Dumas-Savoie-1

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empereur, je ne suis plus roi, je ne suis plus prince. Il me faut briser avec la flatterie. Changeons donc de conversation. Comment se porte mon frère Henri ? – À merveille, sire, répondit l’amiral, répondant à l’invitation de s’asseoir que répétait pour la troisième fois l’empereur. – Ah ! que j’en suis donc aise ! dit Charles Quint, si aise que le cœur me rit, et non sans cause. Car je tiens à grand honneur d’être sorti, du côté maternel, de ce fleuron qui porte et soutient la plus célèbre couronne du monde. Mais, continua-t-il, affectant de ramener la conversation aux choses communes de la vie, on m’a dit toutefois que ce bien-aimé frère commençait à grisonner, lorsqu’il me semble qu’il n’y a que trois jours que, tout enfant et sans un poil de barbe, il était en Espagne. Ah ! tantôt vingt ans, cependant, se sont écoulés depuis lors ! Et Charles Quint poussa un soupir, comme si ces seuls mots échappés à sa bouche venaient de lui rouvrir le vaste horizon du passé. – Le fait est, sire, reprit l’amiral, répondant à la question de l’empereur, que Sa Majesté commence à compter les cheveux blancs, mais par deux et trois tout au plus. Or, qui n’a pas, plus jeune que lui, ses cheveux blancs ?

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