La quete numero 169 novembre 2014c

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Le magazine de rue de Québec

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Objectif passion

• Tintinologue averti • La balance de la passion

Concept : Publicis Montréal Photographie : Shayne Laverdière Maison de production : La Cavalerie

2014-09-16 10:35

No 169 Novembre 2014

• Fou des maths • Le prix à payer

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SOMMAIRE POUR LE PLAISIR DE LIRE

DOSSIER

OBJECTIF

PASSION

20

La montagne

21

Viêts around the clock

08-09 La balance de la passion

22

Le gun

10

Fou des maths !

23

Himalaya

11

Le prix à payer

24

Relevez

13

Vivre à fond

25

Relevailles

14

Papillons, littérature et œuvres d'art

26

Lettre à l'amour

27

Métamorphose

Les familles de Simone Voisine

29

Hommage à Sœur Simone

16

La passion de la vie

30

Au loin

17

S'envoler sur quelques notes

31

Cœur en fraîcheur

07

15

Tintinologue averti

18

Le jeu de La Quête

19

La langue dans sa poche

Photo: Luc-Antoine Couturier

JEUX CHRONIQUES 06 12

34

NOVEMBRE 2014

Réflexions au bord du lac La réforme du système de santé et les démunis

LA QUÊTE

Courtoisie: Camille Nadeau

Un peu, beaucoup, passionnément...

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PAGE COUVERTURE Pierre Skilling et Éléonore

RÉALISER L’ESPOIR

Photo : Luc-Antoine Couturier lucantoinecouturier@gmail.com

Camelots recherchés

L’Archipel d’Entraide, organisme à but non lucratif, vient en aide à des personnes qui, à un moment donné Hey toi! de leur existence, sont exclues du marché du travail ou vivent en marge de la société. Ces laissés Tu as 18compte ans ou plus. pour cumulent différentes problématiques : santé mentale, itinérance, toxicomanie, pauvreté, Tu veux te faire quelques dollars? etc.

Dans la foulée des moyens mis en place pour améliorer le sort des plus défavorisés, l’Archipel d’Entraide lance, en 1995, le magazine de rue La Quête. Par définition, un journal de rue est destiné Travaille à ton compte. Pas d’horaire. à la vente sur la rue !par Vends le magazine de rue La Quêtedes personnes en difficulté, notamment des sans-abri. La Quête permet ainsi aux camelots de reprendre confiance en leurs capacités, de réaliser qu’à titre de travailleurs Pour plus d’informations autonomes ils peuvent assumer des responsabilités, améliorer leur quotidien, socialiser, bref, Appelle-nous au certain pouvoir sur leur vie. reprendre un

418 649-9145 poste 33 Ou L’Archipel d’Entraide, composée d’une équipe d’intervenants expérimentés, offre également des Viens nous rencontrer au services d’accompagnement 190, rue St-Joseph Est (coin Caron)communautaire et d’hébergement de dépannage et de soutien dans la recherche logement par le biais de son service Accroche-Toit.

Dans l’église d’un Jacques-Cartier

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JOURNALISTES Alicia Beauchemin, Jean Louis Bordeleau, Marie-Pier Cayer, Véronik Desrochers, Rabéa Kabbaj, Mathieu Massé AUTEURS Michel Bonnelly, Philippe Bouchard, Jean-Pierre Coljon, Jasmin Darveau, Jean-Pierre Drolet, Laurence Ducos, Gaétan Duval, François Gagnon, Pierre Labrie, Mélissa Picard, Jacques Pruneau, Bernard St-Onge, Christiane Voyer AUTEURS DES JEUX Hélène Huot, Jacques Carl Morin, Ginette Pépin RÉVISEURES Véronik Desrochers, Geneviève Loiselle, Nathalie Thériault PHOTOGRAPHES Luc-Antoine Couturier, Camille Amélie Koziej-Lévesque CORRECTRICE D'ÉPREUVES Véronik Desrochers INFOGRAPHISTE Karyne Ouellet IMPRIMEUR Les Impressions STAMPA inc.

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LA QUÊTE

NOVEMBRE 2014

MOT DE LA DIRECTRICE

OBJECTIF PASSION naire. Martine Corrivault nous donne un avant-goût de la biographie Sœur Simone Voisine, La force tranquille de l'engagement, parue en avril 2014.

TABLEAUX DE GUERRE...

Photo: Luc-Antoine Couturier

Hasard ou non (!), deux auteurs de La Quête, Laurence Ducos et Jacques Pruneau esquissent les visages funestes de la guerre. À méditer... et pas seulement le 11 novembre !

Pour se moquer de la grisaille de novembre, l'équipe de La Quête a préparé un numéro aux couleurs de la passion.

Passion. Dès que ce mot est prononcé, l'imaginaire foisonne de cupidons voltigeant allègrement en dessinant un cœur le symbole incontournable de l'amour.

Pourtant, l'objet de ce sentiment vif, voire violent, peut être tout autre qu'humain.

C'est le cas de Pierre Skilling qui, dès l'enfance, est « tombé amoureux » des bandes dessinées de Tintin. À tel point qu'à douze ans, non seulement il dévorait les albums du reporter aux cheveux roux, mais s'intéressait aussi à son créateur et lisait Entretiens avec Hergé, la première biographie de Georges Rémi (Hergé). Si l'intérêt de M. Skilling pour Tintin a fluctué au cours de sa vie, il n'en a pas moins fait son sujet de maîtrise en politique.

Mathieu Massé a rencontré ce Tintinologue averti ! Étonnamment, peu de spécialistes s'intéressent à la question de la passion. Il semblerait même qu'au Québec, il y en n'ait qu'un seul : le Docteur Robert Vallerand, professeur à l’Université du Québec à Montréal (UQAM) et pionnier dans les recherches sur la passion ! Deux journalistes de La Quête se sont adressés à lui afin de cerner les aspects positifs et négatifs – oui, il y en a ! – de cet état pour le moins intense.

Peut-on aimer les maths au point d'en être passionné ? Oui! Depuis 1972, Jean-Marie De Koninck enseigne au département de mathématiques et de statis-

NOVEMBRE 2014

tiques de l’Université Laval. Cependant, il ne se contente pas de transmettre son appétit pour cette science de la quantité et de l'ordre à ses étudiants. Il multiplie les actions, plus originales les unes que les autres, pour faire découvrir l'utilité et le plaisir des maths à M. Tout-le-Monde, comme le rapporte Marie-Pier Cayer !

Malgré toute la ferveur qui les habite, les passionnés doivent parfois consentir à de grands sacrifices pour en faire un métier.

Dans Le prix à payer, Rabéa Kabbaj s'est entretenu avec trois artistes : un écrivain, un danseur et un humoriste qui ont fait le grand saut.

Papillons, littérature et œuvres d'art de Philippe Bouchard fait référence à des collectionneurs d'hier et d'aujourd'hui qui se sont livrés corps et âme à l'objet de leurs désirs. « Celui qui se perd dans sa passion perd moins que celui qui perd sa passion » écrivait St-Augustin. Exagéré, croyez-vous ? Pas tant que ça ! Certains meurent de se voir priver de leur plaisir , relate M. Bouchard.

Avoir sa vie comme objet de désir : ça se traduit par vivre intensément son quotidien, savourer chaque moment, défendre ses idées, parfois férocement, ou dorloter sa vie intérieure. Les auteurs de La passion de la vie et Vivre à fond savent comment ajouter les ingrédients à leur existence pour qu'elle bouillonne.

Parlant de novembre, ce mois des morts, du gris et de l'arrivée du froid rime avec désir de cocooner. Pour les camelots de La Quête, c'est le début de la période difficile de l'année : il faut qu'ils s'arment de courage pour faire le pied de grue sur le trottoir avec l'espoir de vendre les quelques exemplaires qui leur permettront de s'offrir une soupe chaude ou un café fort. Si vous lisez ces lignes, c'est que vous les avez encouragés. On ne saurait trop vous en remercier !

Bonne lecture, FRANCINE CHATIGNY

LE BLOGUE DE LA QUÊTE !

Depuis juillet, La Quête a un blogue où sont hébergées les éditions de février 2012 à aujourd'hui du magazine de rue de Québec. Vous pouvez y consulter les archives en format ISSUU ou PDF. De plus, ces versions électroniques sont Copyleft. « Le terme copyleft est un jeu de mots construit par opposition au terme copyright. Dans sa structure, il joue sur l'opposition droite/gauche (right/ left). Dans sa signification, il s'appuie sur l'autre sens de left qui est “ laisser, oublier ”. L'idée suggérée par Copyleft est donc laisser copier ».* Vous pouvez donc utiliser et diffuser ses contenus tout en protégeant l’intégralité de l’original et en mentionnant le nom des auteurs. * Source Wikipédia

Ainsi en a-t-il été pour Sœur Simone.

Cette religieuse a su, malgré le cadre rigide des congrégations, faire de son engagement un parcours peu ordi-

LA QUÊTE

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UN PEU, BEAUCOUP, PASSIONNÉMENT...

La passion est ce mouvement affectif intense qui amène une personne à centrer son intérêt sur un objet, une idée ou un individu. La passion jouit d’une bonne presse de nos jours : il faut se passionner pour son travail, on ne peut aimer qu’avec passion, plusieurs pratiquent leur sport passionnément, les gens se disent passionnés de voyages.

La passion des idées entraîne des chercheurs à se consacrer à un seul domaine pendant toute une vie. On connaît les membres de la famille De Koninck de l’Université Laval qui tripent à se pencher sur des problèmes mathématiques, dans le cas de Jean-Marie, de médecine sociale, dans le cas de Maria, ou de géographie asiatique, dans le cas de Rodolphe.

Or, au cours de l’histoire, la passion n’a pas toujours été considérée aussi positivement. Le philosophe grec Zénon de Cition disait il y a 2000 ans : « La passion est un ébranlement de l'âme opposé à la droite raison et contre nature ». Il laisse entendre par là que la passion, c’est contre nature! Et contre la raison ?

Contre la pensée critique en tout cas (voir le numéro précédent de La Quête).

Le célèbre dramaturge George Bernard Shaw expliquait il y a 50 ans qu’il existe en effet des passions plus excitantes que les passions affectives. Il écrit : « La passion intellectuelle, la passion des mathématiques, la passion pour l’exploration et la découverte sont les plus puissantes des passions ». Si ce ne sont pas les plus puissantes à mes yeux, je suis d’accord pour dire qu’elles sont enivrantes.

Il y a différentes sortes de passions. Il se trouve des passions banales comme la passion des objets, des passions plus « nobles » comme les passions intellectuelles et il existe des passions troublantes pour l’âme que sont celles dirigées vers des personnes.

PASSIONNÉS POUR UNE PERSONNE

PASSIONNÉS D’OBJETS

Troublante en effet : « L’amour est aveugle », dit l’adage. La personne amoureuse ne s’arrête plus au masque, elle voit les qualités « à travers » les apparences. Or, l’amour est aveugle, en effet, quand on apprend à quelle bassesse une personne amoureuse est prête à se soumettre pour un partenaire ingrat. Troublante, la passion !

L’exemple typique du passionné d’objets est le collectionneur.

Il peut satisfaire sa passion à titre d’amateur et l’entretenir alors comme un loisir : c’est le cas du collectionneur de canettes de bière, de figurines de super héros ou de bâtons de rouge à lèvres.

Certains collectionneurs, qui pensent nourrir un passe-temps inoffensif, finissent par consacrer d’innombrables heures à amasser leurs pièces, fouillant les brocantes et les sites Internet ou parasitant leurs relations. Cette activité occupe parfois toute une vie, comme c’est le cas pour l’entomologiste Georges Brossard, qui a déjà épinglé 500 000 papillons.

Une personne peut également collectionner en tant que professionnel, comme le fait le conservateur d’un musée des beauxarts ou le naturaliste responsable d’un herbier régional.

PASSIONNÉS D’IDÉES On peut par ailleurs consacrer sa vie à réfléchir à des problèmes intellectuels : c’est une occupation passionnante. En tout cas, certains y trouvent un plaisir indéniable, parfois au point d’oublier les choses ordinaires de la vie. Le physicien Albert Einstein était connu pour être particulièrement distrait; l’économiste Adam Smith, perdu dans ses pensées, culbuta dans la fosse puante d’un tanneur ; l’informaticien Norbert Wiener, après avoir déménagé dans un quartier proche du précédent, fut incapable de retrouver sa nouvelle maison et, s’obligeant à demander l’aide d’une jeune fille, se fit répondre : « Bien sûr que je peux t’aider, papa. Suis-moi ».

06

La passion pour les personnes est la plus questionnée. Elle est à la fois la plus délicieuse et la plus troublante.

Mais l’amour est une passion si délicieuse. Quand une personne tombe sur « sa moitié », elle subit un coup de foudre, un choc.

On l’aperçoit ragaillardie, vivant d’une vitalité décuplée. Tout l’entourage réalise qu’il se passe quelque chose — parfois avant même que la personne amoureuse le sache elle-même. Tout se pare, pour elle, de qualités avivées : le paysage est plus vert, la bouffe plus goûteuse, le temps plus court. La Vie tout entière est plus légère. L’avenir est plus positif et les noirceurs du passé s’évanouissent dans le bleu du ciel.

Toutefois, il reste un sentiment envers les personnes qui est plus tempéré que l’amour : c’est l’amitié. Il y a quelques années, le sociologue Francesco Alberoni écrivait : « L'amitié et l'amour prennent source en des lieux d'essence différente : l'amour dans la passion et la soumission; l'amitié dans le jugement et la raison ».

L’amitié est sans doute un sentiment plus maîtrisé, car elle allie affection et raison. Mais qui n’a jamais rêvé de vivre une passion enivrante, démesurée, totale ?

LA QUÊTE

CLAUDE COSSETTE PUBLICITAIRE ET PROFESSEUR DE PUBLICITÉ SOCIALE

NOVEMBRE 2014

TINTINOLOGUE AVERTI Pierre Skilling est tintinologue. Depuis tout jeune, sa passion pour Tintin le suit et il en parle avec des yeux brillants. Ses propos sont remplis de souvenirs et de pensées se rattachant à ce héros à la couette levée. Il a accepté de nous parler de ce qui est devenu pour lui le sujet d’un livre intitulé Mort aux tyrans, Tintin, les enfants, le politique. tion, il faut commencer par le début. Dans Tintin au Congo, on voit très bien que c’est une pensée qui est plus colonialiste.

Il se considère un peu au-dessus des “ petits nègres ”, puis après ça il évolue et s’ouvre aux autres. Il devient un Européen moderne », fait-il observer.

Par contre, dès que l'entrevue commence, on sait qu'on a affaire à un connaisseur, mais pas comme les autres. M. Skilling se considère comme un tintinologue, « mais pas comme ceux qui savent le numéro de plaque d’immatriculation de la voiture qui dépasse le train dans L’Oreille cassée ou le nombre de boutons sur l’habit du soldat dans Le sceptre d’Ottokar », illustre-t-il.

Il préfère de loin se concentrer sur l’univers de cette série qui, souligne-t-il, est beaucoup plus profond qu’il n’y paraît.

Selon le tintinologue, la plus grande « cassure » dans l’attitude de Tintin est le moment où il rencontre ses amis, le Capitaine Haddock et le professeur Tournesol. « À un certain moment, Tintin va arrêter de vouloir sauver le monde pour se tourner vers son monde », observe-t-il. On va le voir dans Le Temple du Soleil où Tintin va vivre l’aventure, mais simplement pour sauver son ami le professeur. Ou dans L’Affaire Tournesol.

TINTIN, UNE PASSION QUI VA ET VIENT « Mort au tyrans est parti de ma maîtrise en science politique Pierre Skilling dans son univers Tintin « Les passions, je ne sais pas si c’est comme de l’Université Laval. Je suis allé beaucoup plus loin grâce au livre », af- les passions amoureuses, mais des fois ça firme M. Skilling. Il a décidé de faire vient, ça part, puis ça revient encore plus une analyse de Tintin et de son univers, fort », analyse M. Skilling, pensif. C’est mais aussi de son influence sur la poli- un peu ce qui lui est arrivé. Adolescent, il s’est un peu éloigné de tisation des jeunes. Tintin son héros, puis c’est plus est passé par pratiquement Tintin participe tard, au détour d’un métous les grands événements activement à une marquants du siècle, es- certaine politisation moire de maîtrise, prémices de son livre, que time M. Skilling. Que ce des jeunes.

Tintin lui est revenu, puis soit le Chicago d'Al Capoqu’il n’est jamais reparti. ne (seul méchant réel de toute la série), l’Union soviétique dans Tintin au pays « J’ai toujours continué par après : confédes Soviets ou même dans On a marché rences, livres, etc. Je lui trouve toujours de sur la lune (paru avant l’événement réel), nouvelles dimensions », poursuit-il. le héros participe activement à une cer- L’ÉVOLUTION D’UN taine politisation des jeunes.

PERSONNAGE En se fiant à sa propre expérience avec le personnage, il explique également : « La photo de couverture de mon livre est un bel exemple d’une période de ma vie où les choses n’allaient pas particulièrement bien dans ma vie… dans ma famille.

Tintin, à cette époque-là, m’a en quelque sorte accompagné ».

NOVEMBRE 2014

Photo: Luc-Antoine Couturier

À quoi s’attendre lorsqu’on rencontre un tintinologue ? Difficile à imaginer, mais quand Pierre Skilling se pointe devant moi à L’Inox, pas de couette dans les airs, ni même un petit chien blanc remuant la queue derrière lui. Pas l’ombre d’un Tintin dans les parages.

Tintin veut préserver ce qui deviendra sa famille et sa maison.

Moulinsart, le Capitaine et le professeur sont ce pourquoi il vit ses aventures dans la deuxième moitié de la série.

MATHIEU MASSÉ

ANECDOTE AMUSANTE Tintin au Tibet est la seule aventure où on ne retrouve pas de méchant. En effet, même le Yéti, qui aurait très bien pu en être un, ne fait que protéger le jeune ami de Tintin. Ce serait, selon M. Skilling, une idée de la coloriste de Hergé, dont il était tombé amoureux, de ne pas y intégrer de personnage malintentionné, pour une fois.

Pierre Skilling connaît très bien l’univers de Tintin. Il en connaît les rouages et les mécanismes. Il explique qu’Hergé se projetait beaucoup dans son personnage, dans ce qu’il vivait. L’évolution du personnage est donc également celle de son auteur. « Si on veut comprendre l’évolu-

LA QUÊTE

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LA BALANCE DE LA PASSION Il existe des passions pour tous les goûts. Docteur Robert Vallerand, professeur à l’Université du Québec à Montréal (UQÀM), est pionnier dans les recherches sur la passion depuis 2003. Quelque 50 000 passions étudiées plus tard, il est aujourd’hui en mesure de tirer quelques conclusions. Deux journalistes de La Quête se sont entretenus avec lui.

INCLINAISON POSITIVE Skier dans les pires conditions climatiques, collectionner des automobiles en modèles réduits jusqu’à ne plus savoir où les mettre, consacrer sa vie à une cause politique comme l’indépendance du Québec, donner tous ses biens pour partir en voyage autour du monde : les passionnés sont prêts à tout pour assouvir leur désir. Mais comment s'explique un tel engouement, Dr Vallerand ?

d’essayer une panoplie d’activités, pour éventuellement tomber en synergie avec les habiletés, les goûts et les intérêts personnels du jeune », précise-t-il. En 2010, Geneviève Mageau, de l’Université de Montréal, s'est aussi penchée sur le sujet. « Les enfants et les jeunes adultes sont plus susceptibles de pratiquer assidûment un sport, un instrument de musique ou tout autre passe-temps, s'ils ont la possibilité de laisser libre cours à leur passion », peut-on y lire.

Bien plus que les définir, parfois une La passion se qualifie comme « une vive passion sort les adolescents de situations inclinaison ou attirance vers une acti- difficiles. « Les passions peuvent sauver vité que l’on aime, qui est importante des vies, carrément. Le jeune s’investit dans une activité plus positive, plus adappour nous, qui peut aller tative, et il se met à triper. jusqu’à servir de point « Les passions Les besoins psycholod’ancrage pour organiser peuvent sauver des giques comblés par un toute sa vie et à laquelle gang de rue, par exemple, on va consacrer beaucoup vies, carrément ! » peuvent être comblés ailde temps ». Cette activité ~ Docteur Robert leurs, dans la boxe, le baspeut devenir tellement Vallerand ket et cela raccroche à la importante qu’elle fait vie, à la société », confirme partie de l’identité de la monsieur Vallerand. personne : « Je ne fais pas que jouer au basket, je SUIS un joueur de basket ».

LES « SANS PASSION » Une passion, ça sert à quoi ? Il s’agit d’un « endroit qui ajoute au bien-être psychologique et au plaisir d’une personne », explique le professeur. Non seulement elle développe ses compétences et son autonomie, mais elle permet également de communiquer socialement et de créer un sentiment d’appartenance. En général, les gens sont impliqués pour plusieurs années, en moyenne 8 à 10 heures par semaine.

Une passion est qualifiée d’harmonieuse lorsque bien intégrée dans l’identité de la personne, en harmonie avec le reste de sa vie. « Je joue au basketball, je joue de la musique, est-ce bien intégré avec mon rôle de professeur d’université, mon rôle de conjoint, de père, etc. ? », donne-t-il en exemple.

PASSION CHEZ LES JEUNES L’activité passionnante débute à l’adolescence au moment où les jeunes sont à la recherche de ce qui les définit. « D’où l’importance de leur offrir la possibilité

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Les non-passionnés, « une question à 100 000 $ ! », s’exclame le Fellow de la Société canadienne de psychologie, qui avoue ne pas savoir grand-chose à propos de ces genslà. Des travaux sont justement commencés pour en savoir plus à leur sujet. Pourquoi sont-ils sans passion? Probablement en raison de prédispositions génétiques et de l’environnement social dans lequel l’individu se trouve. « L’aspect d’apprentissage est extrêmement important, affirme le docteur, même avec des prédispositions héréditaires, l’environnement peut court-circuiter l’effet génétique.

D’un autre côté, pour que l’élément génétique soit activé, ça prend un environnement favorable ».

Courtoisie: Camille Nadeau

ABC DE LA PASSION

Nom : Camille Nadeau Passion : les voyages Prochaine expédition : le tour du monde!

Bientôt, elle donnera presque tous ses biens matériels pour partir « plus légère ».

La recherche d’une passion doit toutefois se faire sans pression au risque de se décourager, voire pire, de contracter une passion obsessive à cause de l’obligation de s’en trouver une. « Sans vouloir faire de jeu de mots, cette quête, doit vraiment être autodéterminée par la personne », conclut le spécialiste québécois de la passion.

VÉRONIK DESROCHERS

TROUVER SA PASSION Monsieur Vallerand propose de fouiller « à l’intérieur » pour trouver sa passion. « Qu’est-ce que t’aimes faire, quelles sont tes forces, dans quoi t’es bon ? Quand t’étais ado, qu’est-ce qui te faisait triper ? »

LA QUÊTE

NOVEMBRE 2014

Courtoisie: Archives Web

Docteur Robert Vallerand

INCLINAISON NÉGATIVE On connaît la passion amoureuse pour la volupté qu'elle génère. Que ce soit pour un être humain ou pour une activité sportive, la passion a le même processus psychologique, seul change l’objet du désir. Par contre, une passion peut s’avérer plus négative que positive. L’obsession survient lorsque l’activité crée des conflits avec les autres éléments de la vie.

Par exemple, une passion obsessive vis-àvis son travail mène souvent au burn out.

En saisissant bien son mécanisme, on comprend comment une passion peut dégénérer, explique M. Vallerand, entre autres auteur d’un livre à venir intitulé Psychologie de la passion. « D’abord, il faut comprendre la fonctionnalité : à quoi ça sert cette passion ? Si par exemple, j’ai quelqu’un qui n’aime pas sa job, ça va mal à la maison avec sa femme et ses enfants, pas beaucoup d’amis, mais son bowling là, touches-y pas ! Parce que son bowling, c’est son activité la plus importante dans sa vie. Lui là, il y a pensé toute la semaine !

Pour lui, c’est un élément central dans sa vie. C’est une passion obsessive », illustre M. Vallerand, docteur en psychologie.

ESCLAVE DE SES PASSIONS Les activités d’un individu deviennent « obsessives » souvent pour « compenser » un vide dans sa vie. « La passion obsessive vient […] d’une absence de satisfaction de besoins psychologiques », explique M. Vallerand. « Vu que c’est la seule place qu’il va vivre [une satisfaction], il va vouloir y retour-

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ner. Vu que c’est la seule place où il va ceux qui ont une passion obsessive sont vivre ça, il va vouloir passer plus de temps, prêts à blesser », interprète M. Vallerand. il va mettre les autres choses de côté dans sa vie. Si tu mets les autres choses de côté Cette façon de réagir à la perte de l’obdans ta vie, elles vont devenir de moins en jet de sa passion s’explique aussi « par moins importantes, tu t’impliques moins, une foule de facteurs », entre autres par le passé du passionné. Si tu te distances des autres une personne a grandi en personnes dans ta vie. « La passion voyant ses parents réagir Finalement, tu fais une obsessive vient de façon violente, il y a seule activité à la limite, d’une absence de sa- fort à parier que l’enfant comme c’est souvent le cas avec les gens avec des tisfaction de besoins réagira de la même façon. problèmes de jeu, d’al- psychologiques ».

C’est pourquoi le psycool, etc. », démontre le ~ Docteur Robert chologue juge que c’est professeur de l’UQÀM. Vallerand important d’être en contact avec d’autres moLa passion féroce n’est pas dèles. « Les grands frères, nécessairement une passion « carnivore », comme le dit M. Val- grandes sœurs c’est tellement précieux », lerand. « La passion obsessive, c’est que conclut-il. « Non pas quand ça va bien, t’aimes encore ça. Dès que tu veux arrêter, mais quand ça va mal ». c’est que tu n’aimes plus ça, là. T’es pogné dans un cercle vicieux et t’as besoin d’aide pour arrêter ». Donc, quand on se dit « si je pouvais m’arrêter de faire ça », c’est que le plaisir est devenu un problème.

JEAN LOUIS BORDELEAU

Pour s’en sortir, « la meilleure façon c’est d’inclure dans sa vie d’autres éléments passionnants ». C’est beaucoup plus facile d’ajouter des passions dans sa vie que d’arrêter de faire sa seule passion.

Autrement dit, varier ses passions, c’est en garantir l’harmonie. Par exemple, si l’activité passionnante est faite seule, il serait judicieux de s’embarquer dans des activités avec les amis, la famille. « C’est difficile d’être obsessif pour plus d’une activité », résume M. Vallerand.

LES PASSIONS CRIMINELLES À l’extrême, le fait de perdre l'objet de sa passion obsessive est compensé par la violence. Les passions se transforment alors en crimes passionnels : si je ne peux l’avoir, alors personne ne l’aura.

Le cas récent de l’infanticide de Guy Turcotte, le médecin qui a tué ses enfants après la rupture amoureuse avec la mère, est du même ordre. Même si dans ce cas la passion n’est pas « mesurée », pour le docteur en psychologie, « ça pourrait fort bien être relié à ça. Il voulait tellement punir la personne qu’il l’avait fait souffrir ».

Dans le sport, la violence s’exprime simplement différemment. « Si un adversaire vient pour marquer un point important, s’il marque et que je vais perdre le match,

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FOU DES MATHS !

Courtoisie: Jean-Marie De Koninck

Avoir la chance de vivre de sa passion est un cadeau immense. En marier deux est encore plus incroyable. C’est le cas de Jean-Marie De Koninck, maniaque des mathématiques et passionné de l’enseignement.

JEAN-MARIE DE KONINCK Professeur au département de mathématiques et de statistiques de l’Université Laval depuis 1972, Jean-Marie De Koninck s’est fait découvrir du public québécois entre autres par la fondation d’Opération Nez rouge, le système de raccompagnement pour les conducteurs ayant les facultés affaiblies, et par sa nomination à la présidence de la Table québécoise de la sécurité routière.

Bien que très engagé dans des causes sociales, M. De Koninck est avant tout un homme de science à la tête de nombreux projets éducatifs, dont Sciences et mathématiques en action (SMAC) et la pièce de théâtre Pluton va en appel.

Sa mission : « renforcer chez les jeunes l’intérêt pour les mathématiques et les sciences et démystifier les mathématiques auprès de la population en général ». « Le mythe véhiculé dans la population en général, c’est que les maths c’est sérieux et réservé à l’élite. Mais c’est tout le contraire! C’est utile et accessible pour monsieur et madame Tout-le-monde », lance le professeur. « Que ce soit pour comprendre les détails d’un sondage ou bien les probabilités de gagner à la Loto, on a tous besoin d’un minimum de concepts mathématiques ».

D’ailleurs, ce mythe a pu se développer avec le repli sur eux-mêmes des profes-

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seurs. « Quand j’ai commencé à faire des conférences et à faire profiter mon savoir il y a 20 ou 30 ans, je me sentais un peu seul. C’est notre devoir en tant que professeur de partager notre savoir avec le plus grand nombre possible. Il faut absolument arrêter de ne le faire qu’entre nous! Il y a maintenant beaucoup plus de professeurs qui s’engagent là-dedans et j’en suis très heureux », confie-t-il.

Dans la foulée de SMAC, Jean-Marie De Koninck et son équipe ont mis sur pied le Show Math, un spectacle-conférence destiné aux jeunes du secondaire et au grand public où l’humour, les mathématiques et le multimédia se rencontrent et pour faire « voir que les mathématiques vivent en dehors des maths », explique le professeur.

évident. « À la première écriture, il y avait énormément d’équations. Un étudiant en théâtre qu’on avait engagé au début les a toutes enlevées, car il trouvait le sujet trop chargé », affirme M. De Koninck. Ils ont plutôt fait un compromis et gardé les formules essentielles, à la grande joie du principal intéressé !

Le mathématicien tient aussi à spécifier que la NASA a lancé une première sonde spatiale vers Pluton en janvier 2006. New Ho« Le mythe véhiculé dans la population en rizons visitera la planète naine en juillet 2015. « On général, c’est que les explique aussi le concept maths c’est sérieux du voyage de cette sonde et réservé à l’élite. qui utilise de l’énergie Mais c’est tout le gravitationnelle d’autres planètes pour se propulcontraire ! » ser. C’est donc aussi un ~ Jean-Marie sujet extrêmement d’acDe Koninck tualité ! »

La pièce de théâtre Pluton va en appel a été mise sur pied pour faire honneur à l’astronomie, la science qui « a donné naissance aux maths un peu. C’est surtout pourquoi les maths ont pris tant d’essor. On a utilisé des explications mathématiques pour déterminer les mouvements des astres.

Il y a une association naturelle entre les maths et l’astronomie ».

Présentée aux quatre coins du Québec et quatre fois à Paris, la pièce de 45 minutes fait la lumière sur l’exclusion de Pluton à titre de planète de notre système solaire en août 2006.

Sa plus grande prime est lorsqu’il voit briller les yeux d’un élève qui a compris. « On le voit quand un étudiant comprend et il sera peut-être tenté de poursuivre ses études en maths ou en sciences. […] Il y a beaucoup trop de talents chez nos jeunes qu’il ne faut pas gaspiller ».

MARIE-PIER CAYER

* Jean-Marie De Koninck et son équipe se déplacent dans les écoles primaire et secondaire. www.smac.ulaval.ca

« Pluton a été découvert en 1930 et il a été considéré dans ce temps comme planète.

Mais un peu avant 2006, les astronomes ont découvert des astres aussi gros et à peu près à la même distance de la terre que Pluton », explique le mathématicien, la voix animée, désireux de partager son savoir. « C’est à ce moment que l’Union astronomique internationale a disqualifié Pluton selon trois critères et il est devenu une planète naine », poursuit-il.

Expliquer les concepts mathématiques tout en les gardant clairs n’est pas si

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LE PRIX À PAYER Entre avoir une passion et se donner les moyens d'en vivre, il y a un pas que certains n'hésitent pas à franchir. Des paris risqués mais relevés avec succès, au terme de parcours qui ne sont pas toujours exempts de sacrifices comme en témoigne ces trois passionnés. ÉCRIRE COÛTE QUE COÛTE Si à 29 ans Félix Villeneuve vient de publier son premier recueil de nouvelles, L'Horloger, sa piqûre pour la littérature ne date pas d'hier. « À l'âge de dix ans, je voulais devenir écrivain, c'était sûr et certain », confie l'auteur de Québec. Après un baccalauréat en études anciennes, M. Villeneuve enchaîne les emplois, avant de se rendre à l'évidence : il souhaite se consacrer entièrement à l'écriture. C'est chose faite depuis un an et demi. Une décision qui s'accompagne de défis, mais que sa compagne et lui ont choisi d'assumer. « C'est sûr qu'il y a beaucoup de difficultés. Le plus gros problème là-dedans, c'est la difficulté financière. Moi je suis chanceux, ma conjointe est capable de nous faire vivre toute la famille. On est confortables. Je peux faire ça sans trop me priver, mais il y a quand même une différence énorme entre deux salaires qui entrent et un seul », explique l'auteur.

seur de la troupe montréalaise Blueprint, M. Bégin travaille « plus de 80 heures par semaine ». Passionné de danse depuis toujours, il en a fait son métier depuis douze ans. Il a su se tailler une place dans ce domaine où il y a beaucoup plus d'appelés que d'élus. « Ce qui m'a permis de me démarquer quand j'ai participé aux émissions de télévision So you think you can dance Canada et America's Best

souvent aux États-Unis, à Los Angeles et à New York, pour pouvoir me tenir à jour ».

Il y a quatre ans, M. Bégin a conjugué sa passion et ses connaissances entrepreneuriales — il a un baccalauréat en finances — pour fonder Hit the floor. « [C'] est maintenant la plus grosse compétition de danse au Canada. Chaque année, on reçoit 6000 danseurs et 20 000 spectateurs à l'événement. Ça aussi ça me permet d'être encore dans le domaine de la danse et d'assurer une pérennité à ma carrière, même quand je vais avoir cinquante ans ».

LE PARI DE L'HUMOUR

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Photo: Blueprint Dance

Humoriste à temps plein depuis près de quatre ans, la Montréalaise Dorothy Rhau a fait le « saut sur le tard [...] vers l'âge de 37-38 ans » et n'a pas hésité, pour ce faire, à mettre un terme à sa carrière en ressources humaines dans l'industrie pharmaceutique. « Ce n'est pas chose facile, parce qu'on s'entend que je n'ai plus les mêmes conditions de travail que j'avais auparavant, je n'ai plus cette sécurité, je n'ai plus ce salaire, ces avantages D'après lui, pour faire de sa sociaux. Mais de pouvoir vivre passion son métier, on doit sa passion, ça vaut tout l'or du d'abord être conscient des monde ». Selon l'artiste, pour implications. « Il faut savoir accéder à son rêve, il faut poudans quoi on se lance et voir faire preuve d'une obstiqu'il y aura des limitations Le danseur et homme d'affaires, Nicolas Bégin nation et d'une force de caracsur le coup. Si on peut vivre avec ça, on va être capable de dealer avec Dance Crew, c'était que j'avais un back- tère à toute épreuve. « Ce n'est pas tout le le fait qu'on a moins d'argent et moins ground de danseur break dance qui était monde qui peut vivre de sa passion, parce que ça demande énorméde temps et d'énergie à mettre dans autre capable de faire des chorégraphies. Donc, ment de détermination. chose. L'autre chose très plus importante, ça m'a vraiment permis de « De pouvoir vivre Autant qu'il y a des gens c'est vraiment l'aspect discipline », estime pouvoir rentrer sur l'émissa passion, ça vaut qui vont s'entraîner chaque M. Villeneuve qui, sur ce dernier point, sion ». assure s'astreindre à un minimum de six Pour atteindre ces résul- tout l'or du monde ». jour, autant qu'il faut s'acheures d'écriture par jour. tats, le danseur s'est investi ~ L'humoriste crocher à son rêve chaque jour. No matter what, tu pleinement pour se perDorothy Rhau dois être là ! [...] Personne VIVRE POUR fectionner. « Le plus grand DANSER, DANSER POUR VIVRE d'autre ne va porter cette challenge, ça a été vraiment passion-là que soi-même, alors si t'as pas Question discipline, ce n'est sûrement de faire plusieurs sacrifices pour le temps pas l'emploi du temps de Nicolas Bégin alloué aux répétitions. Ça fait six, sept ans la force mentale, physique de porter ce qui viendra le contredire. Fondateur et que je fais deux à trois allers-retours par rêve, alors non, ça ne fera pas long feu ». directeur de la compétition de danse Hit semaine, Québec-Montréal, pour pouThe Floor, directeur artistique de la com- voir répéter avec Blueprint. Sans compter RABÉA KABBAJ pagnie de danse P&T de Québec, et dan- toutes les formations que j'ai dû suivre,

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RÉFLEXIONS AU BORD DU LAC

La journée est magnifique : l'été indien dans ChaudièreAppalaches, c'est la fête des couleurs. Les premières outardes traversent le ciel en jacassant et plongent dans l'ancien réservoir pour s'ébattre dans l'eau, comme des enfants en congé.

Depuis une heure, Lado, son père et sa grand-mère niaisent sur la galerie du chalet. Après des échanges anodins sur le bonheur de se retrouver au bord du lac, sur les bienfaits du grand air pur et sur l'avenir incertain des forêts et des rivières, le trio, devenu grave, laisse le silence s'installer. Puis, grand-mère lance une ligne : « La nature, c'est ma plus grande passion ! Vous autres, les gars, ce serait quoi, votre passion ? » Après un moment, le père dit : « Lado, lui, c'est l'informatique.

Mais là, il est frustré, parce que rien n’entre ici... » Le jeune lui rétorque : « Et toi, c'est la pêche, je suppose ? Une chance qu'on ne misait pas sur ta passion pour souper ! » En digne baby-boomer qui tient à son idée, grand-maman insiste : elle veut aborder un sujet et tourne autour du pot. Les deux autres le savent et ne mordent pas à l'hameçon : pas envie d'aborder des choses sérieuses. Elle sait qu'elle devrait ouvrir le jeu plus directement.

– Surtout que les passions, ça passe, tandis que les centres d'intérêt, ça se renouvelle. Comme les engagements.

– Parlant philo, relance le père, que dirais-tu de celle-là : il n'y a que la passion qui soit raisonnable...

– Pas besoin du dictionnaire des citations pour avoir une opinion. Pas même nécessaire d'en avoir une, une opinion, sur le mot. Notre réalité est que maman a ressenti une attraction pour... la cuisine d'ailleurs et que moi j'aime passionnément la poutine d'ici !

– Et un homme, ça s'attrape par l'estomac ! Voyons les gars !

C'est peut-être une affaire de générations, mais on a encore besoin des mots pour exprimer les sentiments.

– Et les passions sont des sentiments ? J'aimais mieux quand c'était au singulier et relié à une forme d'amour, d'attachement, affirme le père.

– De possession, peut-être ?

– De domination? D'esclavage ? Féministe ! Faut pas charrier, maman!

Le jeune laisse finalement tomber, après un autre long silence :

– Je parlais plutôt de relations entre humains qui se respectent.

– Moi, ce qui m'allume, c'est profiter de tout ce que la vie me propose aujourd'hui. Demain, je ne sais pas ce que ce sera, alors ma passion, comme tu dis grand-maman, c'est ici, maintenant, et tant pis pour le reste ! Je ne suis plus un bébé qui doit tout apprendre en prévision de l'avenir. La preuve, c'est moi qui t'ai appris comment te démêler avec ta tablette !

– Une idée fixe peut-être ?

– Y'a pas que les ordinateurs dans la vie. T'as encore bien des choses à découvrir...

– Comme les joies de l'amour, hein papa ?

– Si tu veux parler de ça, je ne peux que dire : à chacun son chemin. Ta mère a choisi le sien, qui n'était plus le mien, alors que tout le monde respecte ça. Toi aussi, maman ! Tu parles de passion : le propre d'une passion, c'est de ne pas durer, de mourir, et moi, j'ai pas envie d'arrêter de vivre parce que Madame s'est découvert d'autres envies, d'autres passions comme tu dirais. Je suis un être raisonnable, moi!

– La passion vit d'espoir. L'espoir entretient la passion.

– Tu y tiens tant que ça ?

– Voulez-vous bien me lâcher avec vos histoires de passion !

Même quand c'est douloureux, ça ne doit pas être si mal, puisque tout le monde en rêve...

Lado vient de clore les échanges. Il abandonne les parents à leurs rêveries et descend vers le lac. La journée est magnifique : l'été indien dans Chaudière-Appalaches, c'est la fête des couleurs.

Les premières outardes traversent le ciel en jacassant et plongent dans l'ancien réservoir, comme des nuées d'enfants en congé.

Aujourd'hui, c'est maintenant : beau et bon.

MARTINE CORRIVAULT

– En philo, on apprend que les anciens Grecs n'aimaient pas opposer passion et raison. Peut-être que c'est juste une question de mots, hein grand-mère? Toi, t'es passionnée de musique et de sports ; moi, de cinéma et de jeux vidéo ; papa, d'architecture et de maths... Mais on pourrait simplement dire qu'on éprouve beaucoup d'intérêt pour ces sujets, non ?

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VIVRE À FOND Je suis arrivé aux AA la tête sous le bras et tremblant comme une feuille au grand vent d’hiver. Au travers de ma brume, j’ai vu dans la salle un tas de gens que je connaissais. Des chums. Je ne me serais jamais douté qu’eux aussi étaient alcoolos. Je me suis assis dans un coin pour passer inaperçu, tout le monde me regardait en riant. Ils savaient. Ils étaient tous passés par là. Un ami à moi m’apporta un café et s’invita à ma table. Et puis d’autres aussi.

La passion de vivre, d’être, de participer à ce qui bouge et se battre. De ma longue mémoire, je n’ai jamais été autrement.

Vivre intensément, sans dieu et sans maître ! Il y a un prix à payer, c’est normal, il faut savoir jusqu’où aller trop loin.

En même temps, il faut se rendre compte que dans une petite province comme les autres (!), trop loin c’est juste la porte à côté. Au milieu des petits-bourgeois rond-de-cuir, la terreur est toujours au menu…

La passion en Amour ? Rassurez-vous, elle est plus présente que jamais. Différente, bien sûr, mais elle occupe mes pen-

sées depuis 43 ans, avec la même flamme, et ça ne va pas changer. La même fièvre, les mêmes rêves, ma Belle est passée, présente et tout mon avenir. Pas de vie sans elle. Elle vit au loin, on se parle et on se

mon dieu », me dit-elle. Je ris. Garde ton dieu, je garde ta fille. Elle s’en fout, elle est sourde! J’adore ma belle-mère.

voit chaque jour. Et parfois le soir. Je lui, écris, lui raconte toutes les conneries qui me passent par la tête, elle rit. J’adore l’entendre rire, même de moi. Je dis ça à ma belle-mère au téléphone. J’adore votre fille! Elle est scandalisée. « Je n’adore que

bien sûr. Mais foncer. Ne rien regretter de sa passion de vivre. Un jour, il sera trop tard. J’ai tout mon temps. Mais on joue dans mon espace. Passionnément.

Vivre. Avec passion, à plein cœur, à grands coups de tripes. Après réflexion

Photo: Luc-Antoine Couturier

À force de discuter, au fil des années, un mec de confiance me ramassa la gueule : ne réfléchis pas avec tes émotions. Et en lisant Le Flyé dans le numéro précédent, j’ai ri en retrouvant l’idée. Mais ça ne veut pas dire pour moi de renoncer à ma façon de vivre et de faire les choses.

Je suis un passionné, je le serai toujours.

Réfléchir avec sa tête, ça je veux. Mais rester assis tranquille après, no way ! J’aime trop grimper aux barricades, défendre les sans défense, me foutre au devant d’une ligne de piquetage pour recevoir les flics.

Les recevoir avec… passion ! Ce sont aussi des syndiqués, alors on se comprend à mi-chemin de nos façons de faire. Je souris, permettez ?

JACQUES PRUNEAU L'ANARCHISTE

Note pour Karyne : Mettre cette pub le plus petit possible. Tu peux jouer avec les éléments si tu veux.

LA QUÊTE EST DIFFUSÉE PAR TÉLÉPHONE VIA

La Quête est diffusée par téléphone via

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Québec 418 627-8882 Montréal 514 627-8882 Ailleurs au Québec 1-877 393-0103 Québec 418 627-8882 • Montréal 514 627-8882 • Ailleurs au Québec 1 877 393-0103

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PAPILLONS, LITTÉRATURE ET ŒUVRES D'ART La passion, c’est un peu comme un cancer, tous les êtres humains la possèdent, mais elle ne se développe pas chez tous. Cette électrisation du cerveau, de l’esprit et de l’âme envers quelque chose fera que l’être humain orientera ses paroles, ses actions, ses gestes pour satisfaire l’objet de sa passion.

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de sa réalité, s’éteignit dans les mois qui suivirent. Triste réalité pour ce dernier.

Les passionnés se retrouvent dans tous les rangs de la société, dans tous les pays et à toutes les époques. À cette mention, l’exemple que je pourrais citer ici est Catherine II de Russie. Sa passion était de collectionner des œuvres d’art. Ayant le pouvoir, elle n’y allait pas de main morte. Ses agents parcouraient le monde entier pour acheter et lui rapporter les précieuses œuvres d’art. Dans tout ce branle-bas, quelques bateaux périrent en mer, entraînant la perte de leur cargaison. Mais peu importe, quand la passion domine, rien ne peut l’arrêter. La construction gigantesque de l’Ermitage fut le contenant pour y loger le contenu de sa passion. Son musée personnel, comptant approximativement 600 salles, logeait des milliers d’œuvres d’art. Sans remords et n’ayant pas le moindre soupçon d’égoïsme, elle écrivait à son ami Diderot : « Il n’y a que moi et les souris pour admirer autant d’œuvres d’art ». Résultat : le Musée de l’Ermitage est l’un des plus grands au monde, grâce à la passion de sa fameuse Reine.

Photo: Archives Web

L’objet en question peut être très diver- ne peut qu’être bénéfique à chacun. Bien sifié, et les exemples sont nombreux. des associations et des clubs sont forÀ ce propos, devant le téléviseur hier més pour réunir ceux qui partagent une soir, j’ai eu le bonheur de visualiser un même passion, d’ailleurs de ces formaprogramme qui avait comme invité tions naissent souvent de grands projets.

Georges Brossard, un véritable passionné. Ce dernier s’exprimait avec un enthousiasme hors du commun. Ex professionnel, il avait fermé son bureau vers la quarantaine pour s’adonner à sa passion, la chasse aux insectes et aux papillons qu’il collectionnait depuis de nombreuses années, parcourant les cinq continents dans tous les sens. Il nous faisait partager ses trésors en visitant sa maison. Ses murs, qu’on voyait à peine, étaient remplis de tableaux garnis de ses précieuses bestioles. La collection en comptait 400 000. L’homme âgé de 74 ans, et débordant d’énergie, racontait ses aventures et les nombreux projets à son agenda. Son principal objectif Musée de l'Ermitage était de doubler sa collection et d'atteindre le chiffre impressionnant de Cependant, la naissance d’une passion chez l’être humain émerge de façon indi800 000 spécimens. viduelle et se développera selon le caracÊtre passionné, c’est comme avoir un tère introverti ou extraverti de ce dernier. coup de foudre. Le passionné retirera Laissé à lui-même, le passionné dépasse beaucoup de sa passion, et ce qui touche habituellement les limites de l’échelle hucelle-ci sera approfondi par la recherche maine. Malheureusement, notre société de tout ce qui concerne les moindres ne comprend pas tous les comportements détails entourant ce qui est convoité. de certains passionnés et leur coupe souL’objet de la passion fait non seulement vent les ailes de la passion. En exemple, partie de la vie du passionné, mais elle est ce type qui lisait continuellement : en se aussi une extension de lui-même. Cer- levant, en déjeunant, en avant-midi, en tains y sacrifieront une très grande partie dînant, en après-midi, au souper, en soide leur temps, de leurs économies, de leur rée, et avant le coucher. À sa retraite, ne espace vital. Dans certains cas, la passion dérangeant pas plus que ça, il écoulait ses devient tellement forte qu’elle mobilise jours de façon extrêmement paisible. Or, presque totalement l’esprit de l’indivi- des « âmes bien nées » voulurent suppodu qui s’y adonne, en lui procurant une sément l’aider en faisant du ménage chez jouissance intellectuelle, esthétique ou lui. Ces derniers, pas plus intellectuels autre, que la majorité du commun des qu’il ne le faut, prirent la décision de le mortels ne connaît pas. débarrasser de tous ses bouquins qui couvraient entièrement les murs de son habiL’être passionné est habituellement char- tation. Cet intellectuel, qui avait lu en engé d’énergie positive, il le sera d’autant tier la littérature française, anglaise, russe, plus s’il rencontre quelqu’un avec qui il allemande, canadienne, etc., se retrouva peut partager sa passion. Dans certaines du jour au lendemain avec non seulement circonstances, les discussions seront ani- les ailes coupées, mais les plumes commées. L’échange de connaissances de deux plètement arrachées. Notre érudit, collecpersonnes sur la même longueur d’onde tionneur, et il va de soi passionné, coupé

Qui de vous ne connaît pas un passionné dans son entourage, si vous ne l’êtes pas vous-même. D’ailleurs, je crois que tout individu, à un moment ou l’autre de sa vie, a ressenti ce qu’il est convenu d’appeler la passion. À ne pas confondre avec l’amour qui peut aussi électriser le cerveau envers une personne et non envers quelque chose. Il y en aurait long à dire sur le sujet, mais je ne pourrais conclure sans mentionner cette pensée de Saint Augustin : « Celui qui se perd dans sa passion perd moins que celui qui perd sa passion ».

En ce qui me concerne, je prie le ciel de ne pas perdre mes passions, car sans elles, l’existence serait comparable à la vie d’un caillou dans le désert.

PHILIPPE BOUCHARD

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LES FAMILLES DE SIMONE VOISINE À la fin de juin dernier, Sœur Simone Voisine a fait ses adieux à ses amis bénévoles et clients de la Soupe populaire de Place d'Youville à Québec. Après vingt ans d'une présence quotidienne parmi ses frères et sœurs mal pris, elle rentrait à la maison mère des Sœurs de la Charité de Québec, sa famille adoptive depuis qu'elle a quitté ses parents et Saint-Pascal de Kamouraska, il y a plus de 70 ans.

cinéma (Perreault et Lamothe), chanson (nouveaux lieux et auteurs qui prennent parole et guitare). Une famille culturelle !

Petite campagnarde sans instruction du début des années 1940, elle suit au fil des ans, un parcours exceptionnel. Fidèle à son désir d'être une « bonne sœur », elle sait participer aux changements amorcés pendant la période la plus dynamique du XXe siècle, au Québec.

À partir du milieu des années 70, chaque religieuse doit trouver son emploi, même si les salaires sont versés à la communauté qui alloue ce qu'il faut pour vivre « dans le monde ». Sr Voisine obtient un poste au cégep de Gaspé. Elle partage un logis avec une compagne et, parallèlement à son travail d'enseignante, s'engage dans le militantisme syndical et politique. La réalité se révèle parfois dure à avaler quand on assume ses convictions et son idéal, mais Simone persiste dans ses choix au service de sa turbulente nouvelle famille.

DU CAP-BLANC À ANTICOSTI Les diplômes, elle ne sera autorisée à en obtenir qu'après une dizaine d'années de « pratique » dans diverses écoles; d'abord, une classe de première année au Cap-Blanc, puis les élèves de 3e, 4e et 5e du pensionnat de Kamouraska, auxquels viendront s’ajouter ceux de l'île d'Anticosti durant quatre ans, où sans liens avec l'extérieur et à personnel réduit, il lui fallait enseigner et s'occuper d'une vingtaine de pensionnaires adolescents...

Mais ce passage en pleine nature sera, dit-elle, une « quasi lune de miel » qui lui fera oublier l'expérience de pénibles mesquineries. Comme elle voulait être une « bonne » sœur, Simone acceptera tout, même qu'on la ramène à Québec sous prétexte qu'elle était « trop populaire avec les gens du monde ».

Au début des années 60, le Québec amorce un grand virage auquel les communautés religieuses n'échappent pas. Si Simone Voisine (alors Sr Marie-Blanche-Marguerite) s'interroge sur sa marginalité au sein du groupe et reprend nom et costume laïcs, elle persiste dans son choix de vie.

Tout en enseignant, elle s'engage dans des études qui la mènent à l'université. Elle découvre un autre monde : littérature (thèse sur l'œuvre d'André Langevin),

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GASPÉSIE ET SYNDICALISME

Des années d'action et de stress plus tard, l'heure du changement de cap lui est signifiée par une alerte-cancer qui la conduit vers d'autres formes d'engagement auprès des femmes, des handicapés, des personnes ayant des problèmes de santé mentale ou des dépendances. Sr Voisine se prépare une retraite active de l'enseignement. Pour son retour à Québec, elle soumet une dizaine de projets, souhaitant s'occuper « des gens qui ont des problèmes ». Et revenir à son choix de vie en communauté. Elle mentionne son intérêt pour une des plus anciennes oeuvres de sa congrégation : la Soupe populaire près de Place d'Youville.

Photo: Archives Web

Dans un livre que son amie l'universitaire Maria De Koninck lui consacre, Sr Voisine admet que la vie en congrégation a comporté des réalités surprenantes, mais qu’elle a su s'y adapter. Elle rêvait de s'occuper des orphelins et d’aider les gens dans le besoin; elle s'est retrouvée dans le monde de l'enseignement, sans diplômes ni préparation autre que son apprentissage familial.

Quand l'imprésario Pierre Jobin la présente à Félix Leclerc: « ...une amie religieuse, pas une vraie sœur... » le poète réplique : « Attends, peut-être que c'est elle, la vraie sœur ».

racontés. Faisant partie de l’un de ses projets de retraite, l'ouvrage paraît au début de 2014 aux Éditions du remue-ménage sous le titre : Sœur Simone Voisine, La force tranquille de l'engagement. Quiconque a croisé Sr Voisine ne peut que souscrire à la justesse de ce titre.

MARTINE CORRIVAULT

SERVIR LA SOUPE Le lendemain de sa rentrée à Québec, le 24 juin 1993, elle sert un premier repas à la Soupe. L'expérience la bouleverse et détermine ce que sera sa vie dans cette autre famille avec laquelle elle partagera tout pendant vingt ans. Elle va réorganiser, planifier, recruter, former, servir, consoler, réconforter... encore fidèle à sa vocation : aider ceux qui sont démunis.

Sa feuille de route fascine l'universitaire Maria De Koninck qui la connaît depuis 1972, alors qu'elles enseignaient toutes deux au Collège Marguerite-d'Youville, à Sainte-Foy. Au fil des ans, Maria De Koninck a étudié le rôle des femmes et les inégalités sociales. Il lui semblait que l'engagement de Sr Simone et son étonnant parcours de religieuse devaient être

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LA PASSION DE LA VIE « Que tes babines suivent tes bottines ! » J'aime ce genre d'expression humoristique ayant de la rime. Selon moi, quand nous avons une passion dans la vie, il est aisé de mettre en pratique cette maxime. L’artiste qui aime son art, le professeur qui aime sa matière et tant d’autres passionnés que nous côtoyons rayonnent et nous influencent.

Ces personnes sont des modèles, des mentors, parce qu'elles donnent leur 100 % et qu’elles croient à l'énergie de Vie qui habite chacun de nous.

Ces personnes ne craignent pas de montrer avec humilité leur vulnérabilité et, par conséquent, leurs capacités.

que le secours médical arrive sur les lieux, l’homme était sauvé. En regardant cet homme qui voulait sauver le voyageur, j’ai pris conscience qu'il fallait aimer passionnément la Vie, être empli d'humanité pour sauver un autre être humain, un inconnu, et être ainsi son ange gardien!

gers, à des épreuves, à des circonstances imprévisibles comme la perte d'êtres chers, à des moments heureux comme la naissance d'un enfant, que nous prenons conscience de notre ÉGALITÉ dans notre HUMANITÉ.

Peu de temps après, les deux hommes se sont retrouvés, se sont fait une accolade, manifestant leur reconnaissance d'être en vie... C'était émouvant !

CHRISTIANE VOYER

La Vie est difficile, fragile, mais PASSIONNANTE ! C'est souvent face à des dan-

J'ai une amie qui peint de magnifiques tableaux. Devant sa toile blanche, elle se sent habitée, inspirée, aspirée par des pensées et des images réelles qui l'incitent à les incarner sur son tableau. C'est une sorte d’appel intérieur très fort. Quand elle doute ou hésite, elle se sent mal à l'aise, mais aussitôt qu'elle s'exécute, elle éprouve une grande satisfaction, une joie intérieure. Ça m'a touchée et m'a fait prendre conscience que le même processus survient quand nous sommes devant une page blanche que nous souhaitons noircir ou une pierre que nous voulons sculpter. Les images et les mots invitent l'artiste à concrétiser, à partager ses inspirations ! Lorsque nous sommes vraiment passionnés, nous incarnons notre monde intérieur vers l'extérieur, dans la matière, comme dans l’expression : « Le verbe se fait chair ! » Dans cette fluidité de Vie exprimée par nos créations, nous rayonnons comme un soleil.

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Photo: Luc-Antoine Couturier

L'autre jour, l'émission Turbulences passagères au Canal Évasion montrait des voyageurs en transit dans des aéroports.

Parmi les différents faits cocasses, drôles et dramatiques qui s'y déroulaient, un a retenu mon attention. Un homme qui attendait debout dans une allée pour faire tamponner son passeport est tombé subitement. Aussitôt, un employé de l'aéroport s’est empressé de lui faire des massages cardiaques à plusieurs reprises, parce qu'il ne sentait pas son pouls. Avant

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S'ENVOLER SUR QUELQUES NOTES

Photo: Archives Web

Pour Sébastien Moffet, écouter de la musique est plus qu’une simple habitude, c’est une réelle passion. Mélomane depuis son très jeune âge, il possède une importante collection de disques compacts et de vinyles et écoute plus d’une dizaine de nouveaux albums par mois. La première cassette ayant marqué son enfance ? La danse des canards de Nathalie Simard !

Sébastien Moffet a la chance de vivre sa passion pour la musique dans son travail et ses implications. Il est actuellement gérant disquaire pour la compagnie québécoise Archambault. Membre du jury du Gala alternatif de la musique indépendante du Québec (GAMIQ) depuis 2010, il est également juge pour les Prix Polaris et l’a été pour la pré-sélection des Francouvertes de 2011 à 2012. De plus, il est membre-collaborateur du Canal Auditif, un blogue qui se concentre sur la musique francophone et anglophone canadienne.

L’amour pour la musique occupe la vie de Sébastien depuis toujours. Ses parents en sont en grande partie responsables, car il y avait continuellement de la musique dans la maison familiale. « Je me rappelle qu’un soir, lorsque nous étions enfants, mon père nous avait assis dans le salon, mes frères, mes sœurs et moi, pour une écoute des symphonies no 5 et 9 de Beethoven. Cela m’a beaucoup marqué ».

Durant son adolescence, dans les années 1990, le premier album que Sébastien a écouté en boucle était No Need To Argue

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des Cranberries, célèbre groupe rock irlandais. Il affirme avoir été fasciné par la voix de Dolores O’Riordian et par la profondeur mélancolique des mélodies, même si à l’époque, il ne comprenait pas tout à fait les paroles. Depuis, il écoute plusieurs nouveaux albums chaque semaine, nourrissant ainsi sa passion.

LA MUSIQUE EN PRIORITÉ Sébastien affirme qu’il est primordial pour lui d’écouter des disques et de la musique. Il encourage ainsi le processus créatif des musiciens et artistes qu’il respecte énormément. Une chanson, aussi bonne soit-elle, n'a pas la même valeur lorsqu’elle est écoutée seule : il faut découvrir tout un album, avec sa suite continue de chansons, pour l'apprécier pleinement. « On vit dans une ère particulière pour la musique, où les compagnies de disques misent beaucoup sur les simples. Je crois encore au format qu’est l’album, qu’il soit en format physique ou numérique ».

« Ceci n’est que très peu si je me compare à la collection de Claude Rajotte ou à celle d’Edgar Fruitier. Par contre, je suis très fier de ma collection ».

Les paroles et l’instrumentation sont les premières choses auxquelles Sébastien porte attention. Mais selon lui, tout dépend du style : « En exemple, si l’album se cadre comme de la musique francophone, il est plus facile pour moi d’accorder une importance pour les textes en premier lieu ».

Les musiciens du Québec sont de plus en plus présents sur la scène locale et il faut les encourager. Pour Sébastien, cela se manifeste concrètement par l'achat de disques. Il le fait pour les artistes, mais il le fait d'abord et avant tout pour lui !

ALICIA BEAUCHEMIN

Sébastien possède une collection de 1500 disques compacts et d’environ 50 vinyles.

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LE JEU DE LA QUÊTE Le s m o t s d e la g a s t ro no m ie

LE JEU DE LA QUÊTE p a r Gine t t e Pé p in e t J a c q ue s Ca rl Mo rin

Les mots de la gastronomie

Ce je u c o n s is t e à re m p lir le s ra n g é e s h o riz o n t a le s a in s i q u e le s c o lo n n e s 1 PAR e t JACQUES 2 0 à l’aCARL id e MORIN d e s dET é f in it io n s , PÉPIN in d ic e s o u le t t re s GINETTE m é la n g é e s o u d é jà in s c rit e s . Ch a q u e c a s e g ris e re p ré s e n t e u n e le t t re CE JEU CONSISTE À REMPLIR LES RANGÉES HORIZONTALES AINSI QUE LES COLONNES 1 ET 20 q u i e s t à la f o is la d e rn iè re le t t re d ’u n m o t e t la p re m iè re le t t re d u À L’AIDE DES DÉFINITIONS, INDICES OU LETTRES MÉLANGÉES OU DÉJÀ INSCRITES. CHAQUE s u iv a n t . Ch a c u n d e s m o t s e s t lié a u t h è m e d e la g a s t ro n o m ie a u CASE GRISE REPRÉSENTE UNE LETTRE QUI EST À LA FOIS LA DERNIÈRE LETTRE D’UN MOT ET s e n s la rg e .

LA PREMIÈRE LETTRE DU SUIVANT. CHACUN DES MOTS EST LIÉ AU THÈME DE LA GASTRONOMIE AU SENS LARGE.

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VERTICALEMENT :

Cé p a g e b la nc is s u d e Bo urg o g ne .

1- Cépage blanc issu de Bourgogne.

20- Hachis à base de pommes de terre.

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10 0 Ve rt ic a le m e n t : 1-

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6- Au miroir, au plat, brouillé. Plante potagère à saveur d’anis que les anciens Grecs appelaient marathon. Donner de la consistance à une sauce en lui ajoutant de la farine, du beurre, de la crème. Petit récipient allant au four (QAMUNRIE).

Ha c his à b a s e d e p o m m e s d e t e rre .

HORIZONTALEMENT :

1- Œufs d’esturgeon salés. Plante potagère à racine comestible.

Se dit d’un vin qui contient moins de 4 grammes de sucre au o n t du a lemelon. me nt : litre.Ho Deriz la famille

7- Recouvrir un mets d’une couche de sauce d’accompagnement. Région d’Espagne réputée pour ses vins. Appellation d’origine contrôlée. Fromage AOP de Normandie.

8- Ragoût d’agneau préparé avec des oignons, carottes et navets.

Petite crêpe de riz fourrée et frite. Plante à tubercule dont on tire le tapioca. Célèbre vin rouge de la province de Sienne.

2- Surnommé le « cardinal des mers ». Faire tremper de la viande duesang.

1 - dans Œ l’eau ufs pour d ’e las tdébarrasser urg e o n des s aimpuretés lé s . Plaetnt p o t a g è re à ra c ine c o m e s t ib le . Se d it d ’un vin 9- Terme de boucherie désignant la moelle épinière du bœuf, Aussi appelé chou-navet. q ui c o nt ie nt m o ins d e 4 g ra m m e s d e dus uc re a ou u lit . (METSOURATE).

De la fa m ille Pâtisserie d u m e lo n. de mouton dure veau à base 3- Type de café représentant 70 % de la production mondiale. pommes et de raisins secs. La moitié de l’échine d’un animal de Plat de viande ou de poisson froid en gelée. Personne qui pré- boucherie. pare et qui vend de la viande de porc, des boudins, des saucisses, 10- Lait caillé par l’action de ferments lactiques. Purée provenetc. çale constituée d’olives noires, d’anchois et d’huile d’olive. Ôter 4- Bouteille de champagne d’une contenance de 4,5 litres la crème du lait.

(BOOREMAH). Blé d’Inde. Boire à petits coups en savourant.

Eau-de-vie fabriquée avec de la canne à sucre.

5- Boisson qui se prend habituellement à la fin d’un repas. Récipient muni de poignées et d’un couvercle permettant de réaliser diverses cuissons des aliments. Pâté à base de légumes, de poisson ou de viande que l’on fait cuire au bain-marie et que l’on déguste en tranches.

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PAR HÉLÈNE HUOT RIRE ET SOURIRE « Mais, me direz-vous, si nous parlons pour ne rien dire, de quoi allons-nous parler ? Eh bien, de rien ! De rien ! Car rien... ce n'est pas rien ! La preuve, c'est qu'on peut le soustraire. Exemple : rien moins rien = moins que rien ! Si l'on peut trouver moins que rien, c'est que rien vaut déjà quelque chose ! On peut acheter quelque chose avec rien! En le multipliant : une fois rien... c'est rien. Deux fois rien... ce n'est pas beaucoup ! Mais trois fois rien ! Pour trois fois rien, on peut déjà acheter quelque chose ... et pour pas cher !

Maintenant, si vous multipliez trois fois rien par trois fois rien : rien multiplié par rien = rien. Trois multiplié par trois = neuf.

Cela fait rien de neuf! » Raymond Devos (1922-2006)

PARLER POUR PARLER 1. Le fruit de la passion, appelé aussi maracuja, vient d’une plante originaire de : a. l’Afrique occidentale; b. l’Amérique du Sud;

c. la Polynésie française.

2. Qu’est-ce qu’une passionaria ?

3. Quel proverbe signifie : avoir de la passion pour une activité, avoir de l’ardeur au travail ?

4. La passion amoureuse inspire les écrivains depuis toujours. Quelles femmes associez-vous aux amoureux suivants :

Roméo, Tristan, Don Quichotte, Abélard, Robin des Bois ?

5. Le céphaloclastophile a une passion pour : a. les casse-têtes; b. les échecs; c. les jeux mathématiques.

6. Avec les lettres du mot P A S S I O N N É, au moins une dizaine de scrabbles (mots de sept lettres) sont possibles. À vous de les trouver.

7. Passionner, passif et patient appartiennent à la même famille de mots. Vrai ou faux ?

8. Dans le calendrier liturgique catholique, où se situe le dimanche de la Passion ?

9. Dans la famille étymologique de passion, quel verbe signifie : calmer le jeu ?

10. Les adjectifs « passionnant » et « passionnel » ont le même sens. Vrai ou faux ?

ENCORE UN MOT… AFICIONADO Fabien Deglise écrit dans Le Devoir (2014-09-22) : « Le phénomène en ligne n’est pas nouveau. Mais il semble de plus en plus titiller les aficionados de ces nouveaux modes d’échange ». Que veut donc dire le mot « aficionados » ? « Aficionado » (au féminin : aficionada; au pluriel : aficionados, aficionadas) se dit d’une personne passionnée de quelque chose, d’un amateur qui aime avec ferveur. D’abord utilisé pour désigner l’amateur de courses de taureaux, ce mot s’est étendu à d’autres domaines depuis le début du 20e siècle. On peut ainsi être aficionado de corrida, de formule 1, de football, de musique ou de scrabble.

Ce mot vient de l’espagnol aficion, qui signifie : goût, passion; il s’écrit aussi : afficionado.

J’attends de vos nouvelles…

Vous aimez les mots. Vous avez des commentaires à formuler ou des suggestions à faire concernant cette chronique. Rien de plus simple. Écrivez-moi à hu-go@sympatico.ca. Cela nous permettra d’échanger sur des questions qui vous intéressent et d’enrichir par le fait même les futures chroniques. Merci à vous ! Les réponses page 33.

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Photo: Camille-Amélie Koziej-Lévesque

La montagne

À Jean Dulon

– Mais non, Fifi.

comme ma mère l’avait fait, alors qu’elle était jeune mariée. Au village, j’ai eu droit à quelques plaisanteries du genre : « Toi aussi il a fallu que tu donnes au pays… » La malheureuse femme qui m’a dit cela tenait l’épicerie : son mari était alcoolique, et son père était devenu aveugle.

– Pourquoi ne veux-tu pas m’en parler ?

Je suis grand, tu sais : j’ai eu 7 ans le mois dernier.

– Ton frère, qui a étudié, m’a parlé de cet écrivain français, Henri Barbusse, qui a écrit ceci dans Le Feu :

– Si tu me promets de n’en parler à personne, même pas à ton lapin préféré, et bien, je vais t’expliquer. De 1914 à 1918, il s’est produit ce que l’on a appelé, la Grande Guerre : les jeunes de pays dits civilisés se sont tués les uns les autres.

Chez les Canadiens, il y eut 67 000 morts, sans compter les 160 000 blessés.

Le spectacle de ce monde nous a enfin donné, sans que nous puissions nous en défendre, la révélation de la grande réalité : une Différence qui se dessine entre les êtres, une Différence bien plus profonde et avec des fossés plus infranchissables que celle des races : la division nette, tranchée — et vraiment irrémissible, celle-là — qu’il y a parmi la foule d’un pays, entre ceux qui profitent et ceux qui peinent…, ceux à qui on a demandé de tout sacrifier, tout, qui apportent jusqu’au bout leur nombre, leur force, et leur martyre, et sur lesquels marchent, avancent, sourient et réussissent les autres1.

– J’ai remarqué, Grand-Mère, que tu pleures toujours le 11 novembre… Est-ce que c’est parce que je suis souvent puni à l’école, comme mon père ?

– Il y eut des morts de tous les côtés. Des combattants revinrent de la guerre avec un membre en moins; d’autres, apparemment, étaient indemnes comme mon père. La nuit, il s’est mis à faire des cauchemars, tant et si bien que le médecin lui a prescrit du repos dans un hôpital psychiatrique, lui qui était un cultivateur modèle. Il a été interné pendant six mois.

Avec tes deux oncles, nous avons travaillé fort pour continuer à cultiver la terre,

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– Quant à ton arrière-grand-père, jusqu’à son hospitalisation, il était à peu près le même. Ensuite, je ne l’ai plus reconnu.

Lui, si gentil, était devenu intraitable : il

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me houspillait sans cesse, ainsi que maman. Il avait pris l’habitude d’aller se promener à la montagne : nous habitions alors près des monts Chic-Chocs, dans les Appalaches, en Gaspésie. Un jour, il m’a dit : « Pélagie, je vais passer la journée à la montagne pour chasser le caribou. À ce soir ». Le soir venu, on ne l’a pas vu. Et depuis soixante-quatre ans, il n’est toujours pas revenu.

LAURENCE DUCOS

Henri Barbusse, Le Feu, Paris, Flammarion, 1917, p.303. Prix Goncourt 1916.

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Photo: Camille-Amélie Koziej Lévesque

Viêts around the clock

Tu penses que c’était drôle, man De faire des photos, au Viêtnam ?

De regarder des jeunes éclatés Pour que les marchands de canons Soient encore plus riches et crottés Marchands de Napalm de cochon Il pleuvait sans discontinuer On redevenait presque moins saouls Mais de plus en plus fous…

J’étais déjà reparti vers d’autres carnages Je me souviens d’un bain chaud à Saigon D’une très jolie fille et d’un avion Jack Daniel et Johnny Walker, au balcon Ma fiancée Faucheuse qui me souriait Je voulais la marier et elle refusait Elle refuse encore mais je sens son souffle Aile légère d’un papillon dans mon cou Ou alors le Diable et son odeur de soufre ?

Tu penses qu’on avait du fun, man À se faire canarder par les Vietcongs Tu sais pas mais Hué c’est pas Paname Tout au plus pour le ping-pong…

Avec grenades.

Je ris doucement… Des clous !

Je ne crois à rien et c’est encore trop Je ne crois pas à la Faucheuse venant au galop

Les enfants de l’Oncle Ho étaient durs Ils en avaient vu d’autres. Moi pas…

Faut dire, c’était mon premier contrat J’ai tellement vomi, je sentais le sur On en venait à souhaiter un nuage de Napalm Pour que l’odeur d’essence chasse la puanteur De ces hommes sales qui ont tellement peur.

Elle a tout son temps…

Et je la connais trop.

Hé man : ça c’est pas beau ?

JACQUES L’ANARCHISTE

C’était 68 et pas juste à Paris.

L’Offensive du Têt, on a dit après La moindre idée, man, à quel point je m’en crissais ?

De ce que les politicards ont dit après ?

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Photo: Camille-Amélie Koziej-Lévesque

Le gun

Je donne un gun à Jésus. Il ouvre le chargeur, l’inspecte et le referme. Il le braque vers mon cœur, mon sexe, mon troisième œil. Il prie. Je vois qu’il prie derrière ses yeux mi-clos. Il ramène sa deuxième main pour tenir le revolver qu’il brandit, à bout portant, tremblant convulsivement.

dans un studio de fortune. La trappe se referme d’elle-même grâce à un jeu de ressorts. Juste une douille l’empêche de se refermer au complet. Je ne prends plus de temps à me demander où je suis ni qui je suis. Je sais que je dois partir ailleurs, au plus sacrant, m’évaporer dans la nature.

Un F-18 brise le mur du son au-dessus de nos têtes.

Je prends quand même le temps de respirer en nouant mes lacets de chaussures.

Rapidement, je me remémore la disposition spatiale des appartements, des escaliers et des sorties de l’immeuble. Le bruit des détonations a dû alerter les voisins. Ils appelleront la police, à moins qu’eux aussi aient des choses à cacher.

Une fraction de seconde, il appuie sur la détente. Une fois, deux fois, trois fois, et il vide le chargeur, en transe. Mais je ne suis plus là. Je profite du bruit, de sa prière, les yeux mi-clos. Je disparais. Les balles percutent puis font exploser les grandes fenêtres du loft de mon frère.

Mais je ne suis plus là. D’un léger coup de pied, j’ai touché le loquet qui garde la trappe secrète sous mes pieds. J’atterris puis roule en boule à l’étage en dessous,

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Je décide de sortir par la fenêtre arrière.

Avant de sauter, je regarde à gauche, à droite, si la voie est libre. Je m’extirpe, saute et me laisse couler dans l’herbe.

Je fais quelques pas, et un ami arrête sa

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voiture. J’embarque. D’un signe, il me comprend. Je m’allonge en rabaissant la banquette, rassuré. Nous roulons, roulons, roulons des heures durant. Je ne sais pas trop si je dors, si je veille ou somnole. À un moment donné, je sais que je cogne des clous, parce que ma tête tombe sur ma poitrine. Corps et encore. Je rêve d’une île chauffée par le soleil, avec une compagne sous les palmiers, couchés sur la plage. Les vagues viennent nous chatouiller les pieds.

Ma peau se tanne chaque jour, car je suis prudent avec les rayons trop forts.

Je n’ai plus envie de prier.

BERNARD ST-ONGE

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Photo: Camille-Amélie Koziej Lévesque

Himalaya

Le public chuchote, lui, gris et filiforme, il reste là, seul sur la scène, les bras ballants le long du corps, ou plutôt, écrasés par son veston trop petit, regardant loin devant lui, sans rien voir, l’air absent, timide, idiot, multipliant les contorsions et les spasmes de la bouche.

Comme l’intrigante respiration du nageur.

Il a des yeux verts derrière des lunettes à la monture épaisse et noire. La couleur de son costume s’assortit avec le poivre et sel de ses cheveux.

Son teint blafard, l’ai-je déjà dit ?

Lui donne l’air malade.

Qu’a-t-il au juste ? Il m’intrigue.

Un vent de sympathie se lève soudain en moi.

Moi qui, après tout, ai joué le phénomène, la bête curieuse de foire.

Est-ce l’expression qui convient le mieux ?

J’aurais envie de le bercer et de lui dire : Il ne faut pas avoir peur personne ne dévoilera ton secret,

Celles qu’il veut chanter comme un hymne national.

Celles qu’il bredouille comme un soliloque.

De quoi il parle ?

Est-ce au sujet d’une fleur sauvage.

De la constellation du dragon.

De la peur du manque.

Un professeur de littérature qui réalise des recherches de pointe aurait parlé de linguistique. Le public aurait eu droit à une analyse très approfondie de divers schémas.

Il aurait été question d’amour, d’amitié et de vie qui se mêlent.

plus fort et évocateur. Et graduellement la réalité s’estompe autour de moi.

Je sombre dans un rêve éveillé dans lequel j’approche de l’Himalaya et au moment ou j’avance vers un précipice, le sol se dérobe sous mes pieds, je tombe.

La chute me frappe comme un coup de poing au ventre.

FRANÇOIS GAGNON

Mais les poètes ne s’embarrassent d’aucune terminologie. Ils préfèrent rester flous. Quand on les questionne, ils répondent de façon confuse. Inadéquate pourrait être le terme exact.

Ils semblent fous. Est-ce voulu ?

Il consulte ses écrits, s’approche du micro, puis s’immobilise dans une position assez ridicule. Il penche la tête promptement et se redresse aussitôt avec une grande inquiétude chevaline. Le public chuchote, cache des rires, devine le malaise de ce pauvre homme.

personne ne te manquera de respect.

Maintenant, il manipule nerveusement une feuille. Il est là-bas, perdu, seul sur la scène, tenant d’une main cette feuille qu’il agite comme un drapeau blanc.

Toutes les choses y sont écrites :

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Soudainement, la feuille glisse à ses pieds et le public se tait, attendant le pire. Le premier vers monte de la scène.

Le ton est inébranlable. Pause.

Il s’ensuit le deuxième vers encore

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Relevez Il serait prétentieux de se vouloir parfait comme Dieu.

Sur notre chemin d'embûches parsemées il nous arrive de tomber mais savoir se relever avec pardon et dignité doit être objet de fierté pour chaque être de l'humanité.

L'erreur doit servir dans un prévisible avenir à moins souvent s'y embourber.

Puis avec un temps de positive bonne volonté à ne plus jamais ou beaucoup moins la répéter.

Elle aussi, ainsi, nous enseigne l'indulgence parfois immense que l'on met pour soi et les autres en pratique, avec un cœur plus chic.

Ce n'est qu'après s'être beaucoup cogné au mur de l'incompréhension que parfois on apprend à la longue, avec notre vie, bonne compréhension.

On apprend avec de plus sages la précieuse instruction.

On apprend sinon la perfection, du moins la vertueuse amélioration. Être persévérant et on cisèlera de qualité, notre intérieur diamant pour l'éternité.

Photo: Camille-Amélie Koziej-Lévesque

GAÉTAN DUVAL

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Photo: Francine Chatigny

Relevailles Tais la marée tue les braises tutoie les poussières du ciel délire l'ancien et le nouveau à la frange le défi de vivre Fenêtres aveugles rues désertes arbres seuls Toi tu vas et viens entre tes mots mal pris bifurque reviens sur tes pas élève-toi puis décompte les petits cailloux de chaque jour neuf écoute écoute pour voir Alle Menschen werden Brüder que n'y entends-tu ô musique à force oublie les sentiers d'hier perds pied fi des écorchures creuse l'en deçà des regards ceci veut dire, exactement : finis de vagir apprends ton chant.

J.-P. D. (LE POÈTE DE LA RUE)

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Lettre à l’amour De tout ça et bien d’autres choses, j’ai intégré bien des idées fausses.

Photo: Archives Web

L’absence de ton esprit, de ton amour, de ton attention, de tes inquiétudes, m’ont fait grandir avec une pièce manquante.

Un trou dans l’estomac.

De ta présence voilée De ton anxiété cachée derrière chaque carreau lavé De ton contrôle qui laisse passer entre tes mains le ruissellement de la vie De ton désir d’ignorance De ta peur d’apprendre à jongler avec la réalité De ton intolérance à tout ce qui ne vient pas de toi De ta jalousie tranchante coupeuse de lien De ta susceptibilité qui amène tant de visages

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Où étais-tu ? Pendant ce temps, j’ai appris que je n’étais rien. Un corps vide qui ne mérite pas d’être aimé, cajolé, rassuré, informé. Où étais-tu alors que tu devais m’apprendre à m’aimer moi, avant de me donner à quelqu’un ? Que je devais avancer, défoncer des portes, avant de me défoncer moi. Que je devais apprendre et découvrir au même titre que toute personne, et surtout, d’un pied égalitaire à l’homme. Qu’ils devaient me respecter comme je leur devais respect, me respectant avant tout. Que la reconnaissance de l’être humain n’est pas que simple option dans cette existence.

de ce que j’avais, croyant bêtement que je ne méritais pas mieux. Est-ce là, la définition de l’amour que tu devais me transmettre?

J’ai détruit la tour que tu m’as construite.

Depuis, je vois poindre à l’horizon les beautés de la vie.

De ce cœur blessé qui ne demande qu’à rêver, à partir de ce jour et tous les autres qui suivront, je vais m’aimer d’un amour débordant que je pourrai, enfin, déverser sur mon chemin.

MÉLISSA PICARD INNUE DE PESSAMIT

Où étais-tu ? Mon bagage renferme tant de faussetés et d’ignorance.

J’ai aimé, donné, corps et âme sans rien attendre en retour. Je me suis contentée

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Métamorphose Je ne suis plus le même et tu ne peux le croire.

Du doux sommeil d'une source empreinte de tout ou rien, Coule d'un violent torrent, une eau qu'on ne peut boire; Se réveille en furie le volcan un matin.

Pourtant la vie balance se semence vers la gloire...

Et comme perd une pendule son mouvement en chemin, Rythme mon destin à la cadence des gris déboires, Toujours battant la mesure des malheurs sans fin.

Or tu assèches tes pleurs des douceurs nostalgiques Au temps des rêves impétueux et chimériques Qui charmèrent ta ferveur au printemps des câlins.

Certes tu te remémores ces moments de tendresse, Au temps où j'étayais des apparences de lins, Nourrissant notre amour de plaisir et d'ivresse.

Toile: Pierre Labrie

PIERRE LABRIE PUBLICATION AUTORISÉE PAR B. BOUCHER

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Entreposage Nouvo Saint - Roch

260, rue Daulac, Québec (Québec) G1K 6J6 - tél et fax: 418 523-0006 www.entreposagenouvo.com

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Photo: Jean-Pierre Colzon

Hommage à Sæur Simone

Menue et souriante, on la remarque à peine, Mais que passe le temps et on ne voit plus qu'elle, Géante et rayonnante, une femme sereine.

Féministe par choix, elle le savait bien Que, en prenant le voile, elle esquivait ainsi Tare du célibat, maternités sans fin.

On ne devine rien quand, la première fois, Elle parle en riant de soupe populaire.

On ne se doute point de sa vie d'autrefois.

Empruntant un chemin fait de recueillement Menant au don de soi, mais aussi, pour l'époque, Rarement féminin : l'épanouissement.

Cette dame au grand cœur puise son énergie En aidant les plus pauvres qu'on nomme itinérants.

Elle est devenue sœur au printemps de sa vie.

Au plus beau des métiers, à celui d'enseignante, Elle s'est dévouée. Assoiffée de justice Elle s'est révélée ardente militante.

Sa soif de liberté l'a menée au couvent, Préférant obéir, éduquer et servir, Que de vivre esseulée ou assiégée d'enfants.

JEAN-PIERRE COLJON BÉNÉVOLE À LA SOUPE POPULAIRE Sœur Simone a été responsable de la Soupe populaire à la Maison Mère-Mallet des Sœurs de la Charité située à la place d'Youville dans le Vieux-Québec, de 1993 à 2014.

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Photo: Camille-Amélie Koziej Lévesque

Au loin Lorsque se lèvera le manteau de la nuit Où brille la Lune aux tristes reflets argentés Repose maintenant tes yeux, oubliant fardeaux et ennuis Laisse-toi guider par cette rumeur ensorcelée Une subtile fragrance de rose qui envahit Un éclat d'étoile qui pénètre Dans tes rêves, ailleurs ou ici Un endroit magique où il fait bon être Que vois-tu dans cette région lointaine?

Quelle merveille croise ton regard voilé?

Dans cette atmosphère incertaine Qui n'aura jamais existé Là où je ne peux t'y étreindre Qu'il ne me sera jamais donné de te voir Je souhaiterais te rejoindre Pour me redonner un peu d'espoir...

JASMIN DARVEAU

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Cœur en fraîcheur, bonheur enchanté Mon cœur est à partager comme la fleur d'un fruit Mon bonheur est à donner comme une partie de ma vie La fraîcheur de mon âme et mon cœur qui s'enflamme, au moindre souffle du vent, me couronnent amplement Je n'ai ni ami, ni parent Un silence calmement me frappe assidûment à l'ombre de mon présent Je chante soir et matin je m'endors avec la faim Une faim de laboureur qui a fait tous ses labeurs Je fuis tous les mauvais jours et je le fais par amour Sans orgueil et sans gloire, mes jours sont des victoires Mon cœur est à partager pour ceux qui veulent l'aimer Mon bonheur est à donner sans pitié, ni préjugés La fraîcheur de mon esprit tout empreint de poésie J'ai seulement une vie que je veux vivre ainsi Je me livre tout entier comme le font les poètes qui sont des piliers d'acier au fond des mers muettes

Photo: Francine Chatigny

Le fleuve est à mes pieds Je me coiffe du soleil Aujourd'hui n'est plus pareil Je nage dans la clarté

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Mon cœur est à partager d'une riche musique Mon bonheur est magnifique fait de larmes de papier MICHEL BONNELLY

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Ressources Aide sociale ADDS Association pour la défense des droits sociaux 301, rue Carillon, Québec Tél. : 418 525-4983 Maison de Lauberivière Centre de jour 401, rue Saint-Paul, Québec Tél. : 418 694-9316 centredejour@lauberiviere.org Relais d’Espérance Aider toute personne isolée et en mal de vivre 1001, 4e Avenue, Québec Tél. : 418 522-3301 Rendez-vous Centre-ville Centre de jour 525, rue St-François Est Tél. : 418 529-2222 Rose du Nord Regroupement des femmes sans emploi 418 622-2620 www.rosedunord.org Aide aux femmes Centre femmes d'aujourd'hui Améliorer les conditions de vie des femmes 1008, rue Mainguy, Québec Tél. : 418 651-4280 c.f.a@oricom.ca www.centrefemmedaujourdhui.org Support familial Flocons d'espoir Écoute et aide matérielle pour les femmes enceintes 340, rue de Montmartre, sous-sol, porte 4, Québec Tél. : 418 683-8799 ou 418 539-2939 flocons.espoir@videotron.ca Violence Info Sensibilisation, information et intervention pour contrer la violence conjugale et la maltraitance envers les aînées. accueil@violenceinfo.com www.violenceinfo.com Alphabétisation Alphabeille Vanier 235, rue Beaucage, Québec Tél. : 418 527-8267 alphabeille@qc.aira.com Alpha Stoneham 926, rue Jacques-Bédard, bureau 202 Tél. : 418 841-1042 alphastoneham@ccapcable.com www.alphastoneham.com Atout-lire 266, rue Saint-Vallier Ouest, Québec Tél. : 418 524-9353 alpha@atoutlire.ca www.atoutlire.ca Lis-moi tout Limoilou 798, 12e Rue, 1e étage, Québec Tél. : 418 647-0159 lismoitout@qc.aira.com La Marée des mots 3365, chemin Royal, 3e étage, Québec Tél. : 418 667-1985 lamareedesmots@oricom.ca www.membre.oricom.ca/lamareedesmots Détresse psychologique Centre de crise de Québec Tél. : 418-688-4240 ecrivez-nous@centredecrise.com www.centredecrise.com Centre de prévention du suicide 1310,1re avenue, Québec Tél. : 418 683-4588 (ligne de crise) www.cpsquebec.ca Communautés solidaires 5, rue du Temple, Québec Tél. : 418 666-2200 info@communautessolidaires.com www.communautessolidaires.com Tel-Aide Québec Tél. : 418 686-2433 www.telaide.qc.ca Tel-Jeunes Tél. : 1 800 263-2266 www.teljeunes.com

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Entraide Carrefour d’animation et de participation à un monde ouvert (CAPMO) 435, rue du Roi, Québec Tél. : 418 525-6187 poste 221 carrefour@capmo.org www.campo.org Fraternité de l'Épi Aide aux personnes vivant de l’exclusion par la création d’un lien d’appartenance 575, rue Saint-François Est Tél. : 418 523-1731 Hébergement Maison de Lauberivière Pour hommes et femmes démunis ou itinérants 401, rue Saint-Paul, Québec Tél. : 418 694-9316 accueil.hommes@lauberiviere.org www.lauberiviere.org L'Armée du Salut et La maison Charlotte Hébergement hommes 14, côte du Palais, Québec Tél. : 418 692-3956 poste 1 Hébergement femmes 5, rue Mc Mahon, Québec Tél. : 418 692-3956 poste 2 www.armeedusalut-quebec.ca Maison Revivre Hébergement pour hommes et femmes 261, rue Saint-Vallier Ouest, Québec Tél. : 418 523-4343 info@maisonrevivre.org www.maisonrevivre.net SQUAT Basse-Ville Hébergement temporaire pour les 12 à 17 ans 97, rue Notre-Dame-des-Anges, Québec Tél. : 418 521-4483 coordo@squatbv.com www.squatbv.com Gîte Jeunesse Hébergement temporaire pour garçons de 12 à 17 ans Résidence de Beauport 2706, av. Pierre Roy, Québec Tél. : 418 666-3225 Résidence de Ste-Foy 3364, rue Rochambau, Québec Tél. : 418 652-9990 YWCA Hébergement et programme de prévention de l’itinérance et de réinsertion sociale pour femmes (La Grande Marelle) 855, av. Holland, Québec Tél. : 418 683-2155 info@ywcaquebec.qc.ca www.ywcaquebec.qc.ca Réinsertion sociale Maison Dauphine Pour les jeunes de 12 à 24 ans 31, rue D’Auteuil, Québec Tél. : 418 694-9616 courrier@maisondauphine.org www.maisondauphine.org Prostitution La Maison de Marthe 75, boul. Charest Est, CP 55004 Québec (Québec) G1K 9A4 Tél. : 418 523-1798 info@maisondemarthe.com www.maisondemarthe.com P.I.P.Q. Projet intervention prostitution Québec 535, av. Des Oblats, Québec Tél. : 418 641.0168 pipq@qc.aira.com www.pipq.org Soupe populaire Café rencontre Centre-Ville Déjeuner et dîner 796, rue St-Joseph Est, Québec Tél. : 418 640-0915 info@caferencontre.org www.caferencontre.org

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Maison de Lauberivière (Souper) 401, rue Saint-Paul, Québec Tél. : 418 694-9316 stephane.deslauniers@lauberiviere.org Soupe populaire Maison Mère Mallet (Dîner) 745, Honoré-Mercier, Québec Tél. : 418 692-1762 mallet1849@gmail.com Santé mentale La Boussole Aide aux proches d’une personne atteinte de maladie mentale 302, 3e Avenue, Québec Tél. : 418 523-1502 laboussole@bellnet.ca www.laboussole.ca Centre Communautaire l'Amitié Milieu de vie 59, rue Notre-Dame-des-Anges, Québec Tél. : 418 522-5719 info@centrecommunautairelamitie.com www.centrecommunautairelamitie.com Centre d’Entraide Émotions 3360, de La Pérade, suite 200, Québec Tél. : 418 682-6070 emotions@qc.aira.com www.entraide-emotions.org La Maison l'Éclaircie Troubles alimentaires 2860, rue Montreuil, Québec Tél. : 418 650-1076 info@maisoneclaircie.qc.ca www.maisoneclaircie.qc.ca Le Pavois 2380, avenue du Mont-Thabor, Québec Tél. : 418 627-9779 Téléc. : 418 627-2157 Ocean Intervention en milieu Tél. : 418 522-3352 Intervention téléphonique Tél. : 418 522-3283 Parents-Espoir Soutien et accompagnement des parents 363, de la Couronne, bureau 410, Québec Tél. : 418-522-7167 Service d'Entraide l'Espoir 125, rue Racine, Québec Tél. : 418 842-9344 seei@videotron.ca www.service-dentraide-espoir.org Relais La Chaumine 850, 3e Avenue, Québec Tél. : 418 529-4064 chaumine@bellnet.ca www.relaislachaumine.org TOXICOMANIE Al-Anon et Alateen Alcoolisme Tél. : 418 990-2666 www.al-anon-alateen-quebec-est.ca Amicale AlfA de Québec 75, rue des Épinettes, Québec Tél. : 418 647-1673 info@amicale-alfa.org www.amicale-alfa.org Point de Repères 225, rue Dorchester, Québec Tél. : 418 648-8042 www.pointdereperes.com VIH-SIDA MIELS-Québec Information et entraide dans la lutte contre le VIH-sida 625, avenue Chouinard, Québec Tél. : 418 649-1720 Ligne Sida aide : 418 649-0788 miels@miels.org www.miels.org

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MERCI À TOUS NOS PRÉCIEUX PARTENAIRES !

PARTENAIRES OR

PARTENAIRES INCONDITIONNELS (depuis plus de 5 ans !)

Centraide

Le Bal du Lézard Inter-Marché St-Jean Maison Revivre Michel Yacoub

PARTENAIRES ARGENT CKRL FM 89,1 Impressions Stampa

PARTENAIRES AD VITAM AETERNAM

PARTENAIRES BRONZE

Claude Gallichan, chiropraticien Yves Boissinot

Photo: Archives Web

Audiothèque Bibi & cie Entreprosage St-Roch Épicerie J.-A. Moisan Morin, Desrochers, Beaulieu Point de repères

SOLUTION DE PARLER POUR PARLER

9. Le verbe « dépassionner » qui signifie : rendre un débat moins passionné, plus objectif. À l’opposé, passionner un débat signifie : empreindre un débat de passion.

1. b. La grenadille qui donne le fruit de la passion fait partie de la famille des passiflores, originaire du Paraguay, du Brésil et de l’Argentine.

10. Faux. Passionnant veut dire : captivant, intéressant, prenant, autrement dit capable de passionner ; exemple : un livre passionnant. Passionnel veut dire : relatif à la passion, qui dénote de la passion ; exemple : un crime passionnel.

2. Une passionaria (s’écrit aussi : pasionaria) est une combattante, une femme engagée dans une cause. Le mot vient du surnom donné à Dolorès Ibárruri (1895-1989), figure marquante de la politique et des luttes sociales en Espagne.

SOLUTION LES MOTS CROISÉS S OLUTION

3. Avoir le feu sacré.

4. Roméo et Juliette, Tristan et Iseut, Don Quichotte et Dulcinée, Abélard et Héloïse, Robin des Bois et Lady Marianne.

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5. a. Le céphaloclastophile est un amateur et un collectionneur de casse-têtes.

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6. Espions, Panions, Panisse, Passion, Pensais, Pinsons, Pionnes, Sapines, Sapions, Sonnais…

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7. Vrai. Ces trois mots appartiennent à la famille étymologique de « passion ».

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8. Le dimanche de la Passion est le cinquième dimanche du carême (il est suivi par le dimanche des Rameaux et, ensuite, par le dimanche de Pâques).

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LA RÉFORME DU SYSTÈME DE SANTÉ ET LES DÉMUNIS

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Pas besoin d’être un grand devin pour comprendre que la réforme du système de santé proposée par le ministre Barrette n’augure rien de bon pour la population, et encore moins pour les démunis. La centralisation qu’elle implique rendra caduque la concertation locale, fera en sorte que les débats se feront sur la place publique à grands coups d’histoires d’horreur et favorisera l’installation d’un système à deux vitesses.

UN PROJET DE LOI SYNONYME DE CENTRALISATION Le projet de loi n°10 : Loi modifiant l’organisation et la gouvernance du réseau de la santé et des services sociaux notamment par l’abolition des agences régionales est une réforme de structure.

Elle est censée soulager le système de la bureaucratie, notamment dans les agences de la santé et des services sociaux. Mais, après analyse, cette réforme s’avère être un exercice de centralisation du système.

Selon le chercheur Paul Lamarche, « [l]a vraie réforme du projet de loi 10, contrairement à ce que laisse entendre son titre, ce n’est pas l’abolition des agences. Devenant des centres intégrés de santé et de services sociaux (CISSS), celles-ci ne changent que de nom tout en voyant certaines de leurs responsabilités remonter au ministre de la Santé. Cet arbre cache la forêt. Ce que le projet de loi dicte vraiment, c’est l’abolition du niveau de gestion local du réseau avec la transformation des 92 CSSS de la province en simples points de service. C’est aussi l’octroi de pouvoirs inédits au ministre de la Santé et des Services sociaux ».

(Le Devoir, 4 octobre 2014) Après plus de vingt ans à promouvoir des services sociaux et de santé adaptés à une clientèle désaffiliée, je peux vous dire qu’il faut être tenace avec les acteurs du réseau public pour obtenir des modifications qui font la différence sur le terrain. Lorsque sont planifiés des services et des soins pour la population en générale, il est rare que les maîtres d’œuvre tiennent compte des exceptions comme les personnes qui n’ont pas d’adresse, pas de téléphone ou pas de carte d’assurance maladie, par exemple.

C’est localement, dans des instances de concertation où se rencontrent les gens du terrain et les fonctionnaires, que ces éléments sont discutés et documentés. Les constats remontent ensuite dans le système et des arrangements sont quelquefois convenus après de multiples représentations.

Quand le système se rigidifie et se ferme, les groupes qui défendent les démunis se doivent de dénoncer les situations aberrantes. Il n’y aura peut-être pas d’autre choix que de le faire sur la place publique.

LES DÉMUNIS LARGUÉS On nous dit que la réforme ne touchera pas les services, mais personne n’y croit. Des coupures et des compressions sont annoncées un peu partout dans les appareils de l’État (milieu scolaire, garderies, conservatoires de musique, subventions salariales, soins aux personnes âgées, services en santé mentale, etc.).

L’austérité a été annoncée. Elle est synonyme d’une idéologie de droite qui fait peser tout le poids d’un éventuel retour à l’équilibre budgétaire sur le dos des démunis. « En entrevue, Paul Arcand demande à Martin Coiteux, responsable du Conseil du Trésor, de nommer une seule mesure d’austérité qui influe sur la vie des riches. Sa réponse s’exprime dans un silence, qu’on aimerait au moins pouvoir croire gêné ». (Le Devoir, 6 octobre 2014) L’austérité a fragilisé le système de santé de plusieurs pays d’Europe, mais aussi aux États-Unis. Dr Barrette s’est fait fort de dire, il y a quelques semaines, que le système québécois est meilleur que celui du Texas, faisant référence aux deux infirmières infectées par le virus Ebola à Dallas. Selon lui, un cas de transmission du virus Ebola au personnel de santé est pratiquement impensable au Québec, tellement le système est bien préparé. Que dire sinon que je doute de notre préparation actuelle et encore plus de notre capacité d’intervenir durant la réforme. Certains observateurs mentionnent aussi que la réforme du Dr Barrette prépare la privation de certains services de santé. Comment ne pas penser que les démunis seront largués à l’heure des menaces de santé publique comme l’Ebola, le coronavirus MERS, etc. ?

Qu’arrivera-t-il aux personnes âgées en perte d’autonomie qui sont pauvres ? Les services font déjà cruellement défaut.

Plusieurs acteurs se prononcent contre cette réforme, mais le premier ministre a signifié qu’il maintiendrait le cap. Visiblement, cette réforme fera couler beaucoup d’encre, mais aussi beaucoup de larmes.

DIANE MORIN

DÉNONCER SUR LA PLACE PUBLIQUE La réforme qui est proposée est d’une telle ampleur que cela prendra des années au système de santé à se stabiliser. Tous les acteurs du système surveilleront leurs intérêts propres. L’incertitude paralysera les concertations pendant des mois, voire des années.

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« MERCI DE NOUS AIDER » Michel Yacoub

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OUI, JE CONTRIBUE À MAINTENIR LA QUÊTE LE MAGAZINE DE RUE DE QUÉBEC Je donne 5 $ pour payer la cocarde d'identification du camelot.

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No 169 Novembre 2014

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