Revue annuelle " L'autre voie n°11 | 2015/2016" - La croisée des routes

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place dans son réseau. Peu aujourd'hui n'ont pas leur « page Facebook », leur « compte Twitter » et leur site internet pour relayer du contenu informatif. Les articles, pétitions et dépêches s'usent et se recyclent sur les murs de la toile virtuelle. Les abonnés et sympathisants d'abord récepteurs deviennent à leur tour des vecteurs médiatiques. Internet permet de mutualiser des informations, de démocratiser la parole, de s'essayer à d'autres formes d'organisations, non plus verticales mais horizontales, où les compétences particulières de chacun sont valorisées, où les connaissances et les utopies donnent naissance à de nouvelles idéologies. Serait-ce le « berceau d'un nouveau militantisme coopératif ? Certains parlent d'internet comme d'une “chambre d'écho” » (Manise, 2012) à des coopérations décentralisées et globales. Cet « activisme numérique » qui prend forme dans la sphère du web offre de nouvelles possibilités stratégiques au militantisme dit traditionnel. Il ne peut prétendre remplacer les actions de terrain, mais transforme son écosystème : « Si personne ne pense que le discours de Martin Luther King "I have a dream" aurait eu plus d'impact en formant 140 caractères, reste que les tweets sont un excellent moyen d'inciter les gens à lire un texte plus long, et une bonne façon d'alerter les foules et les inciter à passer à l'action. Et Facebook est un très bel outil pour la mise en place de passerelles entre des personnes aux liens fort et faible. Et inversement ? » (Manise, 2012) Beaucoup d'internautes participent à leur échelle à la diffusion des contenus militants sur les réseaux sociaux, blogs et sites internet, sans s'impliquer réellement dans l'activisme de terrain ou se revendiquer d'un groupe militant. La pétition du cacique Raoni6 qui circule depuis des années maintenant, comptabilise près de 476 000 signatures virtuelles venues du monde entier pour soutenir la lutte contre Belo Monte. Les internautes sont souvent multipositionnés, engagés pour plusieurs luttes en même temps, mais dans une moindre mesure. Ils se font vecteurs pour les causes qui les sensibilisent, des « slacktivistes »7 du « militantisme post-it » (Ion, 1997). Demandant peu de temps et d'effort, ce moyen épidémique de propagation informatif prend de l'ampleur. De plus en plus de gens sont connectés au réseau mondial d'internet et y interagissent avec leurs contemporains, bouleversant leurs représentations du monde. L'autre voie | numéro 11 | 238


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