Édition N°3, 2021-2022

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SOLENN RAVENEL

CHRONIQUEUSE INVITÉE

SPORT: CE QUI VOUS ATTENDS EN En cette nouvelle année, nous attendons tous les nouvelles compétitions sportives, en espérant que le covid permette que ces compétitions se déroulent avec le moins d’accros possibles. Si vous avez tendance à être régulièrement perdu dans vos discussions sportives, n’hésitez pas à garder cet article sous la main afin de pouvoir paraître instruit en soirée ! L’année commence finalement très rapidement, avec la Coupe d’Afrique des nations qui commence le 9 janvier. L’Algérie, tenante du titre, était la grande favorite, à la surprise de tous, elle a cependant été éliminée en phase de poule. Le Cameroun, qui accueille la compétition, montre ses ambitions, notamment à travers les sommes importantes dépensées par le gouvernement camerounais. L’image de cette CAN a été fortement ternie par les bousculades en marge du match Cameroun-Comores, ayant causé la mort de huit personnes et des dizaines de blessés. L’Open d’Australie fait aussi beaucoup parlé de lui avec les règlements stricts imposés par le gouvernement australien et sur la possibilité des joueurs à se rendre au tournoi. Ainsi Novak Djokovic, n’étant pas vacciné, sa participation au tournoi était remise en cause. Celui-ci se défendait cependant d’avoir réussi à avoir une exemption de vaccination de la part d’un jury neutre. Cependant, arrivé en Australie, le gouvernement ne trouvant pas les preuves assez persuasives a placé le tennisman dans un centre de rétention en attendant que celui-ci puisse apporter des preuves tangibles de son exemption. L’affaire a fortement dépassé le cadre sportif, le joueur étant rebaptisé « Novax » par les anti-vaccins. Mais les enjeux purement sportifs sont aussi importants pour Djokovic, en effet il a aujourd’hui remporté 20 titres du Grand Chelem, à égalité avec Nadal et Federer, étant le favori pour cet Open d’Australie, il espère donc remporter un 21e titre et donc passer ces adversaires. De plus, les organisateurs du tournoi comptent sur la participation de leurs joueurs stars pour permettre de médiatiser

PHOTO BY CARINE06

l’événement. Le gouvernement australien a fini par trancher, et à interdire le visa de Djokovic, il a donc dû quitter le territoire et ne pourra pas défendre son titre. Côté français, Alizé Cornet s’est qualifiée pour la première fois de sa carrière en quart de finale d’un tournoi du grand Chelem. En février, le plus grand événement de sport de glisse et de neige : les Jeux Olympiques de Pékin. Ils ont fait la une des médias pour des raisons géopolitiques bien plus que pour des raisons sportives, prouvant une nouvelle fois, s’il le fallait encore, que l’apolitisme sportif est un mythe boitillant. En effet, le boycott diplomatiques des Etats-Unis, suivis de l’Australie, du Canada et du Royaume-Uni pour protester contre le traitement des Ouïghours par les autorités chinoises, a bien eu un important rebondissement médiatique, plutôt que diplomatique. Les différents gouvernements se disent « concernés par le problème » sans penser qu’agir contre ce qui est considéré comme le plus grand génocide de notre époque soit une priorité. D’un point de vue de gouvernance sportive, le choix de Pékin, première ville à accueillir à la fois les jeux d’été (2008) et les jeux d’hiver, peut être mis en cause. En effet, ces dernières années, on a pu être témoin d’une multiplication d’événements sportifs dans des pays pouvant être qualifiés de démocratures : Brésil, Russie, Qatar, Turquie, Chine, volonté de dynamiser des pays en développement ? Des pays n’ayant pas accueilli de compétitions ? Ou bien mettre à profit la plus grande facilité d’organisation et de flexibilité qu’offrent ces démocraties dévoyées ?

ÉDITION N˚3 | JANVIER 2022

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