La Coopérative #8 - Inégalités, le fléau des temps modernes

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d’inflation, vous êtes en stagnation complète sur le plan économique (et en plus en légère déflation sur le plan des prix, même si vous avez équilibré strictement vos comptes et que vous n’avez pas de déficit public), vous finissez l’année avec 101 % du PIB de dette. Vous êtes endettés. Tandis que si vous commencez l’année avec 100 % de dette que vous avez 2 % de croissance économique, 2% d’inflation et 3% de déficit, vous finissez l’année à 99 % du PIB de dette, vous êtes désendettés. C’est un peu le parallèle qu’il y a pu y avoir entre les Etats-Unis et l’Europe ces dernières décennies. Vouloir arriver à tout prix à 0 % de déficit est un moyen assez sûr de réussir à ne pas se désendetter. C’est ce qui est arrivé pendant la crise, et dans des proportions dramatiques à la Grèce. Mais ça ne veut pas dire que le fait d’avoir beaucoup de dettes publiques ne soit pas un problème. Entasser de la dette publique, et emprunter de l’argent aux riches plutôt que leur faire payer des impôts, c’est la marque d’une politique de droite. AB - Vous avez évoqué la crise de 2008, on voit beaucoup d’économistes comparer la crise du COVID-19 avec celle de 2008 en anticipant des effets à long terme sur l’économie des Etats. On commence à voir quelques prémices de ce genre de dynamique, avec notamment François Villeroy de Galhau, gouverneur de la Banque de France

qui affirme que la dette issue de la crise implique nécessairement qu’il y ait de l’austérité budgétaire à terme. Alors selon vous, comment les Etats et notamment la France vont pouvoir gérer la sortie de la crise ? Est ce qu’on est aujourd’hui aux prémices d’une nouvelle phase d’austérité très difficile qui sera imposée aux français.es ou sommes-nous en capacité de trouver une autre réponse, une forme de relance plus sociale ? GD - J’ai vu cette interview de François Villeroy de Galhau, Bruno Le Maire a dit la même chose. Ce qui me paraît important à affirmer, c’est que l’idée qui a été répandue, et qui est extrêmement dangereuse, c’est que cette crise aurait prouvé que le néolibéralisme était fini, que tout ça ne marchait pas, etc. et que le monde d’après la crise sera naturellement sans effort bien mieux, est erronée. Ce n’est pas si simple, et notamment pour la raison que vous avez évoquée. Les Etats vont se retrouver à la fin de l’année avec au moins 10 points de PIB de dette publique en plus. Il y a donc effectivement un risque plus élevé que jamais qu’on en vienne à dire “avec toute la dette qu’on a accumulée, on ne peut plus rien faire pour la transition énergétique, pour l’éducation, etc. Les Etats se sentiront une obligation vis-à-vis de la santé, mais pour le reste on va faire des économies, arguant qu’on a plus de marges de manoeuvre. Tout ça me

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