La gazette de la
15 juin 2014 2 €
lucarne
n 71 o
La Lucarne des Écrivains, 115 rue de l’Ourcq, 75019 Paris – tél. : 01 40 05 91 29 – http://lalucarnedesecrivains.wordpress.com
Le plus grand poète français du XIXe siècle s’appelait Isidore Ducasse, plus connu sous son nom de poète : Comte de Lautréamont. Il n’existait de ses œuvres qu’un exemplaire à la Bibliothèque nationale qu’André Breton alla recopier de sa main en 1918. Surprise : cette Gazette sans thème, 100 thèmes, s’est remplie toute seule de poèmes, sinon de poésie. La poésie est un droit inaliénable : celui de s’inventer des histoires à dormir debout, en invitant les autres à se perdre dans les méandres de ses propres (ou impropres) associations d’idées. Obéissons à cette injonction imparable de Lautréamont : « La poésie doit être faite par tous, non par un ». Que cette Gazette de juin 2014, faite par plusieurs et non par un, lui soit dédiée. Que chacun y retrouve ce qui lui plaira. Et qu’à la rencontre imaginée par Lautréamont d’une machine à coudre et d’un parapluie sur une table de dissection, vienne faire écho celle d’un reflet aperçu à travers les lattes d’un volet, d’une flânerie par la rue de la petite vitesse et d’un air d’opéra à faire tomber les lustres, avec, en codicille, un bien curieux éloge du sexe féminin. Marc Albert-Levin
Pascal Varejka la Science populaire - mensuel n° 21 (USA) / cc
Éditorial
Deux éléphants sikhs à Paris ?
T
out a commencé par un mail reçu d’un ami : « Dans le XIe, là où Pasteur et Wagner partagent la même rue, il y a des éléphants bipèdes au deuxième étage ! » Deux photos attestaient, sur un balcon, la présence inattendue de deux pachydermes dressés sur leurs pattes arrière. Distrait, je n’ai pas réagi immédiatement à l’étrange association entre Pasteur et Wagner. Deux jours après, dans un éclair de lucidité, j’ai réalisé qu’il s’agissait de la rue du Pasteur-Wagner, où habite l’une de mes amies. « Un informateur me signale que dans TA rue, on peut voir deux éléphants dressés sur un balcon. Tu es au courant de ce phénomène ? » lui ai-je demandé. « C’est exact, ces éléphants végétaux se trouvent sur un balcon de MON immeuble, au 4e étage. Ça fait un bout de temps qu’ils sont là, je crois même qu’ils y ont été installés par de précédents voisins, aujourd’hui décédés dans des circonstances encore mal élucidées... », m’a-t-elle répondu. Deuxième ou quatrième étage,
ce n’est pas si important. Mais le plus beau est ce que m’a raconté l’amie qui vit là depuis trente ans. Les gens qui habitaient à cet étage étaient un peu bizarres. La quarantaine, vaguement allumés. Du genre à brûler des tonnes d’encens et à dormir sur une planche à clous. Un beau jour, on a appris qu’ils s’étaient convertis au sikhisme. Vous n’avez jamais rencontré de sikhs dans votre vie ? Moi non plus. Mais je sais que les hommes portent un turban parce qu’ils ne se coupent jamais les cheveux. Je me rappelle quand mon exépouse, alors prof débutante venue d’Italie a croisé un sikh dans une de ses classes au début des années 1990. Croyant à la laïcité et à l’uniformité de la société française, elle lui a demandé d’enlever
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