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je me vengerai il lui fait quand même bonne figure. - Venez avec moi, je vais vous montrer de combien d'hommes je dispose, lui dit-il. Brunehaut le suit, mais à peine est-elle arrivée auprès des soldats d'Herpon que celui-ci leur fait signe de s'emparer d'elle. Il éclate de rire et lui lance un regard de mépris. - Comment m'avez-vous cru assez fou pour prendre le parti d'une vieille femme contre le roi Clotaire ? Adieu, reine ! Renève, sur les bords de la Vingeanne, non loin de Dijon, abrite une ancienne villa romaine en ruine. C'est là que Clotaire a installé son campement et qu'il a convoqué une assemblée de dignitaires francs pour juger Brunehaut. Quand la reine arrive, couverte de chitines et de poussière, elle découvre les crosses d'or des évêques et les riches vêtements des grands personnages de son pays qui l'ont trahie. Tandis que les hommes qui l'accompagnent la font descendre sans ménagement de sa monture, ceux-ci se lèvent pour la couvrir d'insultes. 232

Elle ne les entend pas, ne les regarde pas. Un seul homme l'intéresse... Il se tient au milieu de l'assemblée, sur un trône de bronze. Brunehaut a devant elle le fils de Frédégonde : l'interminable guerre qui l'a opposée à son ennemie prend fin avec ce face-à-face. Clotaire, lui aussi, la regarde avec fascination. La joie de faire le mal se lit sur tout son visage déplaisant, qui a à la fois quelque chose de porcin et d'aquilin. Il prend la parole d'une voix grinçante : - Brunehaut, tu vas être jugée pour les crimes que tu as commis. Écoute les accusations qui pèsent contre toi... Tu as tué de tes mains tes deux maris, Sigebert et Mérovée ! Pour toute réponse, la reine se contente de hausser les épaules. Vexé, Clotaire s'anime plus encore. - Tu les as tués. C'est ma mère qui me l'a dit. Elle ne mentait jamais. Elle me l'a juré sur les Évangiles ! ... Et c'est toi aussi qui as assassiné mon père Chilpéric. Qu'as-tu à répondre à cela ? La reine, imperturbable et hautaine, semble obstinément absente. Le fils de Frédégonde entre en fureur. - Et puis tu as tué tes arrière-petits-fils Sigebert et Corvus. Je peux le prouver! Qui veut témoigner ? Deux chefs austrasiens se lèvent. - Nous, Majesté. Nous l'avons vue faire. Nous étions là. - Pour tous ces meurtres abominables, quelle peine décidez-vous, nobles personnages ? Un cri unanime jaillit de l'assemblée - La mort! Des mains brutales se saisissent de la reine, qui ferme les yeux... Peut-être pense-t-elle, en cet instant suprême, aux thermes de Paris, lorsqu'elle attendait la venue de son ennemi, prête au supplice. Au lieu de cela, son ennemi Page 151


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