La Gazette 141

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Bruno Frappat : « les journalistes ne sont ni des flics ni des juges » Bruno Frappat, ancien directeur de la rédaction du Monde (1991-1994), a quitté la présidence du directoire du groupe catholique Bayard Presse le 30 juin, après avoir dirigé le quotidien La Croix de 1995 à 2005. Il sera remplacé par Georges Sanerot, entré à Bayard en 1994. Bruno Frappat vient de former un groupe de onze professionnels chargés de rédiger un code de déontologie pour les journalistes.

Vous venez de former un groupe chargé de rédiger un code de déontologie s'appliquant à l'ensemble des journalistes, qui sera soumis à la ratification des partenaires sociaux pour être annexé à la convention collective des journalistes. Comment ce groupe s'est-il constitué ? La création de ce groupe était une préconisation du pôle sur l'avenir des métiers du journalisme, que je présidais au sein des états généraux. Comme je constatais une certaine passivité sur le sujet, j'ai pris sur moi de m'auto-désigner comme sélectionneur d'une équipe de onze personnes, dont la désignation doit tout à mon arbitraire personnel... Nous n'avons absolument aucune espèce de légitimité, et c'est tant mieux ! Comment faire pour que les partenaires sociaux adhèrent à ce texte ? Rien n'est perdu d'avance. Si nous sortons un texte simple, clair, pratique, lumineux, équilibré, ils auront à coeur de le faire figurer en annexe de la convention collective. Il faut qu'il soit le plus court

possible, comme les Dix Commandements, par exemple ! Car il n'y a pas que les partenaires sociaux qui sont concernés par ce code. Il y a d'abord et surtout les publics de nos journaux, télés, radios, sites Web. Ils attendent une clarification de notre part. L'Elysée est favorable à l'adoption d'un tel code. Ne va-t-on pas vous reprocher d'être manipulé?

l'information y était noyée dans le commentaire. La nouveauté, c'est la pluralité des médias. Le discrédit de la presse est souvent lié à celui d'un média dominant. Vous pouvez faire tous les bons papiers que vous voulez, si, par ailleurs, sur une chaîne de télévision de grande audience, un journaliste réalise une fausse interview, cela rejaillira sur l'ensemble de la profession. Je demande que l'on ne pratique pas l'amalgame avec les médias.

Dans cette affaire, si j'avais eu, à quelque moment que ce soit, l'impression que mon indépendance personnelle était en cause et que j'étais un élément du système Sarkozy, j'aurais immédiatement mis les pouces. La crise de confiance est-elle si grave que cela? La presse est-elle si mauvaise ?

Si le code de déontologie est adopté, faudra-til une instance pour le faire respecter ? Je suis contre une police déontologique. Quelle serait sa légitimité ? Par qui serait-elle désignée ? Par le pouvoir politique ? Par les syndicats ? Si la charte est annexée à la convention collective, elle entrera dans le cadre du droit du travail.

Une étude un peu sérieuse des journaux d'aujourd'hui comparés à ceux de l'entre-deuxguerres ou de l'immédiat après-guerre tournerait à l'avantage de la presse contemporaine. A la Libération, ils étaient plus nombreux, mais fortement idéologisés, et

Quels thèmes doivent être abordés en priorité? Le rapport à l'argent, la différence entre information et communication, le rapport à la publicité, le respect de la vie privée, les dangers de la mise en scène. Redire que les journalistes ne sont ni des

VIIème PRIX « PRESS CLUB, HUMOUR ET POLITIQUE »

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our la septième année, le jury du Prix « PRESS CLUB, HUMOUR ET POLITIQUE » s’est réuni sous la présidence de Jean MIOT. Ce Prix, qui récompense en France l’auteur de la phrase la plus hilarante de l’année, qu’il s’agisse indistinctement d’humour volontaire ou involontaire, avait été attribué l’an passé aux ministres JeanLouis Borloo pour « Sarkozy, c’est le seul qui a

été obligé de passer par l’Elysée pour devenir Premier Ministre », et Xavier Bertrand, Prix Spécial du Jury, pour « Le parti socialiste est un parti sans leader, François Bayrou est un leader sans parti ; ils sont faits pour fusionner ». Parmi les quinze « petites phrases » collectées depuis un an, le lauréat 2009 a été désigné au Press Club de France, le 29 juin dernier, en pré-

sence de André Santini, parrain de ce prix … qu’il a trop souvent remporté ! Le jury a finalement attribué le Prix au Maire de Paris, Bertrand Delanoë « Le vrai changement au PS, ce serait de gagner », à l’évidence un modèle d’humour politique. Une mention spéciale a été attribuée à Guillaume BACHELET, Secrétaire National à l’industrie du PS : « La présidentielle, Hollande y pense en nous rasant ».

Mmes Hélène Carrère d’Encausse et Soumia Belaidi Malinbaum, MM. Hubert Védrine, Francis Balle et Greg Germain ont été nommés au conseil d’administration de la société Audiovisuel extérieur de la France, en qualité de personnalités indépendantes et ce pour une durée de cinq ans.

JUILLET - AOÛT 2009 N° 141

flics ni des juges. Et l'aspect de vérification, sous les coups de boutoir du Web et de l'immédiateté, devient un vrai sujet. Vous quittez la présidence du directoire de Bayard après avoir passé quinze ans dans cette maison. Quel bilan en tirez-vous ? J'aurais préféré partir dans une période plus florissante pour la presse, mais on ne choisit pas son âge. J'ai trois éléments de fierté principaux. Je crois avoir contribué à bien installer La Croix dans le panorama de la presse quotidienne de qualité. C'est l'un des rares journaux dont la diffusion augmente depuis dix ans. C'est aussi le seul quotidien dirigé par une femme, Dominique Quinio. En tant que gestionnaire, j'ai consolidé Bayard par le transfert de la caisse de retraite à un autre organisme et par le déménagement à Montrouge, qui nous fait économiser 3 millions d'euros chaque année sur le bail. Comment expliquez-vous

le succès de La Croix ? Le journal a cessé de raser les murs, d'avoir un petit scrupule d'être catholique. Il a choisi le centre de la cible en termes de public. La Croix est fait par une équipe peu nombreuse, mais ardente et attachée au titre et à son public. La formule est compacte et vise à l'essentiel. La pagination est restreinte ; on ne s'égare pas dans l'accessoire. La relation avec le public est marquée par beaucoup de proximité. Nous nous sommes débarrassés du suivisme de l'actualité. Nous faisons les "unes" qu'on veut, en privilégiant nos sujets, en faisant un journal d'hyperchoix. Il est vrai que nous avons 92 % d'abonnés. Nous commençons à nous approcher de l'objectif que je m'étais fixé, c'est-à-dire une diffusion payée de 100 000 exemplaires. Propos recueillis par Xavier Ternisien « Le Monde »

L'institut français de journalisme rejoint l'École Multimédia

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'institut français de journalisme, école de formation initiale au journalisme créée en 2003, a décidé de rejoindre l'Ecole Multimédia dans le cadre d'un partenariat entre les deux institutions. La direction opérationnelle de I'IFJ est confiée à Rémy Galland, directeur général de l'Ecole Multimédia, assisté de Jean Augonnet, co-fondateur de I'IFJ et ancien directeur de l'institut pratique de journalisme (IPJ). L'institut français de journalisme rejoint donc les locaux de l'Ecole Multimédia, au 201 rue SaintMartin Paris (3e) où seront assurés les cours et les travaux pratiques dès la rentrée d'octobre 2009. La sélection d'entrée en première et en deuxième années se déroulera jeudi 17 septembre prochain. Ce partenariat a pour objectif de renforcer la qualité pédagogique de I'IFJ en lui permettant de coller de plus près aux réalités professionnelles, tout en affirmant sa vocation : former des journalistes de terrain, familiarisés avec le traitement de l'actualité locale, aptes à travailler sur tous les supports notamment dans le cadre de publications plurimédia. Pionnière dans le domaine des nouvelles technologies, l'Ecole Multimédia a eu dès son origine l'objectif de faciliter la formation des personnels d'information au travail sur les nouveaux supports. Animée par des journalistes, graphistes et informaticiens, elle a décidé de relever avec I'IFJ le défi de la formation des "nouveaux journalistes".

MEDIATHÈQUE La Fédération nationale des journalistes algériens, nouvellement constituée (Abdenour Boukham- kham en est le secrétaire général), s’est fixé un plan d’action précis, avec l’élaboration d’une convention collective, la révision du code de l’information et la mise en place d’une mutuelle de la presse. La journaliste marocaine Loubna Anaki, étudiante au CELSA (Ecole des hautes études en sciences de l'information et de la communication) à Paris, a gagné la bourse "Jean Darcy 2009" de France Télévisions, dans la catégorie rédacteurreporter. Cette bourse, qui permet aux lauréats d'intégrer pendant six mois les rédactions nationales de France 2 et de France 3. Après des études à l'Institut Supérieur de l'Information et de la Communication (ISIC) de Rabat, la lauréate a décidé de compléter sa formation en intégrant le master 2 du CELSA.

Carnet Le journaliste, écrivain et critique littéraire Pol Vendromme, est décédé en Belgique à l’âge de 82 ans. Il fut directeur-rédacteur en chef du journal Le Rappel à Charleroi. Décès de Dieudonné Amadou Alpha Sow, ancien journaliste et Secrétaire général du ministère de la Communication et des Nouvelles Technologies du Mali depuis 2002. Pierre Jeantet, président du directoire du Groupe Sud Ouest, a été élu à l’unanimité à la présidence du Syndicat de la presse quotidienne régionale (SPQR) pour un mandat de trois ans. Il succède à Jean-François Caillard. Abdelfettah Fakihani, journaliste au bureau de l'AFP à Rabat, est décédé à l’âge de 60 ans. Il travaillait à l'AFP depuis 1995 mais avait commencé sa carrière comme professeur de français avant d’être emprisonné durant 15 ans pour ses convictions politiques, sous le règne du roi Hassan II. Abdelfettah Fakihani était l'auteur de plusieurs ouvrages dont un recueil de poèmes et un livretémoignage sur ses années de détention, Le Couloir.

Journal de Genève est accessible sur Internet

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a collection complète du Journal de Genève est désormais accessible gratuitement sur Internet. Dans le cadre de son 10e anniversaire, Le Temps a mis en ligne les deux millions d'articles composant les archives de feu le quotidien genevois. Les internautes ont libre accès au corpus, qui compte 172 années de parution (1826-1998) et 550 000 pages imprimées. C’est la première fois en Suisse que la totalité des archives historiques d'un quotidien francophone est numérisée. En Suisse alémanique, seule la Neue Zürcher Zeitung a fait la démarche mais ses archives ne sont pas ouvertes au grand public, a précisé Virginie Fortun, directrice du projet au Temps. Entreprise en 2006, cette opération a été réalisée en collaboration avec la Bibliothèque nationale suisse et la Bibliothèque de Genève. Les deux institutions sont dépositaires aux côtés du Temps des trois jeux d'archives encore complets du journal. Les deux bibliothèques ont aussi participé au financement du projet aux côtés de mécènes. Le coût de l'entreprise s'est monté à 600 000 francs, soit environ un franc par page, a précisé Virginie Fortun. La publicité devrait couvrir les frais de maintenance du site.


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