Le Bonbon Nuit 33

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littérature ® Bernier & Buot Ω Marie Guirlet

Alain Pacadis Clochard céleste

Alexis Bernier et François Buot rendent hommage à l’une des figures de l’underground français des années 70/80. Alain Pacadis, Itinéraire d’un dandy punk raconte les aventures de ce journaliste SDF flamboyant qui a connu le punk et le Palace et incarné une certaine idée de la contre-culture. Extrait.

Une année Palace. C’est en 1979 que j’ai eu trente ans, écrit Alain Pacadis, je préfère m’en souvenir le moins possible car ce fut une année où il ne se passait rien. La période punk était complètement terminée et dans les affres de l’after‑punk nous cherchions une nouvelle idéologie et une nouvelle éthique. Il est toujours difficile de suivre Paca et mieux vaut relativiser ce genre de déclaration. Après l’ouragan salvateur des punks, il lui reste quand même de quoi meubler toute une année avec les rendez‑vous du Palace. Il avoue dans ce même article : « C’était le centre du monde, j’y allais tous les soirs. » Durant toutes ces nuits, il croise un jeune homme qui fait la même chose que lui mais avec des dessins. Hippolyte Romain trace des silhouettes un peu floues de nightclubbers fardés. Le Palace est son terrain de chasse : « J’avais le monde entier qui passait en smoking ou bas résille. C’était le Casino de Paris de la grande époque tous les soirs, avec deux mille figurants pour faire le spectacle. » Accoudé au bar ou installé sur la scène, il passe le plus clair de son temps à observer ce lieu où l’incroyable finissait par passer inaperçu. Comment ne pas se souvenir d’un 21 —

japonais très sérieux qui se promène jusqu’à l’aube en combinaison de plongée fluo avec des palmes aux pieds, et de cette femme en nuisette qui passe la nuit avec un nain le nez collé à son postérieur ? Dans la folie générale, personne ne fait particulièrement attention à eux. Alain Pacadis raconte sa vie, de fête en fête : « Lundi en me réveillant vers 20 h 30, je suis allé à la lingerie‑party chez Pauline où tous les invités devaient être vêtus de lingerie et de dentelle… », « Mardi, dîner d’Hélène de Turckheim au Palace… » À l’occasion il se livre à quelques exercices théoriques : « La danse est le contraire de la mort car elle implique un mouvement et ce mouvement renvoie à la vie. » Il se souvient aussi qu’il fut rock critic pour présenter les groupes sur lesquels il danse au Palace ou aux Bains‑Douches, comme les B-52’s. « C’est le meilleur disque paru cette année et de loin. Un son complètement nouveau et parfait techniquement, des réminiscences soixante liées à l’utilisation de la technique la plus moderne. » Pacadis est au Palace pour leur concert parisien et multiplie les articles sur l’album. Pour annoncer leur tournée, il se lance dans un portrait délirant du groupe à partir des textes de leurs chansons. On passe d’une planète Claire au cœur d’un volcan en fusion, on croise un homard au milieu des sirènes ou une méduse enfourchant un cheval de mer. » Alexis Bernier et François Buot - Alain Pacadis, itinéraire d’un dandy punk (édition Le Mot et le Reste)

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