Henry Gréville - Péril

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– Excusez-moi, monsieur, dit la mère avec un geste qui l’arrêta, j’ai à parler à mon fils. Elle ouvrit le salon, fit passer André devant elle, puis entra après lui et referma la porte. Éliette attacha sur Niko son regard plein de terreur. – Courage ! dit-il à voix basse. Asseyez-vous. Il lui offrit une chaise, elle s’assit, il resta debout, et tous deux, dans l’angoisse, jetèrent leurs yeux sur la porte. La voix de Mme Heurtey leur arrivait comme un murmure sourd et régulier ; ils ne pouvaient distinguer ses paroles. – Mon fils, dit-elle. André leva sur elle un regard triste, mais assuré. Elle se raidit dans son indignation maternelle contre ce regard qu’elle considérait comme une impudente manifestation d’audace. Il resta debout devant elle, dans une attitude respectueuse, mais sans humilité. – Mon fils, reprit la mère, je t’ai donné, ou plutôt je t’ai laissé donner une belle éducation : j’ai eu tort. Ton père était un ouvrier, – un contremaître n’est qu’un ouvrier plus habile, – mais c’était un honnête homme. J’aurais dû faire de toi un ouvrier comme lui, et, toi aussi, tu aurais été un honnête homme. – Ma mère ! fit André avec un frémissement de 294


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