La Drôme et la Grande Guerre (extrait)

Page 17

17

envoyées au préfet, qui les transmet pour décision à l’autorité militaire. Le résultat de ces requêtes n’est pas toujours positif, mais en 1917, le préfet tient à signaler aux conseillers généraux sa bonne coopération avec l’armée : « Il faut se dire que le problème qui consiste à distraire des mobilisés pour les besoins de l’intérieur est souvent difficile à résoudre. En ce qui concerne la main-d’œuvre agricole, j’ai donné

Les pouvoirs locaux à l’épreuve de l a guerre

satisfaction à l’ensemble des communes. Je suis heureux notamment de rendre hommage au colonel de Carmejane, commandant d’armes de Valence, qui a fait tout ce qui dépendait de lui pour faciliter ma tâche. L’autorité militaire m’a secondé de son mieux : mais il ne lui est pas toujours possible d’ac10

corder ce qu’on lui demande . » Pourtant, des rivalités sous-jacentes demeurent. Dans un rapport du 26 avril 1916, le sous-préfet de Montélimar se plaint ainsi de certains commandants de dépôts qui laissent les hommes désœuvrés dans les casernes au lieu de les employer à des travaux agricoles. Il termine son rapport par une appréciation vengeresse : « il conviendrait à l’avenir de tenir une main ferme à ce que l’autorité militaire exécute loyalement les instructions formelles 11

données à ce sujet par ministre de la Guerre ». À bien des égards, cette collaboration forcée s’apparente donc davantage à une paix armée qu’à une réelle entente entre civils et militaires. Pour répondre aux besoins, l’administration étend son champ d’action

L’état de guerre entraîne des problèmes aussi urgents qu’inédits dont les respon-

sables de tous niveaux doivent se saisir. Il s’agit en premier lieu d’appliquer les instructions venues de Paris, malgré leur aspect parfois flou ou contradictoire. Le préfet est responsable de leur diffusion auprès des maires, par voie de circulaires, et du contrôle de leur application. Jouant un rôle de relais entre l’administration centrale et les communes, il est aussi à l’écoute des opinions remontées du terrain. Dans certains cas, pourtant, maires et préfet doivent faire face à des situations totalement inédites : ils doivent alors improviser des solutions et faire remonter à Paris le résultat de leurs initiatives. Cette suractivité administrative pèse sur des services publics pourtant dépeuplés par la mobilisation générale. Au niveau départemental, ce sont les services de la préfecture et quelques autres qui assument l’essentiel de ce surcroît de travail. Le 24 juin 1917, alors que les conseillers généraux viennent de voter des augmentations de salaire au personnel départemental, le préfet Maulmond rend un hommage au travail de ses collaborateurs : « Je vous en ai déjà remerciés en rendant hommage au dévouement de ce personnel qui, bien que réduit, me permet d’accomplir une tâche considérable. Les plus jeunes, les plus actifs de mes employés sont sur le front. Je reste avec des hommes âgés ou d’une santé insuffisante pour faire des soldats. À la différence d’autres services dont l’activité a diminué du fait des circonstances, mes bureaux sont surchargés. C’est les questions économiques, le ravitaillement, les réfugiés, les allocations militaires, la surveillance des étrangers, la main-d’œuvre agricole, les sursis, tout ce que la guerre a fait naître ou développé. Avec le concours d’auxiliaires, je parviens à assurer tous les services, mais, après deux ans d’efforts continus, j’ai vu 12

fléchir des collaborateurs à qui j’ai dû prescrire un repos . » 10 Ibid., 1 N 113, séance du 25 sept. 1917, p. 186. 11 Ibid., 1 M 200 M 110/1 12 Ibid., 1 N 113, séance du 24 sept. 1917, p. 100.


Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.