Henry Gréville - Péril

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huit mois, quatre furent employés à le promener lentement sur le Nil ; sa blessure était en elle-même sans gravité, mais la double pleurésie qu’il avait contractée dans la neige avait laissé de telles traces que tout autre, moins vigoureux, fût mort depuis longtemps. On le guérit, on le crut sauvé, mais son mal devait reparaître souvent, pour de longs intervalles, le laissant à chaque reprise plus languissant. Le propre de Niko Mélétis n’était pas une patience à toute épreuve : il échappa un jour à la surveillance inquiète de ses sœurs et s’embarqua pour la France, où il avait une nombreuse famille du côté de sa mère. Bien accueilli, choyé partout, à cause de lui-même et aussi de son patriotisme, il ne voulut plus retourner chez lui que de temps en temps, contraint par la souffrance. Désireux de savoir à quoi s’en tenir sur sa santé, il interrogea l’un après l’autre trois médecins célèbres, dont un illustre : leur avis fut celui du docteur de sa famille, du médecin du Caire qui l’avait envoyé sur le Nil, bref celui de toute la Faculté : Mélétis était atteint de phtisie et devait se résigner à vivre tout au plus quelques années encore. Cette certitude n’assombrit pas outre mesure la bonne et brillante nature du jeune homme. – Si je n’ai que peu de temps à vivre, se dit-il, inutile d’ébaucher un commencement de carrière et de 57


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