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Violence INFO
VIOLENCE FAITE AUX FEMMES: 90 % DE L’ICEBERG N’EST PAS VISIBLE!
Nathalie Igogène, directrice de Violence Info affirme que les cas de violence conjugale déclarés versus ceux qui demeurent cachés ressemblent à un iceberg: 10 % sont traités et 90 % passent sous silence. Et que beaucoup de cas n’arrivent pas à traverser les dédales administratifs, juridiques et sociaux. « Quand on parle de violence conjugale ou amoureuse, il y a plusieurs formes que subissent les femmes. Il y a les violences psychologiques, économiques, physiques, verbales, relationnelles, sexuelles et même la cyberviolence. Violence Info est plus qu’une ligne d’écoute d’urgence. À vrai dire nous sommes organisés et structurés pour venir en aide aux femmes qui subissent de la violence de leur conjoint et qui n’en peuvent plus et qui souhaitent trouver du répit et des solutions. Il y a des enfants qui sont témoins et victimes de ces situations. Nous avons les outils, l’expertise et l’équipe pour aider les familles aussi. Nos champs d’action sont évidemment l’intervention, la concertation, la sensibilisation, la recherche et la formation. »
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COMMENT TRAITEZ-VOUS L’APPEL D’UNE VICTIME DE VIOLENCE?
« Quand une femme appelle l’organisme, nous nous assurons de quantifier l’urgence de la situation. Nous avons des procédures qui aideront à établir un prédiagnostic d’urgence et de conditions. Suivront des suivis individuels qui sont adaptés aux besoins de chaque femme. Nous n’avons pas un canevas avec un maximum de rencontres et après débrouille-toi avec la suite. Non! C’est la femme qui sentira et nous dictera si elle est prête pour des décisions ou étapes suivantes. Nous avons aussi des rencontres et suivis de groupes qui sont fort utiles pour que des femmes puissent communiquer entre elles sur cette réalité. Cela permet de construire une solidarité entre elles et brise l’isolation. Nous avons des activités et outils de sensibilisation, des activités de formation pour offrir à plein d’organismes des façons d’agir et réagir quand ils suspectent qu’une personne est en proie à la violence ou tout simplement quand une personne dévoile qu’elle est victime de violence. Vous savez, la violence conjugale ne résulte pas d’une perte de contrôle, mais constitue au contraire un moyen choisi pour dominer l’autre personne et affirmer son pouvoir sur elle. Et cela peut avoir des conséquences désastreuses sur les femmes, et que dire aussi des enfants qui évoluent dans un milieu de violence. Plus de 60 % des femmes qui subissent de la violence ont été en présence de violence dans leur enfance. »
EST-CE QUE LA VIOLENCE EST BEAUCOUP RÉPANDUE AU QUÉBEC OU À QUÉBEC MÊME?
« C’est très dur à quantifier, mais dites-vous que seulement du côté de notre organisme, depuis 1989, nous avons offert plus de 13 000 cas de rencontres individuelles avec enfants, plus de 16 000 services d’écoute téléphonique. Prenons l’exemple de l’iceberg, si ces chiffres ne sont que 10 % des cas de violences et ajouter les cas traités avec d’autres organismes et services, nous sommes devant un immense bassin de femmes dans le besoin. Les statistiques montent depuis quelque temps. »
LA CRISE PLANÉTAIRE DE COVID-19 A-T-ELLE UN IMPACT SUR LA VIOLENCE CONJUGALE?
« Oh que oui, les rumeurs que l’on entend sur les difficultés que rencontrent les couples sont tout à fait palpables. Il y a presque de 35 à 30 % d’augmentation d’appels à l’aide de femmes aux prises avec de la violence. Quand on pense que 75 % de la violence vient du conjoint après une séparation, cela nous laisse présager qu’on est loin de voir la violence s’atténuer. Il y a même du danger de burnout pour les intervenantes qui sont sur la limite de ce qu’elles peuvent accomplir. »
PEUT-ON ESPÉRER VOIR LA VIOLENCE FAITE AUX FEMMES ÊTRE ENRAYÉE UN JOUR?
« Ça va prendre beaucoup de mobilisation, des changements au niveau des législations et des dispositions juridiques. Nous avons besoin que les gouvernements se penchent vraiment là-dessus et planchent avec effort pour faire évoluer les choses. »
Merci, Mme Igogène
Il faut savoir que la violence conjugale touche aussi les couples de femmes du même sexe et que Violence Info ne discrimine aucune personne qui s’affiche comme femme. Visitez le site Internet au www.violenceinfo.com Violence Info : 418 667-8770