Echos octobre-novembre-décembre 2013

Page 33

Eux avec nous notamment à la rigueur de pensée et à la conviction avec laquelle il réfléchissait et faisait réfléchir sur l’histoire et l’avenir de la Belgique. Mais il ne faudrait pas oublier ses tâches plus directement spirituelles comme modérateur des Équipes Notre-Dame, puis surtout comme animateur spirituel des plus petits. Quant à l’évangile (Matthieu 25, 37-40), son choix s’est imposé à nous en pensant à cette longue période de la vie de Georges où il s’est consacré corps et âme aux enfants handicapés profonds de Ciney. « J’étais malade et vous m’avez visité… ». Ce ministère avait complètement ravi Georges. Il s’y donnait de tout son cœur, avec toute la patience, l’attention, la qualité de présence silencieuse qu’un tel apostolat requiert. Il y trouvait une profonde joie : je me souviens d’une confidence qu’il avait faite lors d’une journée de province, parlant de la grâce qu’il y avait à vivre avec des enfants incapables de péché… Et sans doute pouvons-nous évoquer aussi, tout autour de ce service qui était le cœur de sa vie, toute l’aide fraternelle, tout l’éclairage évangélique qu’il a pu apporter à ceux et celles qui, avec lui, étaient au service de Jésus dans ses membres souffrants ; et je pense notamment ici aux années pendant lesquelles il fut aumônier national de Foi et Lumière. Puis est venu le temps des diminutions : la perte progressive de la vue, la faiblesse généralisée, la passivité, le silence : déjà à Godinne, puis ces dernières années dans notre communauté La Colombière. Georges désormais n’a plus quitté son deuxième étage : mais pour lui cet étage avait trois lieux : sa chambre presqu’au milieu, il la quittait souvent et volontiers pour aller vers un des deux bouts de l’étage : à un bout la chapelle où il s’attardait longuement, à l’autre l’infirmerie où il était heureux de trouver un peu de compagnie. Il ne parlait presque pas et son silence pouvait faire croire à une ab-

sence mais il était souvent une écoute, et il en sortait de temps en temps, d’une manière surprenante, par une réponse, une question, une réflexion. Je me souviens qu’à la fin d’une journée de récollection, lors du Carême de l’année dernière, il avait tout d’un coup pris la parole à la chapelle, d’une voix forte et distincte pour remercier le confrère qui avait animé la journée. Merci, le mot était souvent sur ses lèvres ; il était très reconnaissant envers celles et ceux qui le soignaient : « J’ai de la chance de vous avoir, qu’est-ce que je ferais sans vous », disaitil. Ainsi pendant tout ce temps, celui qui avait si souvent « visité Jésus dans les plus petits de ses frères » était devenu désormais celui qu’on visitait, qu’on soignait, qui dépendait des autres : il était devenu un de ces plus petits, il était devenu Jésus. Georges est entré dans la paix et la joie de Dieu. À un niveau très profond, nous pouvons bien faire nôtre la recommandation de Paul : « Réjouissez-vous dans le Seigneur ». Une joie qui n’exclut pas la peine, l’émotion, mais qui est une paix profonde, une communion. Que son souvenir, que son exemple nous encourage à chercher toujours ce qui est vrai, juste, aimable, à avoir soin les uns des autres, à servir et à aimer en toutes choses. Jean-Marie Faux, s.j.

Echos • Supplément 2013-4 •

31


Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.