La Gazette de la Lucarne n° 64 - 15 novembre 2013

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La gazette de la

15 novembre 2013 2 €

lucarne

n  64 o

La Lucarne des Écrivains, 115 rue de l’Ourcq, 75019 Paris – tél. : 01 40 05 91 29 – http://lalucarnedesecrivains.wordpress.com

Pa r is

Paris, j’y suis né, je l’ai arpenté en tous sens. Mais plus le temps passe, plus cette ville me semble éminemment surréaliste, souvent plus imaginaire que réelle. Les fausses pistes (dans combien de capitales européennes trouve-t-on un « Palais-Royal » qui n’a pas été la demeure des rois ?), les faux semblants, les bizarreries y abondent : des fontaines nomades, des rues inachevées, une statuaire fantasque, des singularités spatiales, des projets avortés… Je mentionnerai juste un détail qui me semble exemplaire : au-dessus du Café français, à l’angle de la place de la Bastille et de la rue SaintAntoine, on peut voir les traces d’un boulet de canon « tiré le 14 juillet 1789 »… sur un immeuble bâti en 1900. Un raccourci caractéristique de cette ville où la réalité et l’imaginaire sont inextricablement mêlées – et où le second l’emporte souvent. Pascal Varejka

Un complément de textes sur le site de La lucarne des écrivains/rubrique Essais.

Native de Paris Sylvie Hérout

M

oi, je suis fille des rues, native de Paris, de son macadam, de sa pierre grise et blanche, de ses lumières chiches, de ses toits luisants de soleil ou de pluie, de la Seine qui la traverse, de ses platanes, de ses passants, de tout ce que je n’en connais pas, de son immensité qui me donne l’envie de m’y diluer et la certitude de ne pouvoir m’y perdre, sûre que je suis, où que je sois, d’être en un point repéré du globe, grâce à un nom de rue et à un numéro. Ma ville je ne peux que l’aimer et jurer de ne, jamais, jamais la quitter. Cela ne m’empêche pas d’aimer les vastes horizons, les ciels infinis au-dessus de la mer et toutes les déclinaisons du vert des pâtures normandes, jusqu’au jour où, chaque fois, je sens qu’il est temps de rentrer. Le bon air, je finis toujours par en avoir assez. Ma ville m’attend, gorgée de tous ses possibles. À Paris, au long des rues, chacun va son chemin. Tant de

Bernard Larbouillat

Éditorial

i m e n t  ? e x is t e-t-il vr a

­­­personnes à n’être personne pour personne... Faute de savoir vers quoi marcher, je longe des immeubles, tourne au hasard, tantôt à droite, tantôt à gauche, à l’infini. Parfois je me rencontre au détour d’une vitrine. Et quand je croise quelqu’un de connaissance, jamais je ne dis bonjour en premier de crainte, si je le fais, qu’on me demande qui je suis. Dans Paris, marcher la nuit, nez en l’air… surprendre derrière une fenêtre éclairée un pan de mur cramoisi, un drapé de rideau arrondi, chercher l’intimité tamisée d’une vie, inventer son secret. Pleurer d’en rester ignorée.

Saint-Jacques de la Boucherie, poégraphie de Bernard Larbouillat.


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