Verne-chemin

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IX Le lendemain et les jours suivants, nous allâmes tous deux à l’affût des nouvelles. Cela se déciderait avant huit jours ou guère plus. Il y eut encore des passages de troupes à Belzingen, les 21, 22 et 23, même un général qu’on m’a dit être le comte de Kaunitz, suivi de son état-major. Cette masse de soldats gagnait du côté de Coblentz, où attendaient les émigrés. La Prusse, donnant la main à l’Autriche, ne dissimulait plus qu’elle marchait contre la France. Il est donc certain que ma situation à Belzingen s’empirait de jour en jour. Évidemment, elle ne serait pas meilleure pour la famille de Lauranay ni pour ma sœur Irma, une fois la guerre déclarée. De se trouver en Allemagne dans ces conditions, cela devait leur créer plus que des embarras, des périls réels, et il convenait de se tenir prêt à toute éventualité. J’en causais souvent à ma sœur. La bonne créature voulait en vain cacher ses inquiétudes. La crainte d’être séparée de Mme Keller ne lui laissait plus un instant de repos. Quitter cette famille ! Jamais elle n’avait eu la pensée que l’avenir lui réserverait un tel malheur ! 88


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