Lerouge-esclave

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avais appris que tu n’étais autre qu’un fils d’esclave... Pascalino à cette injure devint blême. Après avoir cherché un prétexte de querelle vague, il se trouvait sérieusement insulté. D’un coup de pied, il renversa la table et marcha vers la vieille en brandissant un couteau. Mais Vénus avait fortement saisi son stylet à manche noir. – Il est empoisonné, cria-t-elle. Tu ne vivras pas deux heures après que je t’aurai piqué... – Je me moque de toi et de ton stylet. Pascalino avait pris une lourde chaise d’acajou et frappait à tour de bras sur Vénus, abritée sous un guéridon comme une tortue sous sa carapace. De cet asile, elle pointait son stylet aigu et brillant comme le dard d’un scorpion. Mais Pascalino qui supposait à la vieille des économies, tapait de toutes ses forces. Les hurlements d’effroi et les cris d’appel de Vénus ne trouvaient aucun écho. Dans ce quartier de mulâtres et de nègres affranchis, de pareilles bagarres étaient fréquentes. Pascalino, atteint de plusieurs coups de stylet, était fou furieux. Le guéridon qui servait de bouclier à Vénus avait volé en éclats ; le pied de la chaise d’acajou avait

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