Leblanc-obus

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– Ah ! si vous saviez, mon colonel !... Paul se précipita sur son chef. Il avait un air de démence, et il articula, en brandissant son fusil : – Ils l’ont tuée, mon colonel ; oui, ils ont fusillé ma femme... Tenez, contre ce mur, avec les deux personnes qui la servaient... Ils l’ont fusillée... Elle avait vingt ans, mon colonel... Ah ! il faut les massacrer tous, comme des chiens !... Mais Bernard l’entraînait déjà. – Ne perdons pas de temps, Paul, vengeons-nous sur ceux qui se battent... On entend des coups de feu là-bas. Il doit y en avoir de cernés. Paul n’avait plus guère conscience de ses actes. Il reprit sa course, ivre de rage et de douleur. Dix minutes après, il rejoignait sa compagnie et traversait, en vue de la chapelle, le carrefour où son père avait été poignardé. Plus loin, au lieu de la petite porte qui naguère s’ouvrait dans le mur, une vaste brèche avait été pratiquée par où devaient entrer et sortir les convois de ravitaillement destinés au château. À huit cents mètres de là, dans la plaine, à l’intersection du chemin et de la grand-route, une violente fusillade crépitait. Quelques douzaines de fuyards essayaient de se frayer un passage au milieu des hussards qui avaient 122


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