La gazette de la
lucarne
15 mai 2014 2 €
n 70 o
La Lucarne des Écrivains, 115 rue de l’Ourcq, 75019 Paris – tél. : 01 40 05 91 29 – http://lalucarnedesecrivains.wordpress.com
oment ! » m n o b u a r fe n e l’ ir « La foi, c’e st chois joure-Apourou Jymmi An
La foi est exigeante, telle une femme, mais prenante comme un homme. Encore faut-il croire à Bacchus, à Vénus, à Bouddha ou à Fouchtra, à Dieu et à Diablesse. Foi du charbonnier, foi de l’artiste, foi de veau ou de morue, on n’en finit pas des contrefaçons ni des ignobles homonymies. Lorsque le poète et artiste Jymmi Anjoure-Apourou nous découpe ces mots : « La foi c’est choisir l’enfer au bon moment ! », il nous déclare tout de go l’ambivalence de l’une, la foi, par l’autre, l’enfer. D’ailleurs il déclare aussi : « Délivrez-nous du mien... » Il nous propose, en bon publiciste son Offre sérénité « péché offert à tous » (sans aucun engagement de durée). Il précise même, pour nous rassurer (?), « La mort est en lieu sûr ». On pourrait citer tout son livre au titre à rallonge, Phénoménodécoupologie*, notre nouvelle Bible. Autant le lire et visiter son exp(l)osition à La Lucarne cette prochaine quinzaine. Si vous n’y trouvez pas la foi, vous y verrez l’Enfer... Armel Louis *éditions Vent d’ailleurs.
La foi de Maurice Hélène Tayon
L
e Maurice à côté de chez moi ne va à l’église que pour la messe de Pâques, mais il croit. Quand il vient se faire payer l’apéro, tous les deux jours, on a régulièrement droit à sa colère contre Brassens, cet enfoiré qui a tout faux, quand il se moque de la foi du charbonnier « qu’est heureux comme un pape et con comme un panier ». Maurice monte le ton. Il a la foi, bon ! Mais il se sent ni heureux ni con. Un peu de respect tout de même ! Et de logique : un panier c’est pas si con, et pas sûr que le François du Vatican nage dans le bonheur. D’accord ? Au troisième pastis, Maurice ressasse ses malheurs. Le cancer de sa femme. Son seul fiston qui a foutu le camp en Australie et qui donne pas souvent des nouvelles. Et une retraite minable qu’est pas près d’augmenter avec toutes ces lois du gouvernement ; notre président
jean-jacques grand
Éditorial
de mes deux fait pas de cadeau aux vieux ouvriers agricoles, nom de Zeus. Cause toujours, tu m’intéresses ! Et le Maurice conclut : « Mais, le soir, faut que j’en parle à quelqu’un. C’est vrai, j’en ai tellement bavé, j’ai besoin de déballer. Alors j’appelle Jésus et je l’engueule. Je lui demande des comptes. Personne m’entend, on est entre nous, ça me soulage. Et puis je me prends un coup de bergerac, il est bon et pas trop cher, au Casino. Quand j’ai ma dose, je parle à la Sainte Mère, mais là, gentiment, juste pour lui demander des adoucissements et m’excuser d’avoir malmené son garçon. Après, je m’endors content. Peut-être que je force un peu sur le cubi et