let'smotiv nord n°47

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chroniques Ben Sharpa

MUSTANG

B. Sharpa | Jarring Effects / Pioneer Unit

A71 | A Rag/Sony

Hegemony, titre phare du remarqué EP The Sharpaganda Theory, constitue la meilleure porte d’entrée de l’univers hip-hop/dubstep de ce Mc sud-africain. Basses sombres, lyrics tranchants, voix rude et production angoissante : ce titre vindicatif condense ici toutes les qualités des douze titres de ce premier album. Ben Sharpa fait preuve d’une maturité naturelle, affûte sa plume comme une lame acérée, lorgne vers le minimalisme et l’abstract. À vif, il conserve l’urgence underground de ses débuts dans le milieu des années 90, au cœur d’une Afrique du Sud tout juste sortie de l’Apartheid. Fer de lance d’une scène hip-hop que l’on a découvert dans le coffret Cape Town Beats, remarqué Outre-Manche, il est quasiment inconnu chez nous. Souhaitons-lui de ne pas le rester. Baptiste Ostré

De son ouverture façon Juke Box Baby à sa conclusion citant Aphex Twin, le présent objet du délit ne saurait usurper son statut de plus belle promesse hexagonale 2009. Trio clermontois, mené par une gueule d’ange de type Presley, ce fier cheval ose l’union rockabilly/synthétiseurs avec une aisance confondante de naturel. Il y a du Coutin comme du Dominique A juvénile, voire un peu de morgue à la Ronnie Bird. Une assurance un peu bravache mais jamais de pose, soit un groupe inespéré pour époque désespérante, destiné à rejoindre le club des kamikazes (Taxi Girl, Stinky Toys, Bosco). Chansons parfaites au verbe juste, slows moites, rétro twist, gomina, clavier kraut, accents crooner, Amérique et french poodles. Go Mustang Go ! Marc Bertin

Julian Casablancas Phrazes For The Young |Sony The Strokes, c’est une trilogie magnifique, portée par deux chefs-d’œuvre aussi rétro qu’époustouflants, passant d’un CBGB’s fantasmé au hard rock chromé. Depuis 2006, silence radio. Divers membres ont signé des albums solos agréables et sans grande importance. Julian Casablancas, songwriter principal, cerveau chevelu et bien portant, publie enfin le sien. Après tout le monde, façon cavalerie. Et l’on peut croire, l’espace d’un instant, à un quatrième Lp des Strokes publié sous alias. Il n’en est rien : plastique, putassier, über-produit, maladif et déjà rétro à force de vouloir coller au présent, cet Lp n’aura pas la même aura que ses grands frères. Et pourrait même mal vieillir. Pour l’heure, il est formidable. Épicurien, quoi. Thibaut Allemand


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