L'Hebdo du Vendredi Epernay 443

Page 4

4

Du 20 au 26 avril 2018 >> www.lhebdoduvendredi. c o m

À la une

Festival de BD d'Hautvillers

« J'aime tracer des parallèles avec notre époque » Dessinateur et scénariste autodidacte, Étienne Willem sera le président d'honneur du 12e festival de bande dessinée d'Hautvillers. Le Belge, auteur de « L’Épée d’Ardenois » et « Les Ailes du singe », décrypte son travail et son intérêt pour ces animaux pas si bêtes. une affiche comme celle-ci, il faut compter au moins quatre jours de travail.

L'auteur belge autodidacte, Étienne Willem apprécie notamment beaucoup le courant littéraire steampunk. © Serge Ninanne

Vous êtes déjà venu plusieurs fois à Hautvillers. Qu’est ce qui vous plaît dans ce festival de bande dessinée ? C’est un festival à taille humaine et familial, on n’est pas comme dans les grand-messes que sont les festivals d’Angoulême ou de Saint-Malo où on fait du travail à la chaîne, de l’abattage. À Hautvillers, on a l’occasion de rencontrer le public et de discuter avec des gens pour savoir ce qu’ils aiment dans notre travail. Je retrouve aussi avec plaisir les organisateurs qui sont devenus, au fil des années, des amis. Et puis ça permet également de découvrir le travail de collègues qu’on connaît peu ou pas. C’est très enrichissant d’un point de vue personnel et professionnel. Qu'est ce que ça représente pour vous d'être le président d'honneur du festival ? Ca me fait très plaisir ! C’est extrêmement flatteur quand on connaît les noms de mes prédécesseurs : Jean Solé (2013), Olivier Grenson (2015), Riff

Rebs (2017)… Il y a un certain degré de reconnaissance qui me fait plaisir mais il y a aussi un peu d’inquiétude de passer après eux. Je vais devoir montrer ma cuisine aux autres et il faut que je sois à la hauteur. Mais ça ne vas pas changer grand-chose dans ma façon d’aborder ce week-end.

Racontez-nous comment vous avez élaboré l’affiche de ce 12e festival (voir ci-contre)… La seule contrainte précise, c’était d’intégrer le champagne. Les personnages de ma série précédente, « L’Épée d’Ardenois », ne s’y prêtaient pas trop car elle se déroule dans un univers d’heroic-fantasy médiéval, dans lequel on ne connaît pas encore le champagne. J’ai choisi un genre et une époque que j’aime beaucoup, le steampunk, qui fait référence au XIXe siècle. J’ai repensé au film de Georges Méliès, « Le Voyage dans la Lune », avec cette fusée plantée dans l’œil de la lune, et j’ai eu l’idée de la remplacer par un bouchon de champagne. Pour

Comment appréciez-vous votre métier d’auteur ? C’est un métier dans lequel on doit se remettre sans arrêt en question car c’est facile de tomber dans des automatismes. Une fois qu’on connaît les codes de la BD, on peut être tenté par un certain systématisme, comme au cinéma. Si on calcule les choses comme à Hollywood, avec, à telle minute, une scène de bataille, à telle minute, une scène de sexe, un traître, un héros etc., ça devient mécanique et ça n’est plus amusant. On ne peut pas faire un bon album sans être honnête avec soimême. Je crois qu’il faut faire quelque chose qui nous plaît avant tout en tant qu’auteur et quand les gens s’en rendent compte, ils rentrent dans l’univers.

fonctionné, j’aurais pu faire un autre cycle mais je n’aurais rien eu de plus à raconter. Je voulais changer d'univers. J'aime tracer des parallèles avec notre monde et notre époque. Dans « L’Épée d’Ardenois », je m'interroge sur le concept discutable de guerre juste. Dans « Les Ailes du singe », je m'intéresse à la crise sociale des années 1930 qui est un bon parallèle avec notre époque avec, notamment, la crise

Vos trois premières séries sont marquées par l'anthropomorphisme. Pourquoi ce choix ? La première fois que j’ai mis en scène des animaux, c’était pour aborder l’heroic fantasy de façon différente. J’y ai retrouvé le plaisir que j’avais à regarder les Disney de mon enfance tels que « Robin des Bois » ou « Basile, détective privé ». Ça offre une certaine facilité dans le mesure où on a l’habitude d’associer un animal à un caractère depuis les « Fables de La Fontaine ». Ça permet de ne pas avoir à perdre trop de temps en exposant longuement un personnage car dans un album de 46 pages, tout va très vite. Vos univers sont à chaque fois très différents... J’aime la diversité. Quand j'ai vu que « L’Épée d’Ardenois » avait très bien

Les douze travaux d'Hautvillers

u fil des années, le festival de bande dessinée d'Hautvillers est devenu une date incontournable pour les mordus de phylactères de la région et d'ailleurs. Ainsi, la 12e édition de ce rendez-vous, organisée ce week-end, ne devrait pas déroger à la règle. Avec un soleil au beau fixe prévu samedi et dimanche, plus de 2 000 participants seront attendus lors de ce festival convivial et à taille humaine bénéficiant d’un cadre enchanteur, au sein du berceau du champagne. Mais résumer le festival d’Hautvillers à son seul panorama serait faire injure à l'équipe de BD Bulles, organisatrice de l’événement. Ce qui fait la réussite de ce festival, c’est avant tout le casting prestigieux de dessinateurs, illustrateurs et scénaristes en dédicace pendant deux jours. Le public y retrouvera quelques habitués comme Benoît Blary, Jean Solé ou Clément Lefèvre, auxquels s’ajouteront des « anciens » prolifiques comme François Corteggiani (scénariste sur « La Jeunesse de Blue-

A

berry », ancien rédacteur en chef BD de « Pif Gadget », entre autres) et le président d’honneur Etienne Willem (« L’Épée d’Ardenois » et « Les Ailes du singe »), pour ne citer qu’eux. Il faudra prévoir plusieurs dizaines de minutes pour avoir la chance de les rencontrer. Les plus impatients quitteront la salle des fêtes pour arpenter les rues du village, à la découverte des animations prévues : expositions d’originaux de Clément Lefèvre et Etienne Willem, espace pour enfants et ateliers, traiteur et bouquinistes dans la cour de l’école, sans oublier la dizaine de viticulteurs qui ouvriront leurs portes. Si Hautvillers rime avec BD, il rime aussi avec champagne. 4 Festival BD d'Hautvillers,

S.K

samedi 21 et dimanche 22 avril, de 10 h à 12 h et de 14 h à 18 h, à la salle des fêtes d'Hautvillers. Tarifs : 3 €, 5 € les deux jours, gratuit pour les moins de 18 ans.

À l'occasion de cette 12e édition, 22 auteurs seront présents en dédicace. © l'Hebdo du Vendredi

économique, la montée des extrémismes, le développement des ligues pour la moralité publique... Néanmoins, le principe de base reste de faire de l’aventure tout public, sans donner de leçons. Ce sont plus des réflexions personnelles.

Propos recueillis par Simon Ksiazenicki


Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.