Henry Gréville - Péril

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sombre. Raffaëlle sourit ; elle riait rarement, étant très soucieuse de la correction de ses manières. – Eh bien ! quand cela serait ? fit-elle avec la plus parfaite indifférence. Mais cela n’est pas, et vous le savez bien. – Je n’en sais rien du tout ! insista le jeune peintre. – Vous allez peut-être me dire aussi que je l’aime ? – Cela se pourrait ; tout est possible, puisque vous ne m’aimez pas ! Elle attacha sur lui le regard de ses yeux noirs, profonds, – veloutés, quand elle le voulait. – C’est à moi de vous dire : Vous n’en savez rien ! répondit-elle à voix basse. Éperdu, André se laissa glisser à demi agenouillé sur les coussins, près d’elle. – Raffaëlle, Raffaëlle, dit-il, ne me tourmentez pas... Voilà six mois que vous me tenez attaché au pied de ce fauteuil comme un petit chien au bout d’une laisse... Je vous ai dit cent fois que je vous aime, vous m’avez torturé de cent façons, mais jamais encore de celle-ci... – Relevez-vous, dit tranquillement Mlle Solvi, François va apporter le thé, et il ne faut pas qu’il vous trouve dans cette position ridicule. 8


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