zola-16

Page 145

Ce jour-là, Félicien ne sut que regarder Angélique brodant les boucles à points fendus, dans le sens de leurs enroulements ; et il ne se lassait pas de voir les cheveux croître et flamber sous son aiguille. Leur profondeur, le grand frisson qui les déroulait d’un coup, le troublaient. Hubertine, en train de coudre des paillettes, cachant le fil à chacune avec un grain de frisure, se tournait de temps à autre, l’enveloppait de son calme regard, quand elle devait jeter au bourriquet quelque paillette mal faite. Hubert, qui avait retiré les lattes pour découdre la bannière des ensubles, achevait de la plier soigneusement. Et Félicien, dont le silence augmentait l’embarras, finit par comprendre qu’il devait avoir la sagesse de partir, puisqu’il ne retrouvait aucune des observations qu’il s’était promis de faire. Il se leva, il bégaya : – Je reviendrai... J’ai si mal reproduit le dessin charmant de la tête, que vous aurez peut-être besoin de mes indications. Angélique posa sur les siens ses grands yeux clairs, tranquillement. – Non, non... Mais revenez, monsieur, revenez, si l’exécution vous inquiète. Il s’en alla, heureux de la permission, désolé de cette froideur. Elle ne l’aimait pas, elle ne l’aimerait jamais, 145


Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.