Le Fil 30 novembre 2017

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Pour des villes à échelle humaine Dans son récent ouvrage, le chargé de cours Jérôme Lapierre met en lumière l’aménagement urbain et l’architecture d’avant-garde de trois villes scandinaves par Yvon Larose Le dévoilement de la programmation a eu lieu à l’édifice La Fabrique, le 15 novembre, en présence de nombreux artistes. photo Llamaryon

Je suis parce que nous sommes Le LANTISS sera le théâtre de joyeuses envolées littéraires alors qu’il accueillera, pour la première fois, le Festival du Jamais Lu, du 7 au 9 décembre par Matthieu Dessureault Réfléchir sur les liens entre l’individu et sa collectivité, voilà ce que proposent les organisateurs du 7e Festival du Jamais Lu de Québec. Leur programmation, cette année, a pour thème « Je suis parce que nous sommes ». Pendant trois jours, quatorze auteurs dévoileront leurs dernières œuvres avec l’aide d’une quarantaine d’artistes qui offriront des lectures théâtralisées. Au départ, ce festival de­­ vait se dérouler au théâtre Périscope, son quartier général. En raison d’un pro­ longement des travaux de rénovation sur ce bâtiment, c’est au LANTISS, le Labo­ ratoire des nouvelles techno­ logies de l’image, du son et de la scène de l’Université, qu’il sera présenté. « La recherche d’un nouveau lieu nous a permis de faire le point sur la personnalité de l’événement, explique sa di­­ rectrice artistique, Marianne Marceau. Nous avons réalisé que le partenariat avec le Périscope a fait du Jamais Lu un laboratoire qui exigeait que l’on assure aux auteurs un cadre à la hauteur de leurs ambitions artistiques. Un cadre favorisant l’écoute tout en pouvant accueillir le public grandissant du Festival. Nous sommes donc très heureux de nous asso­ cier au LANTISS, dont le studio peut offrir les mêmes possibilités que le Périscope. »

Le 7 décembre, le coup d’envoi sera donné par Marianne Marceau et le philosophe Sol Zanetti, qui inviteront le public à réflé­ chir au thème du Festival. La soirée se poursuivra avec des lectures de textes de deux auteurs, Lucien Ratio et Maxime BeauregardMartin. Le jeune public ne sera pas en reste puisqu’une matinée lui sera consacrée le lendemain, avec une acti­ vité ludique de la comé­ dienne Joëlle Bond. En soi­ rée, ce seront des extraits de cinq textes en cours de créa­ tion qui seront présentés, soit ceux d’Ariel Charest, de Claude Montminy, d’AnneM a r i e O l i v i e r, d e L i l y Pinsonneault et de JeanMichel Girouard. Comme à son habitude, le Jamais Lu se terminera par un spectacle festif et en­­ gagé. Inspirée par un graffiti qu’elle a vu, « As-tu détruit quelque chose de laid au­­­ jourd’hui ? », Catherine Dorion a demandé à cinq auteurs d’imaginer ce qu’ils aimeraient détruire pour améliorer la vie en collecti­ vité. Le slameur Thomas Langlois, doctorant en lit­ térature et arts de la scène et de l’écran, s’est prêté au jeu avec un plaisir non dissimulé. « J’aime écrire des trucs qui dérangent. Catherine Dorion avait ce désir d’aller au bout des choses, sans censure. J’ai

trouvé son thème très ins­ pirant. Nous avons tous quelque chose en tête que l’on a envie de détruire. » À tour de rôle, les auteurs présenteront leurs idées. Il sera question, entre au­­ tres, de Facebook, un outil om­n iprésent – trop ? – dans nos vies. L’essayiste Simon-Pierre Beaudet, connu pour ne pas avoir la langue dans sa poche, s’in­ surgera contre l’embour­ geoisement de son quartier, une tendance qui l’horri­ pile. « Au fil du spectacle, beaucoup de choses imma­ térielles seront détruites. Nous avions pensé amener des objets pour les détruire littéralement sur scène, mais, finalement, nous avons choisi de travailler à partir d’éléments abs­ traits », dit ce chargé de cours à l’École de langues. « Il s’agit d’un spectacle antidialectique, c’est-à-dire qu’aucune solution ne sera proposée. C’est plutôt un exercice critique, duquel ressort beaucoup de joie ! », poursuit-il. Cette soirée, qui mettra également à l’honneur Gabriel Fournier, Annabelle Pelletier-Legros et Bureau Beige, se terminera par une grande fête. À noter qu’il sera possible, tout au long du Festival, de bouquiner sur place alors qu’une li­­ brairie installera un kiosque éphémère une heure avant chaque représentation. Du 7 au 9 décembre, au local 3655 du pavillon Louis-Jacques-Casault. On peut consulter la ­programmation complète et se procurer des ­billets à l’adresse www.jamaislu.com.

Une ville agréable et stimulante, une ville à échelle humaine doit offrir une grande qualité de vie à ses citoyens. Plu­ sieurs stratégies architecturales et d’aménagement urbain permettent d’aboutir à un tel résultat. Un tel endroit se caractérise notamment par des bâti­ ments limités à quelques étages de hau­ teur, par des lieux de travail et des com­ merces situés à proximité des rési­dences et par la présence de parcs. Mentionnons également des espaces publics toujours animés et des pistes cyclables pour le transport durable. La qualité de la vie urbaine, c’est aussi se sentir en sécu­ rité et vivre dans un environnement propre. Ces observations constituent le cœur de l’ouvrage Les interactions entre les gens, l’architecture et l’espace public. Cette plaquette de 70 pages abondamment illustrées a été lancée il y a quelques semaines par l’École d’architecture. Son auteur, Jérôme Lapierre, est architecte et chargé de cours. En 2013, il a reçu le prix de Rome en architecture – début de car­ rière, du Conseil des arts du Canada. Cette distinction lui a permis d’effectuer un stage d’un an à Copenhague, capitale du Danemark, chez Gehl Architects, un bureau de consultation réputé pour ses méthodes et ses solutions dans la concep­ tion de villes à échelle humaine. Dans son livre, Jérôme Lapierre met l’accent sur l’aménagement urbain et l’architecture d’avant-garde que l’on retrouve à Copenhague, mais aussi à Stockholm et à Malmö, en Suède. Au fil des pages, l’auteur présente plusieurs exemples des meilleures pratiques en la matière. Selon lui, Copenhague est parmi les villes qui ont le mieux conçu l’espace public. Le développement à échelle humaine y est privilégié depuis 1960. La ville est maintenant une réfé­ rence mondiale en ce qui concerne l’in­ novation en architecture. Elle se dis­ tingue, en outre, par sa taille, le réamé­ nagement et le nettoyage du port, un transport efficace ainsi que l’utilisation des vélos. Les principaux chapitres de l’ouvrage abordent des thèmes comme la ville, le quartier, l’îlot, la rue et le chez-soi. « Globalement, indique Jérôme Lapierre, j’ai voulu faire un fil conducteur qui unisse la ville au chez-soi. »

Dans le chapitre sur la ville, l’auteur a voulu montrer qu’une ville à échelle humaine est le résultat d’une planification rigoureuse. Or, cette vision doit être renou­ velée aux cinq ou dix ans. « La cohérence de cette vision fonctionne super bien, sou­ tient-il. Les autorités de Copenhague ont mis les piétons au premier rang de leurs préoccupations. Elles ont posé plein de petits gestes qui font la différence au quoti­ dien. Le total de ceux-ci fait une ville bien construite où il fait bon vivre. » Le livre insiste sur l’omniprésence de la bicyclette dans la capitale danoise. On peut y lire que près de la moitié (45 %) des déplacements individuels, en lien avec le travail ou l’école, se font à vélo. Pour le thème de l’îlot, l’auteur a choisi celui de Sluseholmen, à Copenhague. Construit entre 2005 et 2009, ce quartier se compose de huit îles artificielles. Le projet résulte d’un partenariat réussi entre le port de la ville, la Ville elle-même et 25 firmes d’architectes. Le thème de la rue est illustré par le ­quartier Kartoffelraekkerne, toujours à Copenhague. Il s’agit d’un des quartiers les plus recherchés de la ville. Il compte 480 maisons. L’esprit communautaire y est palpable. Les enfants jouent dans la rue, on voit des tables à pique-nique sur les côtés. « Ce quartier, souligne Jérôme Lapierre, est fait de rues linéaires proté­ gées dans le but de créer des espaces publics. Cet aménagement permet à la vie d’apparaître. Dans ces zones, les automo­ biles passent à très basse vitesse. Les rues n’ont pas besoin d’avoir neuf mètres de large. Quatre à six mètres suffisent. » Selon lui, il ressort une chose de ces dif­ férentes échelles. « Il est important, dit-il, de considérer chaque échelle ainsi que les transitions entre soi et la rue, entre l’îlot et le quartier. On choisit non seulement une ville à habiter, mais aussi une rue et un quartier pour leurs qualités. » Le livre de Jérôme Lapierre est le ­premier d’une série de publications de l’École d’architecture. Son stage à Copenhague a donné lieu à une ­exposition ainsi qu’à une vidéo. Ce documentaire a été réalisé par un pigiste aujourd’hui journaliste au Fil, Matthieu Dessureault. On peut le visionner à l’adresse suivante : https ://vimeo.com/199084949

À Copenhague, 45 % des déplacements individuels, en lien avec le travail ou l’école, se font à vélo. photo Ursula Bach


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