Fafard-legendes

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« Tu le veux, eh bien ! pars ! mais heureuse ou malheureuse, ne reviens plus ». La pauvre enfant partit donc par un triste jour d’automne pour le lointain Labrador où résidait alors son cruel mari. Six mois plus tard, la famille apprenait par une dépêche télégraphique que leur fille avait été brûlée vive dans sa maison. Un incendie mystérieux dont personne ne put découvrir la cause avait tout réduit en cendres. Malgré les difficultés du trajet, le père affligé se rendit tout de suite à Mingan, mais il ne put trouver que les restes calcinés de sa belle jeune fille d’autrefois. Il acquit la certitude, d’après l’opinion générale des gens de l’endroit, que la pauvre malheureuse avait été brûlée à mort par son mari. Avant l’arrivée même du père de la jeune femme, le misérable époux avait pris la fuite emmenant avec lui son enfant. Il ne reparut jamais dans le pays. Où s’est-il réfugié et qu’est devenu ce fils que les grands-parents avaient à peine connu ? Personne ne les a jamais revus. Cet enfant doit être maintenant un homme d’une quarantaine d’années, s’il vit encore. Il n’a peut-être jamais connu la triste histoire de sa pauvre mère qui l’avait tant aimé. Dans le petit cimetière de Mingan, on peut encore voir la croix qui nous dit le nom et nous rappelle la triste destinée de cette jeune femme infortunée, qui ne 71


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