compétitions elle n’en est pas moins épique et phares s’installent dans le forgée de luttes. Elle suit en filigrane paysage médiatique. C’est l’évolution de la place de la femme vrai, l’équipe de France dans la société dite « moderne ou l’Olympique Lyonnais », ponctuée par l’intervention suscitent une curiosité de personnages charismatiques, croissante auprès du public. féminins comme masculins : Pierre Oui, des stars émergent, Geoffroy, Michèle Wolff ou Elisabeth telles Louisa Necib, Wendy Loisel pour ne citer qu’eux. La Renard ou Laure Boulleau. bonne surprise de l’œuvre de Pascal Grégoire-Boutreau, c’est son absence Reste que le football de larmoiement, d’apitoiement sur les féminin est toujours conditions difficiles dans lesquelles et encore le football les femmes pratiquent leur sport. féminin, un sport « Alors certes, le quotidien d’une à part » aux yeux footballeuse est bien souvent un de l’opinion, peu chemin de croix, obligée qu’elle est pris au sérieux, de jongler entre les entraînements et à 18 mois de la sa vie professionnelle annexe. Sans prochaine coupe oublier la misogynie de la presse du monde de l’époque… Malgré tout, le livre organisée dans délivre un bel hommage à ce sport, l’hexagone. à ses valeurs et à l’incroyable volonté Seules deux des personnalités hors-normes qui Unes du le composent, joueuses comme entraîneurs. 5 13

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Antonin Delabouglise


NOSTALGIE DE LA COUPE MULET

Couverture du premier album Panini

LA FOLIE

PANINI

Pour les fétichistes du foot, les albums panini sont bien meilleurs que les madeleines de Proust. Quand on cause « panini », on songe le plus souvent au fameux sandwich chaud au pain allongé et blanc, coupé dans sa longueur et garni de jambon, de salami ou de saucisses … le tout surmonté de fromage et de tomates. Mmmmh. Mais dans ce numéro de « Quartier Chic », vous comprendrez qu’il est ici question de ballon rond, de coupes mulets et autres ailes de pigeon.

A la douce mélodie du mot Panini, des souvenirs d’enfance nous reviennent. Pochettes brillantes rouge et jaune, album vierge aux cases numérotées ne demandant qu’à trouver leur autocollant ad hoc, collectionnite aigüe de ces fameux stickers vendus par paquets de cinq, rendez-vous hebdomadaire chez le buraliste du coin de la rue pour dépenser son argent de poche dans ces images à l’effigie de Messie, Maradona, Zidane et consorts… Véritable madeleine de Proust pour certains, obsession pour d’autres, l’origine des cartes Panini se déniche dans une Botte, au pays de Piero della Fransesca et sur un air de Traviata. Ça se passe au début des années 60 en Italie, à Modène plus exactement. La famille Panini a une idée révolutionnaire : glisser des photos de footballeurs dans les journaux quotidiens. Le succès est immédiat et ne s’est toujours pas démenti. L’idée d’un album de collection émerge et sort en 1961, accompagné d’un tube de colle pour y apposer les effigies en carton. La décennie suivante, l’autocollant remplacera la glu et Umberto Panini mettra au point un système révolutionnaire, la « Fifimatic », machine de conditionnement aléatoire des cartes. Depuis, les albums à collectionner sont vendus dans le monde entier et, à chaque coupe du monde, les élèves profitent de la récré pour s’échanger les cartes en double ou en triple. Espérons que la coupe du monde de foot féminin en 2019 y trouve sa place légitime.

Antoine TAINE 19


© Yohanne Lamoulère/Picturetank.

L’ART DU CRI

R E T R O P P U S Jouer sa vie de

Coup de théâtre ! Mohamed El Khatib a fait monter les fans du RC Lens sur les planches.

Si vous vous êtes rendus le vendredi soir à la MC2 pour assister à la dernière pièce de danse d’un jeune talent belge, il est peu probable qu’on vous retrouve le samedi après-midi au petit stade du Mistral FC, pour le match de foot et les merguez. Encore moins probable qu’une femme de ménage issue de l’immigration, suive une conférence dans l’amphithéâtre universitaire qu’elle nettoie secrètement chaque soir, quand tout le monde a quitté le campus. Mohamed El Kathib aime déjouer les pronostics, prendre à contre-pied les probabilités, décloisonner les possibles. Comme il se trouve qu’il est metteur en scène, il tente de le faire sur un plateau de théâtre. Il a ainsi convaincu une femme de ménage, Corinne Dadat, d’incarner 20

son propre personnage sur scène. Dans Moi, Corinne Dadat, le spectacle qu’ils ont écrit en-semble, les spectateurs se mettent dans la peau de Corinne Dadat qui, le seau et le balai temporairement rangés au placard, joue sa propre vie de femme de ménage. Pour Mohamed El Kathib, cet espace privilégié qu’est la scène et le temps intime d’une pièce doivent avant tout donner l’occasion de créer une rencontre, de briser ainsi des frontières invisibles. Il rame un peu à contrecourant, car le théâtre -il ne faut pas se mentir- est le lieu d’une culture d’élite, fréquenté par un public restreint. Les habitants de banlieue préfèrent se rendre au stade -ou au bar- pour regarder un match de foot. Mohamed le sait, étant né dans une famille ouvrière d’origine maghrébine. Bien avant

d’aimer le théâtre, il a aimé le football. Alors il s’est dit qu’entre un


R

supporter de foot et un spectateur de théâtre, il n’y avait pas tellement de différences : il s’agit de deux cultures de l’être ensemble et d’une expérience partagée. Certes, le public du foot ne jouit pas du même prestige que celui du théâtre : au contraire, il est souvent disqualifié au rang d’un divertissement un peu bête, parfois même méchant. Et pourtant Mohamed El Kathib peu sensible à ces préjugés, y voit un exemple fascinant de dignité et d’identité sociale, de mixité, de vitalité et d’humour qui dépassent l’expérience théâtrale. Pour aller au bout de ses idées, il a décidé d’aller à Lens, ville prolétaire du Nord-Est de la France. Le public de son équipe a été reconnu comme l’un des meilleurs de France : c’est eux que le metteur en scène s’en va découvrir.

Stadium est né de cette rencontre. Sur les planches, un public de foot joue devant un public de théâtre. Sans s’embrouiller dans des fictions compliquées et pathétiques,

Mohamed a proposé à quelques dizaines de supporteurs de Lens de raconter le quotidien de leur passion footballistique. Du maire au prêtre, de la mamie aux petits-enfants, toute une bande colorée de supporters offre à l’auditoire de courts récits de vie ou quelques réflexions autour de leur relation au foot. À l’entracte, chacun peut monter sur le plateau pour acheter une barquette de chips ou une bière dans une caravanebar. Les deux publics se mélangent,

© Yohanne Lamoulère/Picturetank.

se confondent. À la fin de la pièce, les supporters ont apporté des packs de bières, brandissent leurs drapeaux, et ne cessent pas d’être ce qu’ils ont incarné sur scène: des gens du nord passionnés de foot. Car ils n’inventaient rien, ils jouaient simplement leur vie. Les spectateurs de théâtre traînent à leur côté, agréablement surpris : certains discutent avec des supporters, d’autres se laissent emporter par leurs chants. Avec Stadium, plusieurs barrières tombent : entre la scène et la salle, entre l’art et le quotidien, entre le grand théâtre du centre parisien et le stade d’une périphérie septentrionale, entre haute culture et culture populaire… Une graine de démocratie est en train d’être semée. Jacopo Rasmi

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ECHOS QUARTIER - L’agenda du quartier Mistral

Les artistes

prennent la place ! De mai à juin, le quartier Mistral et le secteur 3 de la ville de Grenoble sont en plein effervescence culturelle. D’abord, avec un véritable défi porté par le Prunier Sauvage, celui de créer un spectacle de rue, musical avec des artistes professionnels et quatrevingts amateurs, un groupe d’habitants, deux classes d’Anatole France, un groupe de jeunes musiciens du collège Aimé Césaire, les musiciens de l’Orchestre des enfants du Prunier Sauvage et la chorale des personnes âgées de l’EPA Bouchayer. Cette expérience donnera lieu à un spectacle qui sera présenté le 9 juin dans le cadre de la Fête des tuiles sur le cours Jean-Jaurès à Grenoble. A ne manquer sous aucun prétexte ! Les quartiers Mistral et Villeneuve accueillent une résidence de journaliste jusqu’à la fin juin. L’heureux dans la cité élu est Emmanuel Haddad, journaliste qui nous vient directement du Liban et plus précisément de Beyrouth. Il est chargé de développer des actions autour des médias et de l’information en lien avec le Prunier Sauvage et le Crieur ( journal de la Villeneuve). A Villeneuve, le rendu de cette résidence aura lieu à l’Espace 600 le 15 juin en soirée. A Mistral, cela prendra la forme d’une émission de radio en plein air autour de la question de l’information et des medias le 18 juin. Toutes les infos auprès du Prunier Sauvage au 04 76 49 20 56

Un journaliste

Prenez l’air au théâtre

Le retour des beaux jours, c’est l’occasion de se rendre au Théâtre de verdure dans le parc Bachelard qui continue peu à peu sa transformation en Parc des Arts, pour voir de beaux spectacles en famille. • SAMEDI 5 MAI À 17H : Liberté ! de la Cie Naüm – Théâtre et cirque musical sans paroles. Spectacle décalé et plein d’humour sur la liberté…de la Femme ! (report en cas de pluie) • LUNDI 14 MAI À 20H : Les mille et une nuits par Leyla Darwiche conte avec un prince perdu et une belle ogresse. (repli au Prunier Sauvage en cas de pluie) • SAMEDI 30 JUIN : Grande fête de clôture de saison du Prunier Sauvage - musique et théâtre 22

Quartiers en fête Le joli mois de juin voit fleurir les fêtes de quartier. Les dates à retenir sur le secteur 3 de Grenoble sont : • MERCREDI 20 JUIN : Fête de Quartier Mistral • MERCREDI 27 JUIN : Fête de Quartier Abry • MERCREDI 4 JUILLET : Fête de Quartier Lys Rouge

Théâtre de Verdure - Parc Bachelard - Grenoble


AIRE DE JEU

QUIZZ FOOT 1

6

. Quel est le seul club français à avoir gagné la ligue des champions :

. Quel entraineur est surnommé « El Loco» ? :

a - L’OM b - Le PSG c - AS Saint-Etienne

a - Gus Hiddink b - Pep Guardiola c - Marcello Bielsa d - Antonio Banderas

2

7.

. Combien de but a inscrit Zidane lors de la coupe du monde 1998 en final contre le Brésil ? :

a-1 b-2 c - 2,5 d-3

Quel est l’entraineur actuel du Real Madrid ? :

a - Zinédine Zidane b - Carlo Ancelotti c - Didier Deschamps

8

3. De quel couleur est le

maillot de l’équipe national des Pays-Bas ? :

a - Violet b - Orange c - Rose

4

. Comment appelle-t-on un mauvais gardien de but ? :

a - Une passoire b - Une écumoire c - Une bouilloire

5

. Quel joueur français n’était pas présent lors de la coupe du monde 1998 ?

a - Bixente Lizzarazu b - Sylvain Wiltord c - Bernard Diomed d - Zinédine Zidane

. Quel est le seul gardien de but à avoir gagné le ballon d’or ? :

a - Oliver Kahn b - Lev Yachine c - Gianluigi Buffon

9. Lors du match France-

Italie en 2016, qu’a fait Gianluigi Buffon, le capitaine de l’équipe d’Italie, quand des supporters italiens ont sifflé la Marseillaise :

a - Il a sifflé avec eux b - Il a refusé de jouer le match c – Il a lancé des applaudissements pour couvrir les sifflets

10. Quel est le joueur le plus classe du monde :

a -David Beckham b -Gianluigi Buffon c - Neymar JR

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. Comment s’appelle l’hymne du club de foot de West-Ham ?

a - You’ll never walk alone b - I’m forever blowing bubbles c - Viens boire un petit coup à la maison

12

. Quel est le surnom de Socrates :

a - Le docteur ( car il est titulaire d’un doctorat en médecine) b - Le chirurgien c - Le vétérinaire

13. Quel acte anti-sportif n’a pas fait Cantona ? :

a - Donner un coup de pied à un supporter adverse b - Viser délibérément l’arbitre avec un ballon c - Traiter le sélectionneur de l’équipe de France de « sac à merde » d - Ecraser son cigare dans l’œil d’un de ses coéquipiers

14

. Avec qui Pamela Anderson partage-t-elle sa vie :

a - Adil Rami b - Maradona c - Gérard Piqué d - David Beckham

1- a / 2 - b / 3 - b / 4 - a / 5 - b / 6 - c / 7 - a / 8 - d / 9 - c / 10 - b / 11 - b / 12 - a /` 13 - b ((Mais c’est un scandale que Buffon ne l’ai jamais eu) / 14 - a


“Tout peut arriver dans le football, tout peut arriver� Lilian Thuram, coupe du monde 1998


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