Dumas-Berthe

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La reine vaquait en ce moment avec tant d’attention aux soins de sa volière bien-aimée, qu’elle n’aperçut pas le roi qui entrait dans sa chambre par une porte dérobée, et se cachait tant bien que mal, vu son embonpoint, derrière une épaisse portière de velours. Après avoir rempli d’une eau liquide les jolis godets de cristal, suspendu çà et là aux fils d’or de la cage mille friandises des plus agaçantes, elle s’amusait à contempler en silence tous ces charmants oiseaux qui voletaient, sautillaient, butinant par-ci, butinant par-là, bruyants, animés comme une ruche en travail, lorsque tout à coup un cri aigu la fit tressaillir. – C’est lui ! s’écria-t-elle toute joyeuse ; et elle courut à son balcon pour appeler le petit oiseau qu’elle avait perdu, et qui, depuis quelque temps, revenait chaque jour, à la même heure, gazouiller sous les fenêtres de sa belle maîtresse. – Viens ici, lui dit-elle, en froissant dans sa main un gros biscuit qui s’éparpillait en miettes d’or sur le balcon. – Viens ici, mon petit Pierrot ! À ces tendres paroles, le roi poussa dans sa cachette un sourd gémissement. La reine eut peur, se détourna brusquement et aperçut le grand ministre Pierrot qui venait d’entrer, et qui s’inclina profondément devant elle. 290


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