Verne-chemin

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« Ma mère !... s’écria M. Jean, en s’élançant vers elle. – Et que veux-tu, mon fils ? – Je veux... répondit Jean, je veux que toi aussi tu partes ! Je veux que tu les suives en France, dans ton pays ! Moi, je suis soldat ! Mon régiment peut être déplacé d’un jour à l’autre !... Tu serais seule ici, toute seule, et il ne faut pas que cela soit... – Je resterai, mon fils !... Je resterai, puisque tu ne peux plus m’accompagner... – Et lorsque je quitterai Belzingen ?... reprit M. Jean, qui avait saisi le bras de sa mère. – Je te suivrai, Jean !... » Cette réponse fut faite d’un ton si résolu que M. Jean garda le silence. Ce n’était pas l’instant de discuter avec Mme Keller. Plus tard, demain, il causerait avec elle, il la ramènerait à une appréciation plus juste de la situation. Est-ce qu’une femme pouvait accompagner une armée en marche ? À quels dangers ne serait-elle pas exposée ? Je le répète, il ne fallait pas la contredire en ce moment. Elle réfléchirait, elle se laisserait persuader. Puis, sous le coup d’une émotion violente, on se sépara.

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