Dumas-Othon

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vous croyez ; je suis le comte Karl de Hombourg. Je n’ai donc contre vous que la haine que j’ai pour tout traître, que le mépris que j’ai pour tout calomniateur. Avouez que vous avez menti, et vous êtes libre. – Ceci, répondit en riant Godefroy, est une affaire qui ne regarde que Dieu et moi. – Que Dieu la juge donc ! s’écria le comte Karl en se préparant au combat. – Ainsi soit-il, murmura Godefroy en abaissant d’une main sa visière et en tirant de l’autre son épée. Le prêtre se remit en prières. Godefroy était brave, et il avait donné plus d’une preuve de son courage en Palestine ; mais alors il combattait pour Dieu, au lieu de combattre contre Dieu. Aussi, quoique le combat fût long et acharné, quoiqu’il fit en courageux et habile homme d’armes, il ne put résister à la force que donnait au comte Karl la conscience de son droit : il tomba percé d’un coup d’épée qui était entré dans la cuirasse et avait profondément pénétré dans la poitrine. Quant au cheval de Godefroy, effrayé de la chute de son maître, il reprit la route par laquelle il était venu et disparut bientôt derrière le sommet du chemin creux. – Mon père, dit tranquillement le comte Karl au prêtre tremblant de frayeur, je crois que vous n’avez pas 33


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