KOSTAR 26

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en face à face

ANNA MOUGLALIS

« je suis partie pour inventer ma vie » Interview / Arnaud Bénureau

photo / Thomas Doré pour Kostar

Anna Mouglalis est insaisissable. Un jour, en vacances, le lendemain en tournage, tout le temps overbookée ! La Nantaise nous avait promis cette rencontre. Elle a tenu parole. Pour Kostar, l’égérie de Chanel se raconte pour dessiner les contours d’un parcours pas comme les autres. Aujourd’hui, que vous inspire Nantes ? n Même si j’en suis partie en courant, je reste attachée à cette ville. Mon père est encore là. Mon grand-père, aussi. J’y reviens régulièrement. J’ai eu la chance d’avoir des parents qui m’ont emmenée voir plein de choses. Mon amour du cinéma et du théâtre est né ici. Au Festival de la Gournerie, j’ai entendu des textes magnifiques de Yvon Lapous. Mes premières expériences de théâtre, c’était grâce à Yvon Lapous. Votre envie d’être artiste viendrait-elle donc de Nantes ? n Elle vient de loin. Mais c’est vrai que mes parents m’ont ouvert tant de portes. Petite, j’allais au Cinématographe. J’éprouvais un tel plaisir en tant que spectatrice que je n’avais jamais pensé être actrice. Le fait que mon père soit acupuncteur a également déclenché plein de choses. À l’école, lorsqu’il fallait écrire sur les fiches de renseignements la profession du père, on me demandait toujours à quoi cela correspondait. Il y avait là-dedans quelque chose de l’ordre de la liberté. D’avoir vu mon père animé par son métier comme il l’a été, ça donne envie.

Y a-t-il eu d’autres déclics ? n Ma mère m’a toujours inspiré en me disant qu’il était important d’être indépendante. Cet appel de l’autonomie, je l’ai senti très fort. Je suis partie pour inventer ma vie. Comment vous envisagez-vous aujourd’hui ? Comme une actrice, une réalisatrice, une égérie, une mannequin ? n Grâce à la maturité, j’arrive à me vivre comme une artiste. Il n’y a rien de plus puissant que l’art. J’aime que tout bouge tout le temps. Je fais un métier qui permet de se réaliser, se rencontrer et d’apprendre sans cesse. Mais comment expliquez-vous cette facilité à vous inviter à la fois dans le cinéma presque expérimental de Philippe Grandrieux et celui, plus mainstream, de Joann Sfar ? n Pendant longtemps, j’ai préféré participer à des projets qui me semblaient être des films tentant quelque chose. Je ne choisissais donc pas particulièrement des rôles ; mais des projets. J’éprouvais ce besoin de partir dans des propositions formellement très fortes pour ne pas avoir PA G E 0 4 5

saison 0 5 / N U M É R O 2 6

été 2011


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