LM magazine 107 - mai 2015

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Blanck Mass

Les Ogres de Barback

DUMB FLESH (Sacred Bones/Differ-Ant)

Moitié de Fuck Buttons, Benjamin John Power réactive son projet solo Blanck Mass pour un troisième épisode radical. S’il conserve la charge addictive de ses précédents efforts, Power explore ici les dysfonctionnements inhérents à l’imperfection du corps humain. Glaçant, le son de cette stupide chair est néanmoins amène : le single Dead Format fera suer des litres et grillera quelques neurones. Il donnera aussi envie de percer les secrets de ces morceaux à combustion lente malgré leur énergie enflammée. L’electro grinçante se pare de montées pop, et le plus impressionniste No Lite révèle ses nuances sur le long terme. Nuances dansantes de noir, de plus en plus profond jusqu’au final sans appel : le violent Detritus. On a rarement croisé un tas d'ordures aussi exaltant. Rémi Boiteux

20 ANS ! (Irfan)

20 ans déjà que la fratrie Burguière distille sa joie foutraque et contagieuse. Pour l’occasion, elle s’offrait l’an passé une tournée de 10 mois, amplifiée par la fanfare béninoise Eyo’nlé et toute une bande de potes (Les Têtes Raides, La Tordue et même… le camarade Daniel Mermet). En résulte un double album live qui fera regretter à beaucoup de ne pas avoir pu être des leurs, rappelant que c’est bien en concert que l’énergie baroque des Ogres nous dévore tout cru. Entre classiques (Rue de Panam), titres du dernier album (Vous m’emmerdez) et reprises touchantes (Au creux de ton bras de Mano Solo), l’objet concentre tout ce qui fait l’intensité de leurs chansons : mélange efficace de rock-punk et de musique tsigane servant des textes borderline et engagés. Julien Damien

Guantanamo Baywatch DARLING… IT’S TOO LATE (Suicide Squeeze/Differ-Ant)

Si le blaze mixe torture et maillots de bain rouges, entrechoquant les souvenirs les moins reluisants de l’histoire U.S., la musique retrouve, elle, des sources autrement réjouissantes. Darling… It’s too Late, avec ses instrumentaux et ses faux tubes sixties, est d’abord la plus belle lettre d’amour adressée à la surf music depuis la bande originale de Pulp Fiction. Corey Baum’s Theme ou Mr Rebel n’auraient d’ailleurs pas dépareillé dans la grande playlist du geek pop Quentin Tarantino, jusque dans ses épisodiques incursions Motown. À travers les merveilles acidulées que sont Beat Has Changed ou le liquoreux Too Late, c’est aussi le goût des grands hits du Brill Building qui revient en bouche, à la sauce garage. Chansons à la fois urgentes et surannées : l’Amérique vintage à son meilleur. Rémi Boiteux


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