La Gazette de la Lucarne du n° 59 - 15 mai 2013

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La gazette de la

15 mai 2013 2 €

lucarne

n  59 o

La Lucarne des Écrivains, 115 rue de l’Ourcq, 75019 Paris – tél. : 01 40 05 91 29 – http://lalucarnedesecrivains.wordpress.com

Éditorial

Sujet libre et libre sujet Caroline Rimet

En mai, s’il vous plaît, écrivez sur ce qui vous plaît. Écris sur c’que t’aimes, c’était le thème. Normal, donc que l’Amour avec un grand Ah ! et le désamour avec ses petits dés capable de le déglinguer, occupe dans ces pages une grande place. Dix auteurs y ont répondu de manière différente, en traitant l’autre éternel sujet de la littérature, la mort. La meilleure surprise pour moi, est venue de la Guadeloupe. Le seul parti de la Gazette a toujours été le parti de la poésie. Notre ami Patrice Ganot (les recueils de son double poétique, Stéphane Od-Ray Gaïac, se trouvent dans les rayons de la Lucarne) nous a envoyé un logo qu’il a créé pour la Centrale syndicale dans laquelle il milite. Rendu public à la date symbolique du 1er mai, j’y vois une sorte de calligramme moderne : mieux qu’une simple rêverie de jour férié, une belle invitation à bouger. Amies lectrices, amis lecteurs, si vous ne recevez que la Gazette en papier, je tiens à vous signaler qu’en prime, vous pourriez en voir toutes les couleurs… sur la version numérique, qu’il est on ne peut plus facile de demander ! Bonne lecture et retrouvons-nous en juin ! Marc Albert-Levin

B

igre, encore un sujet libre ! C’est-à-dire qu’il me revient d’en choisir un qui soit insolite, original, non convenu, plaisant, intéressant, accrocheur, perturbateur, inquiétant, dérangeant, personnel, privé, intime et… n’importe quoi pourvu qu’il ne lasse pas les futurs lecteurs de la Gazette. C’est quand même la deuxième fois qu’ils me font le coup les éminents et talentueux coordinateurs, et je dois avouer que cette perspective me navre, me hante, m’épuise, me creuse, me désespère, me met la pression si bien que je suis sûre d’en ­rêver la nuit. Mais qu’est-ce que je vais bien pouvoir raconter cette fois encore ? Le syndrome de la page blanche, non surtout pas, car c’est vraiment trop présomptueux et je vais me faire traiter de pesteprétentieuse-qui-se-prend-pourun-écrivain (je n’aime pas trop le terme « écrivaine » à cause de la troisième syllabe). Parler des caprices du temps, ça intéresse tout le monde, surtout les intellectuels tendance écolo qui y voient une vraie bombe à

retardement, mais faire allusion à une bombe n’est vraiment pas politiquement correct en ces temps troublés où des individus sans conscience tuent et mutilent ­outre-Atlantique des marathoniens et les badauds venus les encourager. Parler de géopolitique, pourquoi pas ? Mais Le Monde diplomatique le fait tellement bien que je crains de passer pour une pâle plagiaire et puis, que dire d’original ? Que la Syrie se noie dans un bain de sang ? Que la Chine continue de narguer l’Europe avec ses prodigieux excédents commerciaux ? Que le Bangladesh est devenu le sous-prolétariat d’une économie mondialisée ? Tout le monde le sait et (presque) tout le monde s’en fiche… Il y a bien les sentiments, mais les miens sont tout sauf inédits : je n’aime pas être amoureuse à sens unique, je pleure au c­ inéma, la vue d’un homme avec un bébé dans les bras me fascine,

Suite page 3.


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