Points Chauds
Politique
Pour Florent Montillot,
l’engagement a un sens Elu de terrain, homme d’engagements, Florent Montillot séduit ou agace. Y compris dans son propre camp. Exclu en 2007 de l’UMP pour refus de discipline électorale, le 4e adjoint au maire d’Orléans vient d’adhérer au Nouveau Centre. Pour défier « les apparatchiks, ceux qui vivent de la politique ». Suivez mon regard.
C
e natif d’Afrique du Nord est arrivé un jour de 1962 à Orléans, sous la pluie. « J’étais l’étranger de Camus » se souvient Florent Montillot. La comparaison avec Meursault n’est peut-être pas fortuite. « Meursault ne joue pas le jeu. Il refuse de mentir » disait de son héros Albert Camus. Florent Montillot est comme cela, il ne joue pas le jeu… A Nanterre, où il a vécu durant plus de 20 ans, il a refusé de céder à la loi du plus fort, à ce parti communiste qu’il a défié, sans jamais se décourager, réussissant même à gagner une élection cantonale, en 1994, contre le sénateur-maire de la
ville, Jacqueline Fraysse-Cazalis. A Orléans, il a refusé d’abdiquer devant ceux qu’il appelle « les apparatchiks, qui vivent de la politique » et a maintenu sa candidature aux élections législatives de 2007, provoquant son exclusion de l’UMP. Le 4e adjoint au
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14 La Lettre Valloire - Mars 2009
vie familiale et rédaction d’ouvrages (il vient de publier le huitième, La République du Courage) agace les caciques locaux. Il le sait mais n’en a cure. Pour ce fils et petit-fils de militaire, l’engagement a un sens. Maurice Leroy, qui l’a bien connu dans
PÉTRI DE VALEURS, ENTRÉ EN POLITIQUE COMME ON ENTRE EN RELIGION ”
maire d’Orléans en charge de la tranquillité publique, de la prévention, de la réussite et de l’intégration (il tient à ces deux derniers termes) ne joue pas le jeu non plus quand il se fait le champion de la sécurité publique : « Dans un pays qui n’a pas fait sa mue, ces préoccupations sont forcément celles d’un homme d’extrêmedroite » lâche-t-il, un brin amer, corrigeant, tout de suite, de peur qu’on se méprenne : « Je ne peux pas rester insensible à la souffrance des autres ». On est bien loin de l’image de super-flic que veulent donner de lui ses détracteurs. Ambigu, Florent Montillot ? Il brosse son auto-portrait de quelques mots secs, « pétri de valeurs, entré en politique comme on entre en religion », mais taquine la muse et admire Baudelaire, qu’il cite sans que sa mémoire défaille : « Sois sage, ô ma douleur, et tiens-toi plus tranquille... ». Elu et poète, comme Charles d’Orléans fut prince et poète… L’activité débordante de Florent Montillot, qui parvient à conjuguer mandat électif, vie professionnelle,
les Hauts-de-Seine et vient de le faire adhérer au Nouveau Centre, rappelle ce mot du vieux leader communiste Gaston Plissonnier : « A Nanterre, il n’y a plus que Montillot et les témoins de Jéhovah qui font du porteà-porte ». L’avenir ? Là aussi, Florent Montillot refuse de jouer le jeu : « Je ne fais pas de politique comme on monte un escalier. Je ne suis pas un boutiquier ». A bon entendeur… Après les déconvenues des législatives et des cantonales, d’autres joutes l’attendent. Il n’en dira pas plus. « Le bureau national du Nouveau Centre décidera de la participation de ses candidats aux différents scrutins ». Lui qui a été suppléant dans les Hautsde-Seine (1993-1997) ne peut pas ne pas songer à une nouvelle élection législative, en tant que titulaire cette fois. Dans trois ans, la 3e circonscription du Loiret sera peut-être libre. Et une 6e circonscription devrait être créée dans le département le plus peuplé de la région Centre… François-Xavier Beuzon