Roy-croquis

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sont pour cela trop souvent sommaires et simplistes. Nous approuvons en bloc, ou nous condamnons de même sans songer assez que la réalité est souvent complexe, et exige plus de subtilité et plus de distinctions. Et ce manque de subtilité provient, semblet-il, de ce que l’esprit critique n’est pas encore chez nous assez développé. Mais, entendons-nous, je parle de l’esprit critique qui juge des choses après les avoir consciencieusement étudiées, et qui n’en parle qu’après une suffisante information. Trop volontiers en matière d’art, de littérature, de science sociale ou politique nous nous en tenons à des généralités assez vagues, ou à des affirmations non contrôlées ; nous ne nous soucions pas assez d’aller voir par nous-mêmes. Cette fâcheuse habitude d’esprit entraîne un autre défaut, qui est la paresse intellectuelle. Celle-ci, d’ailleurs, pourrait tout aussi bien être cause de celle-là. Avouons-le, nous sommes encore intellectuellement paresseux. Ils sont assez rares chez nous ceux qui, vraiment, travaillent, et qui savent utiliser leurs loisirs. Pour cette raison, beaucoup, selon la juste expression de M. Arnould, laissent peu à peu tomber leurs dons naturels sans les pousser jusqu’au talent. Où se trouvent les causes d’une telle disposition d’esprit ? M. Arnould semble bien près de croire que nos examens de baccalauréat, et nos examens de

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