L’écran
- Janvier 2018 -
n°13
Édito
manny CALAvERA
Rédacteur en chef
BONNE ANNÉE ! BONNE SANTÉ ET MEILLEURS VŒUX !! Les conventions sociales de rigueur ainsi expédiées - à grand renfort de points d’exclamation pour mieux signifier l’enthousiasme sincère -, me voilà débarrassé. Je vous fais grâce de vous demander vos résolutions pour la nouvelle année, on sait tous parfaitement qu’elles ne passeront pas le cap de l’Épiphanie (surtout pour celles et ceux qui se sont jurés d’entamer un régime une semaine avant la pluie annuelle de frangipane, pas vrai ? Et cessez d’accuser les Rois mages, ils n’y sont pour rien dans votre manque de volonté !). Allez, faisons fi du mauvais esprit, ce n’est pas très festif tout ça ! Restons plutôt dans le prolongement des libations chaleureuses et conviviales de Noël (Jésus serait fier) ou pourquoi pas de ces beuveries orgiaques du réveillon (Jésus le serait un peu moins) ; après tout, il en faut pour tous les goûts ! D’ailleurs, en parlant de ça, il est tant pour L’Écran de s’ouvrir à la diversité. Non pas que nous étions le mag’ d’un seul billet, ni même d’un seul sujet. Vous n’êtes pas sans savoir que si nous parlons essentiellement de cinéma, nous nous laissons aller vers pas mal de séries TV, de VOD, de chaînes Youtube, etc. Cependant, un domaine assez emblématique des arts audiovisuels restait jusque-là ignoré de nos rédacteurs - dans nos colonnes du moins - et nous nous devions de remédier à cela, tant il y a à dire et à partager sur le sujet. Si je vous parle 8, 16, 32 ou 64 bits ? Si je vous dis point’n’click, beat’em all et hack’n’slash ou encore joystick, pad et borne d’arcade ? Ou même : cel-shading, cut-scene, sprites ou speedrun ? Si j’affirme que, quoique tu fasses, « c’est plus fort que toi » ? Si je commence à sauter sur
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des tortues et à me planquer dans des tuyaux, à faire de l’escalade avec mon redoutable ensemble mini short/t-shirt moulants et une jolie tresse brune (imaginez le spectacle) ou encore à me balader dans un carton sur lequel il y a écrit « c’est juste une boîte » ? Ou alors si… Oui, bon, vous avez saisi : c’est bien entendu de jeux vidéo dont il est question ! Oui, les video games, avec leur jargon barbare incompréhensible, leur nuage de genres qui ne cessent d’évoluer au gré de la technologie qui leur donne vie, leur pratique extrêmement chronophage, le danger mortel qu’ils représentent pour la vie sociale de leurs utilisateurs, leurs adeptes humains que l’on reconnaît grâce à la règle des “trois B” : binoclards, boutonneux et blafards (hey ! PAS D’AMALGAMES !), leurs scandales et leurs succès mondiaux…Bref, le monde vidéoludique, et tout ce qui le compose ! L’air de rien, on parle de presque 50 ans d’histoire, depuis la naissance du premier jeu vidéo commercialisé (le fameux Pong, en 1972), et nous comptons fermement leur donner toute la lumière qu’ils méritent en portant haut les plus belles œuvres que le 10e Art a à offrir. Et ça commence dans ce numéro, avec une critique de The Evil Within 2, du studio Tango Gameworks ! Avec ce nouveau virage, L’Écran couvre plus que jamais l’ensemble du spectre audiovisuel artistique et de divertissement ; une orientation voulue dès le départ par ses membres fondateurs, même si la toile blanche a tendance à prendre de la place sur le mur de notre passion ! Il faut dire que le cinéma restera notre « cœur d’activité », comme on dit, mais nous y cantonner serait une véritable injure à l’encontre de ces autres médias qui ont tant à offrir en matière d’ingéniosité, de créativité et d’expérience émotionnelle. Et nous ne pouvons pas décemment le tolérer ! Cette petite évolution se verra, bien entendu, aussi sur notre nouveau site internet (asso-lecran.fr), que de nouveaux articles consacrés à l’art vidéoludique viendront étoffer au fil des mois. Et l’on ne saurait que vous conseiller de vous y rendre régulièrement ; il n’a que quelques semaines d’existence, mais il se porte pour le mieux et n’est pas prêt de s’arrêter !
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© pixabay.com - Markusspiske
Photo couverture : flickr.com - Sam Howzit Chef rédacteur : Manny Calavera Chef de projet : Doriane Job Chef éditorial : Axèle Zuanigh Rédacteurs : Supertramp, Listener, Stella, Dolores, Marilou, The Watcher, Arslo, Eye In The Dark, Le Comte Gracula Correctrice : Adeline Dekockelocre
éditorial
. Crevez l’écran Consommation 2.0 - Partie 2 . Pourquoi dire que : « ton avis c’est d’la merde », c’est d’la merde
Sommaire
PRENEZ PLACE
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6 . Box-office :
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Thelma
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de Joachim Trier (2017)
Justice League
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. Rétrospective :
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de Zack Snyder & Joss Whedon (2017)
The Evil Within 2
. Spike Jonze
de Tango Gameworks (2017)
18
. Le Ring :
par Stella
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The Square
de Ruben Östlund (2017)
. Interview :
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avec Maxime Solito, journaliste et réalisateur des Cinéphiles
À NE PAS LouPER 5
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Chronique
© flickr.com - Jim Johansson
CREvEZ L'ÉCRAN Consommation 2.0 Partie 2 Il n’y a pas que les séries dans la vie, et nous avons également modifié le reste de notre consommation audiovisuelle. Alors voici un petit panorama de ces comportements qui nous auraient paru absurdes il y a quinze ans et qui sont rentrés dans les mœurs.
Le hate watching
Vous voyez une bande-annonce/affiche/synopsis d’un film. Ça a l’air nul. Ou pire, c’est une adaptation de la série ou des livres cultissimes de votre enfance ET ça à l’air nul. Mais quand même, on ne sait jamais, sur un malentendu ça pourrait passer n’est-ce pas ? Vous savez bien que non. Mais vous le regardez quand même, et vous ne pouvez vous empêcher de désespérer/rager devant cette chose qui a l’outrecuidance de massacrer ce personnage tertiaire très mal compris ou de changer complètement le dialogue de la page 314 du second tome. Ne cherchez plus, vous hate-watchez. Ne vous inquiétez pas, certains d’entre nous en font même des articles (que vous pourrez retrouver sur notre site internet). Et si aujourd’hui le streaming et la VOD permettent de faire ça
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sans se ruiner, imaginez louer un DVD ou une cassette, ou pire payer une place de cinéma pour regarder une purge qui vous fera saigner des yeux pendant une semaine minimum...
Le multi-écran
Dans la série « Les choses que ma grand-mère ne comprend pas et qui désespèrent ma mère » on est plutôt bien classe, là. Le multi-écran, qu’est-ce que c’est que donc que ceci ? Le fait d’être devant un film et sur son portable, ou d’écrire des mails devant une série, de jouer à un jeu vidéo devant une vidéo YouTube ou de regarder des recettes de cuisine devant une barre de chargement des Sims. Sujet de discussion sans fin, vous pourriez vous faire accuser de ne pas profiter assez de l’instant présent et de rater cette scène plus qu’importante de porte qui s’ouvre pour continuer une discussion...
Les écrans nomades
Commencer un film à partir de Netflix sur sa télévision le soir, le reprendre sur son ordinateur portable pendant le petit-déjeuner puis le continuer dans les transports en commun à partir de son téléphone portable. Si cela permet d’éviter l’insupportable suspense et la crainte du spoil, on perd indéniablement en qualité.
Le spoiler
Gâcher aux autres toute l’intrigue d’un film/série/jeu vidéo ? C’est la spécialité de certains (notons LA page Facebook “Un jour un spoil” qui s’en est fait une mission). Pour certains il n’y a pas de prescription, un spoil des premiers Star Wars peut valoir la mort. À noter qu’au Québec on dit «divulgâcher» et que c’est beaucoup trop cool comme mot.
Le binge watching
J’en ai déjà parlé dans la première partie de l’article, le binge watching est le fait de regarder le plus rapidement possible une saison ou une série dans son intégralité. Peut être agrégé avec le spoil, certains essayant de s’en protéger en regardant rapidement les productions à fort risque de spoil type Game of Thrones.
La diversité
Internet et la VOD permettent d’avoir accès à des contenus du monde entier. Séries nordiques, asiatiques, africaines, sud-américaines etc., vous avez le choix. Ma série pas assez connue est Kördüğüm, “Intersection” en français, disponible sur Netflix. N’hésitez pas à sortir des productions nord-américaines, en plus ça fait super aux repas mondains (parce que ça pourrait être une série d’art et d’essai ! Sauf que non mais, juste comme ça, vous ne savez pas que Kördüğüm est une série dramatique un peu “feuxdel’amouresque”). Un petit tour d’horizon de toutes ces choses - qui me font parfois encore prendre un petit coup - me permet de réaliser que la technologie, c’est quand même chouette ! - Le comte Gracula
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BOX-OFFICE
Critique
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CRITIQuE BOX-oFFICE Thelma
de Joachim Trier, novembre 2017 Les INTERPRÉTATIoNS SONT PARFoIS TRoMPEuSES Cette année dans la catégorie des films qui nous parlent de l’adolescence et du refoulement des pulsions, nous avons eu Grave de Julia Ducournau qui fut à mes yeux une réussite. Puis en ce mois de novembre sort dans les salles noires : Thelma de Joachim Trier (Oslo, 31 août, Back Home, etc). Le film raconte l’histoire de Thelma, une jeune adulte issue d’une famille très pieuse, qui part de son petit village norvégien pour faire ses études à Oslo. Là-bas, elle tombera amoureuse d’Anja, ce qui provoquera chez Thelma d’étranges crises qui causeront des phénomènes surnaturels. Le film possède une mise en scène extrêmement maîtrisée, et ce, dès la scène d’introduction, qui en plus d’être très significative et métaphorique,
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provoque chez le spectateur une certaine méfiance qui finit par se justifier. Joachim Trier alterne entre des plans d’ensemble inquiétants et menaçants et des plans serrés sur son personnage nous révélant alors sa psyché. Entièrement tourné en cinémascope, le film nous propose des plans qui font preuve d’un esthétisme à la fois beau et froid. Il paraît emprunter à beaucoup de réalisateurs, mais Hitchcock serait le plus évident, une scène fait même directement référence à Les oiseaux (1963), un des films les plus célèbres de sa carrière. Les métaphores et les symboles sont forcément très présents dans ce film qui tourne beaucoup autour de la religion, du péché et de l’Antéchrist avec, notamment, la figure du serpent qui revient à plusieurs reprises. Ils sont à la fois une force de la mise en scène, car ils permettent de proposer des scènes fantastiques avec une tension palpable en jouant avec la frontière entre le rêve et la réalité, mais ils sont aussi une faiblesse au niveau du propos du film qui ne nous paraît pas clair sur ce qu’il souhaite nous dire sur son personnage coincé entre sa sexualité montante et sa foi en Dieu presque infaillible. Un champ immense d’interprétations s’ouvre donc à nous, et prend le risque de perdre une partie des spectateurs.
chaque fois plus sur les personnages et nous font avoir une approche différente sur eux. Mais le film paraît se presser sur la fin, et se résout bien rapidement, sans pour autant nous apporter les réponses escomptées. Un léger sentiment d’insatisfaction se fait ressentir, l’univers fantastique posé est si passionnant et mystérieux que l’on reste sur une envie d’en savoir plus. En revanche, même si le film s’étale sur plusieurs axes au niveau des sujets qu’il aborde, il ne prend pas le risque d’étaler plus de sujets encore, c’est donc un mal pour un bien. L’a c t r i c e i n t e r p r é t a n t Thelma, Eili Harboe est très convaincante dans son rôle et p ar v ient à nous t ransmett re différents états mentaux. C’est sûrement ce qui lui a valu sa récompense au festival international du film de Mar del Plata 2017 pour la meilleure interprétation féminine. Thelma, c’est donc le récit d’une personne vivant le passage de l’enfance à l’âge adulte qui doit se forger une identité. Thelma nous emporte avec lui et nous parle beaucoup, parfois trop. Mais nous buvons ses paroles retranscrites grâce à sa mise en scène glaçante et puissante. C’est un film qui interroge, et même s’il peut nous décevoir et nous perdre, il ne nous laisse pas indifférents lorsque l’on sort de la salle obscure.
Cependant, si tout le côté symbolique du film peut avoir tendance à nous perdre, l’histoire, elle, se poursuit sans vraiment d’encombre, à travers des flash-backs bien placés qui nous en révèlent
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- Arslo
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RÉTRO
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CRITIQue
rétroSPECtIvE The Evil Within 2
de Tango Gameworks, octobre 2017 LE DESTIN D'un HOMME DÉJÀ BRISÉ Pour inaugurer comme il se doit l’ouverture de L’Écran au monde (pas toujours) merveilleux du jeu vidéo, nous allons parler ce mois-ci de The Evil Within 2, développé par Tango Gameworks et édité par Bethesda Softworks pour PC, PS4 et Xbox One. Il s’agit de la suite de The Evil Within premier du nom, qui a été un franc succès mondial. Mais cette fois-ci la mécanique de jeu a bien changé, intégrant quelques nouveautés éloignant cet opus du survival horror traditionnel.
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ici, vous pourrez désormais vous promener dans une ville où vous rencontrerez même les boss battus précédemment (car oui ces derniers réapparaissent dans la zone de jeu quand vous les avez éliminés durant l’histoire). Un enfer, certes, mais un enfer très bien créé tout de même !
On se retrouve toujours avec notre inspecteur de renom Sebastian Castellanos qui, trois ans auparavant, fut enfermé dans un système (appelé STEM) le projetant dans le cerveau d’un homme mentalement... différent. Ici, Sebastian a décidé de quitter son travail d’inspecteur pour traquer Mobius, l’agence ayant créée le STEM. Un jour, il retrouve son ancienne partenaire du temps des événements de Beacon (un hôpital psychiatrique dans lequel notre héros fut longuement coincé, entre la réalité et le monde imaginaire du STEM). Celle-ci lui annonce que sa fille, qu’il croyait morte dans un incendie, est en vérité vivante et qu’il faut qu’il la sauve en allant de nouveau dans ce monde onirique. Il va devoir repartir loin de ses verres alcoolisés pour un nouvel environnement, dans un endroit pourtant très familier. On se retrouve alors dans Union, une ville créée de toute part par le STEM. Si l’on veut l’imaginer, il suffit de penser à des quartiers résidentiels en banlieue de Los Angeles, par exemple. Ce que l’on imagine difficilement, ce sont les sortes de monstres zombifiés qui s’y trouvent aussi, et ceux-ci ne semblent pas partager votre point de vue quant à l’avenir de votre vie. C’est un véritable semi open world que Tango Gameworks nous livre, ce qui en ravira plus d’un ! Plus de système linéaire façon “jeu de couloir”,
Les mécaniques de jeu sont, certes, bien maîtrisées dans l’ensemble, mais on notera cependant ce petit problème de caméra lorsqu’on veut se tourner car celle-ci demeure beaucoup trop lente. La volonté de Bethesda de rajouter une dimension furtive au jeu est une bonne idée et ils le contrôlent assez bien. Il ne manque véritablement plus qu’à corriger les intelligences artificielles afin de ne pas rendre ça trop simple, car se cacher dans un buisson semble les perturber considérablement. La teneur survival horror du premier volet est toujours aussi présente, et la quasi-absence de musique d’ambiance permet de rendre l’atmosphère encore plus angoissante. Dans certains passages du jeu, seulement les pas de Sebastian et les pleurs d’une fille réclamant son père rythmeront notre aventure. Seul petit bémol dans tout cela, la musique s’emballe parfois peut-être un peu (lorsqu’il y en a) et gâche la peur. On a alors plus l’impression de se retrouver au milieu d’une scène de bataille d’un film Marvel… Côté
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graphisme, Tango Gameworks met pourtant la barre très haut, et cela ne fait qu’amplifier l’angoisse. Chaque monstre est détaillé de telle façon que l’on est terrifié rien qu’à l’idée de les approcher. On ne passera que très rapidement sur la qualité des doublages français, qui sont parfois même meilleurs (et plus traumatisants) que ceux en anglais. The Evil Within 2 donne un aspect plus survival à une licence qui déjà donnait une ambiance de survie constante par son manque de munitions, ses zombies ultra-agressifs et son ambiance anxiogène. Si le jeu n’a pas réussi à capter mon attention jusqu’à la fin de l’intrigue comme l’a fait le premier, il demeure tout de même un très bon jeu vidéo de par son ambiance et ses graphismes réussis.
© level-1.fr
- Supertramp
RING
Critique
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LE RING The Square
de Ruben Östlund, septembre 2017 The Square, réalisé par Ruben Östlund, est la Palme d’Or 2017 du Festival de Cannes. Fidèle à sa réputation sulfureuse, le festival a divisé les critiques en élisant ce film, vaste fumisterie pour certain.es, ode artistique et profonde pour d’autres. Une division que l’on retrouve au sein de la rédaction de l’Écran, où Marilou et Dolores n’ont vraiment pas le même discours… DÉBut Du MATCH !
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Marilou : The Square est un hymne à l’art contemporain baigné dans une autodérision absolue. Évidemment, ce film n’est pas à la portée de n’importe quel public. Il ne faut pas connaître l’art moderne sur le bout des doigts pour comprendre The Square, il faut simplement savoir l’apprécier et tu en es visiblement incapable.
Dolores : Quelle belle entrée en matière, modeste et délicate qui plus est, tout à fait à la hauteur du ton du film ! On est bien loin de la vivacité de la Palme d’Or de 94, Pulp Fiction de Tarantino. Ici, on lorgne bien plus du côté de celle de 2012 : la décrépitude de Amour de Haneke… Cannes aura décidément été synonyme d’ennui ces derniers temps, et ce film en est la preuve ultime.
Marilou : Si pour toi il faut forcément de la violence pour qu’un film ne soit pas soporifique, on peut dire adieu au “vrai” cinéma. The Square est un film au rythme incomparable, doté d’un humour absurde tranchant et d’une mise en scène ambitieuse et parfaitement maîtrisée. Alors oui, The Square n’est pas un film grand public, il n’est pas à la portée d’un spectateur fervent adorateur de Fast and Furious, mais il n’en demeure pas moins une oeuvre d’art à part entière. La réalisation du film fait écho à son sujet : c’est la créativité dans toute sa splendeur.
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Dolores : Ah, on y est, le “vrai” cinéma ! Parce qu’il est évident que la démarche auteuriste doit se résumer à faire des films lents et inertes ! Ne dites surtout pas ça à Park Chan-wook, il en ferait une crise cardiaque ! The Square est un film qui se la pète grave ; un véritable cliché sur patte qui essaie de cacher sa vacuité derrière des apparitions loufoques. Alors oui, c’est bien sympa de mettre un singe dans un salon et de faire exploser des petites filles, mais encore faut-il que ça ait un minimum de sens. The Square incarne ce qu’il dénonce : l’art contemporain et ceux en son sein qui se sentent si supérieurs qu’ils s’éloignent des réalités de la société.
Marilou : Bien sûr que le singe a du sens ! Ces “apparitions loufoques” comme tu dis sont des symboles importants pour la construction du récit. Alors oui, ils peuvent déranger ou faire sourire, mais c’est là toute l’atmosphère qu’a voulu donner Ruben Östlund à son film et c’est en ça qu’il puise sa caractéristique si particulière qui lui vaut cette Palme d’Or. Les acteurs sont excellents, tout à fait représentatifs physiquement et dans leur manière de parler des personnages qu’ils incarnent. Elisabeth Moss est à la fois sublime et insupportable, Claes Bang à la fois froid et attirant, le personnage du petit garçon à la fois pathétique et attachant... Bien qu’ils n’aient rien en commun, les personnages s’attirent inévitablement. C’est une véritable prouesse d’écriture scénaristique !
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Dolores : Écrits, ça, ils le sont…Sans doute même un peu trop.Emma À force : d’être scénarisés, ces personnages perdent en humanité. On ne ressent aucune empathie pour eux, et encore moins pour le personnage principal incarné par un Claes Bang qui en fait le moins possible, semblable à un Ryan Gosling sous Prozac doté d’une monoexpression faciale. Elisabeth Moss est convaincante dans sa folie, mais reste très premier degré. Elle incarne une femme qui n’évolue pas et dont on apprend tout de la personnalité dès la première scène. Je n’ai absolument pas vu la complexité d’esprit dont tu parles, au mieux c’était de la comédie sympatoche, au pire du verbiage sans queue ni tête. La quête initiatique du personnage principal paraît du coup particulièrement inutile ! Je ne l’ai pas vu changer ou apprendre quoi que ce soit, ni se remettre en question alors que c’était l’objectif visé. Cette stagnation reflète assez bien l’échec du film, qui se veut être très profond mais n’est qu’un coup d’épée dans l’eau.
Marilou : Si tu penses que le personnage de Christian ne se remet jamais en question, tu oublies une: scène majeure The Watcher du film. C’est celle où il envoie une vidéo d’excuses au petit garçon lui expliquant la méprise dont il a été victime. À cet instant, la quête initiatique du personnage nous offre tout l’intérêt du film : celui d’établir une certaine critique de la société, de montrer la solidarité envers les plus démunis avec une hypocrisie palpable. Il y a un véritable décalage entre les riches et les pauvres de par leur incapacité à communiquer. De cela résulte une gêne et une certaine méfiance, parfois même une agressivité. Alors la stagnation dont tu parles, je ne suis pas d’accord. Les personnages évoluent. Tous. Christian essaie de redevenir un bon père, ses filles lui portent enfin une curiosité encore fragile mais bien visible pour son métier, le petit garçon a déménagé, ou bien a-t-il disparu à jamais ? L’interprétation est libre. Les ressentis sur ce film le sont aussi…
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LGDC
SpIKE © mubi.com
JoNZE par Stella
Dans le labo d'un savant fou : le cinéma de Spike Jonze Spike Jonze s’amuse dans son cinéma comme un chercheur dans son laboratoire. Il y a toujours eu chez lui une envie de heurter les âmes sensibles : amateur de sensations fortes, il commence par photographier du BMX dans les années 80, puis produit la controversée Jackass (2000), une émission de cascades pour MTV. À travers son parcours, il ne cesse d’intriguer et de surprendre, tournant des clips décalés pour Björk ou Daft Punk, en parallèle avec des longs métrages où il s’essaie aussi bien à la comédie qu’à la science-fiction, en passant par le conte pour enfants. Dans cette filmographie un peu bordélique, chaque pièce est une expérience explosive de laquelle le spectateur ressort bien souvent dérouté, partagé entre une envie de rire et de troublantes questions existentielles. Toujours dans l’expérimentation, à la fois surprenant, choquant et fascinant ; s’il fallait désigner un savant fou du 7ème art, ce serait lui. Avec des scénarios insolites, signés Charlie Kaufman pour les deux premiers, ses films adoptent la démarche d’un philosophe : partir d’une idée, jouer avec, en explorer toutes les implications jusqu’aux plus absurdes et aux plus étonnantes, quitte à se heurter parfois à d’étonnants paradoxes. Son premier long, Dans la peau de John Malkovich (1999), présente un concept plutôt original : la découverte d’un tunnel menant directement dans la tête de l’acteur John Malkovich, pour une durée de 15 minutes. Autour de cette idée s’articulent toutes les péripéties du film qui raconte les tentatives des protagonistes pour contrôler, à des fins personnelles, le corps de ce pauvre Malkovich. Mais ce qui est magiquement bluffant, c’est lorsque ce concept se heurte à un paradoxe de taille : si John Malkovich en personne entrait dans ce tunnel, que verrait-il ? C’est aussi inconcevable que de tenter de distinguer le reflet de deux miroirs placés l’un en face de l’autre, et pourtant, le réalisateur répond à cette question dans une scène des plus déconcertantes. Un autre paradoxe se retrouve ainsi dans Adaptation (2002), son second opus, mais il est cette fois basé sur le scénario luimême. Le film met en scène un scénariste, Charlie Kaufman, qui bataille pour adapter un roman. Seulement, le scénario qu’il commence à écrire n’est autre que le scénario du film que nous sommes en train de voir ! Plus déroutant encore, le film est étroitement lié au monde réel, Charlie Kaufman étant le scénariste du film dans la vraie vie. Le spectateur se voit donc confronté à une mise en abyme infinie où les réalités s’entrecroisent...
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Spike Jonze semble avoir une obsession pour la représentation des réalités impossibles : il cherche peut-être à nous montrer une vision de l’infini, de l’inaccessible. Dans Her (2013), qui se déroule dans un futur proche, Theodore tombe amoureux de Samantha, le système d’exploitation de son ordinateur, qui, dématérialisée, n’existe que par la voix suave de Scarlett Johansson. S’ils filent le parfait amour, cela ne dure pas ; l’intelligence de Samantha évolue bien plus vite que son partenaire humain, s’éloignant de plus en plus du monde matériel du commun des mortels. Le film évoque alors une dimension inatteignable, presque divine, où se logerait la conscience de Samantha. Que ces réalités autres soient créées par le fantastique (John Malkovich), la métafiction (Adaptation), le rêve (le conte pour enfants Max et les Maximonstres, 2009) ou la science-fiction (Her), elles ont toujours un point commun : celui d’être le fruit du fantasme d’un personnage. Chez Jonze, on imagine, on rêve, on désire ; il y a un besoin irrépressible de vivre des expériences sensorielles créées par la force de l’esprit. Dans le monde aseptisé de Her, où les émotions se vendent plus qu’elles ne se ressentent (des écrivains publics rédigent les lettres d’amour), Theodore, éternel romantique, se persuade qu’il peut aimer Samantha même si elle n’existe pas physiquement. Dans une scène saisissante plongée dans le noir complet, par leur seul échange de voix, ils parviennent même à faire l’amour. De même, le tunnel menant à la peau de John Malkovich devient un moyen pour ceux qui l’empruntent d’assouvir leurs désirs secrets. Dans l’évocation de ces fantasmes, on est nous-mêmes invités à réfléchir sur notre propre rapport au réel et sur ce qui fait notre identité. Quelle est la part de fiction dans la vie de Charlie, qui se met lui même en scène ? Theodore peut-il aimer Samantha comme une personne, alors qu’elle a été spécialement formatée pour lui plaire ? Les questions sont sans fin, et sans véritable réponse. Mais c’est parce qu’elles sont profondément liées à notre monde actuel, tout particulièrement avec Her et son futur qui paraît beaucoup trop proche, qu’elles nous retournent en même temps qu’elles nous fascinent. Quoi de mieux qu’un Spike Jonze pour torturer les esprits curieux ? - Stella
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' - Top 5 du Redac’ -
1 # HER (2013) Dans la peau de John Malkovich (1999) Adaptation (2003) I’m Here (Court-Métrage, 2010)
© Axèle Zuanigh
Max et les Maximonstres (2009)
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BOX-OFFICE
Critique
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CRITIQuE BOX-oFFICE Justice League
de Zack Snyder & Joss Whedon, novembre 2017 LE PIRE tO PIRE C’est désormais acté : l’univers étendu DC (contenant les super-héros de l’éditeur historique de Superman, Batman, Wonder Woman, etc.) est un échec complet. Écrasés par la concurrence surpuissante de l’empire Disney qui a racheté Marvel et Star Wars, DC et Warner Bros, le studio s’occupant de l’univers filmique, se sont faits grenouille plus grosse que le boeuf. Pourtant, bien des éléments étaient de leur côté : une expérience plus que réussie en matière d’adaptation réussie avec des réalisateurs/auteurs possédant une vision (Richard Donner avec Superman en 1978, Christopher Nolan avec la trilogie The Dark Knight en 2005, 2008 et 2012, Tim Burton avec Batman en 1989 et Batman Returns en 1992). une puissance financière conséquente (Time Warner est le conglomérat
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Suicide Squad a été massacré par des marketeux qui voulaient coller au succès surprise des Guardians of Galaxy. Justice League est un ersatz d’Avengers 1 et 2 à la finition numérique (tournage fond vert typique de Zach Snyder depuis 300 et Watchmen) de piètre qualité, qui renvoie à plus de 20 ans en arrière : Le Seigneur des anneaux est bien plus beau que ce film. Le scénario et les dialogues sont dignes d’un nanar des années 80. Les reshoots (ajout de scènes tournées en postproduction afin de suivre les changements de direction artistique de dernière minute) réalisés par Joss Whedon réalisateur et scénariste des Avengers appelé en renfort suite à la défection de Snyder du montage - sont à côté de la plaque et abîment plus qu’ils ne soutiennent la cohérence du film. L’éviction d’Hans Zimmer et de Junkie XL à la musique au profit de Danny Elfman, compositeur pour le Batman de Burton et les Avengers de Whedon, renvoie à nouveau au passé (l’utilisation des thèmes de Batman et de Superman des films précédents ruinant le travail de renouvellement opéré par Zimmer). Ce film a 10 ans de retard ! Renseignez-vous sur le projet avorté de Justice League : Mortal de George Miller, créateur de Mad Max, en 2007 pour voir tout ce qui ne va pas dans le Justice League de 2017. Allez plutôt voir Thor Ragnarok dont vous pouvez trouver une excellente critique sur notre site internet qui, lui, annonce le futur des comics à l’écran. ET c’est un fanatique de DC qui vous le dit.
possédant Warner Bros, CNN, HBO, DC Comics entre autres. C’est le 3e plus gros groupe de production audiovisuelle derrière The Walt Disney Company et 21th Century Fox, pour un capital estimé à 45 milliards de dollars). des personnages iconiques, premiers du genre super-héroïque et qui ont établi les bases et stéréotypes de tout ce qui existe pratiquement dans le style (Superman est créé en 1933, Batman en 1939 et Wonder Woman en 1941). Malgré tout cela, les studios qui ne sont aujourd’hui plus dirigés que par des banquiers, des comptables et des actionnaires, ont couru après le succès du Marvel Cinematic Universe inauguré voilà maintenant 9 ans par Iron Man. À savoir, réunir tous ses personnages pour un affrontement dantesque contre un ennemi cosmique pouvant provoquer l’anéantissement de toute vie dans l’univers. Le fait de lier les films permet de s’assurer une fidélité du spectateur qui ne manquera aucune des productions pour ne pas perdre le fil de l’histoire et achètera donc des tickets pour n’importe quel film (l’ambition artistique de développer un univers vaste n’est évidemment pas une priorité). Mais là où Marvel a pris 5 ans pour mettre en place tous ses pions, Warner a précipité son plan de campagne et vu trop grand, trop vite. Man of Steel a ridiculisé Avengers sur le plan de la destruction et des catastrophes, ce qui a provoqué une déception énorme pour la suite Batman V Superman : Dawn of Justice, et
- The Watcher
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Chronique
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PourquOI dIRE que «ton AvIS c'est d'la merde»,
C'est d'la merde. S’il est de notoriété publique que les “opposés s’attirent”, sur Internet la règle serait plutôt au “qui se ressemble s’assemble”. Il n’y a qu’à se pencher légèrement sur les vidéos d’un Durendal (“Durendal1” sur Youtube), ou - pour aller dans le moins convenu - d’un Daron et de sa chronique (“La Chronique du Daron”) pour se rendre compte de combien Internet n’aime pas les avis qui diffèrent de la masse. Pire : les commentateurs confortablement anonymes se croient dans leur bon droit en jugeant des commentaires sur un film “bon” ou “mauvais” selon s’il reflète assez ou non ce que “tout le monde en a pensé”. “Haha, mais Durendal il est trop nul, il a pleuré devant Lucy, ça prouve combien il connaît rien au cinéma !”. Ben non. Ça prouve rien.
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contribué, avec leur système de notation simple et accessible, à laisser la parole accessible à tous. tes.
Rappelons tout de même une banalité avant de commencer : de tous temps, les débats d’idées ont existé. À grands renforts de conférences publiques puis d’articles de journaux par la suite, les grands de ce monde se sont affrontés sur des questions parfois profondes, souvent futiles, et l’opinion publique semblait accepter l’existence de ces deux camps manichéens et de leurs discussions animées qui faisaient partie du jeu. Le cinéma n’a jamais été en berne sur ce sujet et une critique professionnelle gavée aux études s’est très tôt emparée de l’opinion cinéphile en créant des valeurs étalons du bon goût autour desquelles se sont greffées de nombreuses contre-cultures dont l’existence - bien qu’un peu dérangeante - semblait être tout à fait acceptée par l’élite intellectuelle. Et tout était bien qui finissait bien, chaque avis millimétré bien rangé dans sa petite boî-boîte. Et puis Boum, Internet. Et rien n’va plus.
Ce qui devait être un formidable outil de libération de la parole n’est hélas devenu qu’un prétexte à se livrer au concours de celui qui a la plus grosse référence cinématographique pour décrédibiliser le discours de son adversaire. Et ça a emmerdé, oh oui, et ça continue de faire chier, de savoir que Jean-Michel, 40 ans et fan de Fast and Furious, va pouvoir juger The Neon Demon au même titre que Rachida, 30 ans et amatrice de Nicolas Winding Refn depuis son plus jeune âge. Peut-être que le terme “débat” qui a encadré l’échange d’idées depuis des siècles n’est plus approprié pour ce que nous vivons aujourd’hui. Peut-être qu’il faudrait repartir de zéro dans une idée moins binaire d’affronter un avis “pour“ et un avis “contre”. Il serait sans doute temps de penser à la transversalité des avis, et se dire qu’il n’existerait ainsi pas d’avis contraires, mais uniquement des avis complémentaires. Une complémentarité qui ne ferait qu’apporter une richesse de point de vue et d’analyse sur une oeuvre, qu’elle nous permette de le voir par le biais d’un paysan de Charente ou par un doctorant de Sciences Po’.
La démocratisation de la parole sur Internet a fait voler en éclats toutes les catégories culturelles auxquelles nous étions habitués. Ici, plus de contre-culture ou d’intellectuels, les costumes changent au fil des pseudos. L’Avis n’est plus réservé à l’élite éduquée. Les sites comme Allociné ou SensCritique ont grandement
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Et peut-être qu’ainsi nous atteindrions enfin le but premier d’Internet : une véritable égalité et démocratie dans les idées. Car je pense qu’il ne faut pas oublier une donnée essentielle : on aime tous.tes, au fond, ce film que personne n’aime et que l’on regarde sans se lasser. Nous détestons tous ce chef-d’oeuvre apprécié par le monde entier qui nous fait nous battre pour assumer notre avis contraire. On a tous un peu de Durendal en nous. À nous de l’accepter chez les autres.
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- Dolores
Interview © pixabay.com - Kaboompics
La rencOntre Entretien avec Maxime Solito, journaliste et réalisateur des "Cinéphiles" Premier film de Maxime Solito, Les Cinéphiles (2017) parle des cinéphilies à travers des entretiens croisés de personnalités du cinéma, journalistes, essayistes, cinéphiles et réalisatrices. Produit par crowdfunding, ce documentaire est aussi une charge contre le manque de représentation des minorités et l’absence de films de genre dans le cinéma français récent. À ce titre, il se montre radical et assume totalement son parti pris. Qu’on adhère au propos ou qu’on y soit
réfractaire, il n’en reste pas moins que Les Cinéphiles interroge sur certains points aveugles et angles morts de la production française actuelle. Peux-tu parler rapidement de ton parcours ? M.S : Je viens d’une formation cinéma et journalisme. J’ai fait une école de cinéma à Paris et j’ai commencé à écrire des critiques de films sur Internet, sur des forums,
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des blogs... de fil en aiguille, j’ai commencé à faire de « vraies critiques », et ensuite j’ai été repéré par le rédac’ chef de Rockyrama, pour lequel je suis maintenant journaliste et réalisateur (Rockyrama a une boîte de production).
Les Cinéphiles, c'est ton premier film... quelle a été ton expérience du tournage, de l'écriture, du montage ? Est-ce que ça a été éprouvant ? M.S : Une énorme galère. Réaliser un film, ça revient à se ronger les deux bras... J’ai mis un an à l’écrire, parce que j’ai retourné cinquante fois chaque idée pour savoir, chaque scène, chaque question que je devais poser pour savoir si ça marchait... si c’était trop radical, trop spécialiste, trop grand public, si je creusais bien le sujet... En gros, j’ai mis trois ans à le faire. Au début, il fallait le financement, je me suis rendu compte que ma seule option était de passer par une plateforme kickstarter, ça a «marché. Je m’oEnsuite, ccupe de totalité duçason, il ala fallu tourner, a depuis tournage pris plusled’un an, puis jusqu’à plus d’unlaanpost de production. Mon métier couvre la prise montage, et ensuite il a fallu terminer de son, le montage son, le mixage, par la postproduction, l’étalonnage la composition production et le mixage,et la plus quelquesmusicale. effets Le réalisateur se consacre à l’image et je spéciaux... dirige les sonorités du film. » Quels ont été les documentaires qui ont pu t'influencer pour Les Cinéphiles ?
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M.S : J’ai eu plusieurs influences, il y en a une qui est complètement p r a g m at i q u e e t p a s d u t o u t passionnelle : celle de Michael Moore. Je suis pas forcément fan de ses méthodes mais je reconnais qu’il est très populaire et que sa manière d’aborder le sujet fait que sur certains films, on a été obligés de l’écouter et de prêter attention à son propos. Il a construit ses documentaires sur des structures de films classiques : une situation initiale, un conflit, des héros, des méchants, et une résolution. C’est très visible dans Bowling for Columbine (2002) qui a comme méchants Charlton Heston et la NRA (association de défense des armes). J’ai répété la même chose dans Les Cinéphiles, avec le type du CNC (ndlr : Centre National du Cinéma, établissement public chargé notamment de financer des créateurs français). Le directeur du CNC, c’est mon Charlton Heston. Il y a eu deux autres influences primordiales, celle de Guy Debord, artiste, sociologue, philosophe... en tout cas, c’est un mec qui a beaucoup compté dans l’activisme du cinéma français et a eu une énorme influence sur les techniques de montage de beaucoup d’a u t r e s , n o t a m m e n t M i c h e l Hazanavicius. C’est ma troisième influence pour le film, Hazanavicius. En fait, dans La Classe américaine (1993), t’as John Wayne qui fait du John Wayne, mais t’as aussi John Wayne qui dit que le fascisme c’est mal,
l’intolérance c’est mal, l’homophobie c’est mal. Le fait de détourner le cinéma pour faire dire des choses qui sont notre vision du monde, ça a vachement participé à l’écriture et au montage des Cinéphiles.
ont été mauvaises jusque-là et ce serait aller contre leur propre intérêt de changer les choses puisque jusqu’alors, tout a été fait pour les avantager. Pour que ça change, il faut que les gens qui les dirigent changent, et pour ça il faut virer tout le monde.
Tu dis aussi dans la fin de ton film que c'est « une déclaration de guerre ». Ça fait penser, en voyant ça aujourd'hui, aux réactions militantes à la programmation et la venue de Polanski à la Cinémathèque par exemple, comme aux accusations nombreuses d'agressions sexuelles outreAtlantique...
- Propos recueillis par Listener
- la pépite de l'interviewé Grave - Julia Ducournau (2016)
© Guillaume Bouqueau
M.S : J’applaudis de toutes mes forces toutes les actions qui sont menées comme ça. Si je devais refaire le film aujourd’hui, il y aurait vingt minutes de plus, ne serait-ce que sur ce qui se passe en ce moment, sur les accusations d’agressions sexuelles. Si on protège ces gars, si on continue à les applaudir, à les soutenir, à les recevoir, comme si rien ne s’était passé, parce que c’est des artistes, mais ça veut dire qu’on se met en dehors de la société et en dehors de la loi ! Au départ, mon discours de fin, il était beaucoup plus violent... Et en gros je disais que... il faut brûler ces endroits. Il faut virer chaque personne qui les dirige, parce que toutes leurs actions
Retrouvez cette rencontre en version longue sur notre site !
www.asso-lecran.fr 29
À ne pas louper
- CIAM -
Centre d’Initiatives Artistiques du Mirail
où
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© www.medecinsdumonde.org
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24 rue Montardy www.medecins dumonde.org/fcdh2018 www.americancosmograph.fr/
où
Bât La Fabrique - La Scène
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ciam.univ-tlse2.fr/
Quoi de mieux, pour commencer 2018 comme il se doit, qu’une bonne cuvée de films à prix réduits ? Rien, on vous le dit ! Comme chaque année le Festival Cinéma Télérama vous offre la possibilité de voir ou de revoir, dans les cinémas Art & Essai partenaires, les films incontournables sortis en salles en 2017 (120 battements par minute, Blade Runner 2049 entre autres…), pour seulement 3,50 € sur présentation d’un pass disponible dans leur magazine et sur leur site. Du 24 au 30 janvier. où
95 Grande Rue Saint-Michel
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www.cinema lecratere.com
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http://festivals. telerama.fr © http://festivals.telerama.fr
Dans le cadre du Festival Cinéma et Droits de l’Homme (du 13 au 25 janvier), le Cosmo, partenaire de l’événement régional, diffuse La bombe et nous (sorti en salles en 2017), documentaire de Xavier-Marie Bonnot, sur le thème de l’arme nucléaire. Cette projection sera suivie d’un débat animé par un intervenant. Le 21 janvier à 11h. Tarif unique 4 €.
© ciam.univ-tlse2.fr/
- L’American Cosmograph -
Rendez-vous au bâtiment de La Fabrique, le 24 janvier à 12h45 pour assister à la projection (gratuite) de Rouscaillou sort de l’ombre, courtmétrage réalisé par Yan Grill (sorti en 2017). Le film met en scène le chorégraphe Pascal Delhay dans le rôle d’un veilleur de nuit qui travaille dans une usine depuis 37 ans. Écrasé par l’ennui et la solitude, il rêve d’être un danseur d’Opéra. Cette séance s’inscrit dans le programme de la Résidence Pascal Delhay qui a lieu du 13 novembre 2017 au 12 juin 2018.
- Le Cratère -
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Les pépites du 7ème art selon nos chroniqueurs
- Jeux Vidéo Call of Duty WW2 : The Resistance (action, FPS) édité par Sledgehammer Game, sortie le 30 janvier PC // PS4 // ONE
- La Salle Nougaro -
- Cinéma -
Si vous êtes curieux de nature ou for tement intéressés par le domaine d e l’a u d i o v i s u e l et du numérique, le Gala de Projections Numériques, organisé par l’Aérophotoclub, est fait pour vous. Une occasion unique de découvrir l’art du montage audiovisuel au travers de projections et de photographies. Les 26 et 27 janvier, à partir de 20h30. Entrée libre.
Les heures sombres (biopic, historique, drame) de Joe Wright, sortie le 03 janvier
20 chemin de Garric
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sallenougaro.com/
LE CoMTE GRACuLA : Kördüğüm - Gökçen Usta & Deniz Yorulmazer (2015-2017) EYE IN THE DARK : La Chasse - Thomas Vinterberg (2012) THE WATCHER : Darkman - Sam Raimi (1990)
Si tu voyais son cœur (thriller, drame) de Joan Chemla, sortie le 10 janvier
LISTENER : Aux cœurs des ténèbres : L’Apocalypse d’un metteur en scène Eleanor Coppola, George Hickenlooper, Fax Bahr (1991)
In the Fade (drame, thriller) de Fatih Akın, sortie le 17 janvier
SuPERTRAMP : Shutter Island - Martin Scorsese (2010)
Sugarland (documentaire) de Damon Gameau, sortie le 24 janvier
DOLores : Collision - Paul Haggis (2004)
Oh Lucy ! (comédie dramatique) d’Atsuko Hirayanagi, sortie le 31 janvier
STELLA : Wrong - Quentin Dupieux (2012)
© KTSFotos
© IMDb.com © sallenougaro.com/ cine
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ARSLO : A Dangerous Method - David Cronenberg (2011)
Monster Hunter World (action, RPG) édité par Capcom, sortie le 26 janvier PC // PS4 // ONE
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MARILOu : Marvin ou la belle éducation - Anne Fontaine (2017)
- Eye In The Dark
- Contacts asso.lecran@gmail.com L'écran (uT2J) www.asso-lecran.fr L'écran (uT2J) Issuu.com