JUNKPAGE#36 —ÉTÉ 2016

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© Inigo Royo D. R. D. R.

© Inigo Royo

internationale n’est pas le choix fondateur. Le pari est ici celui de l’ancrage et de la promotion de la participation. Des cartes blanches sont données à Esther Ferrer, artiste multidisciplinaire, Anjel Lertxundi, écrivain, et Jone San Martin, chorégraphe et danseuse, pour élaborer des échanges et engager un dialogue. Music Box Festibala explore à la fois la scène actuelle de la musique indépendante et la ville à travers douze rendez-vous musicaux programmés dans des lieux insolites. Maider López installe sur une même place les fontaines retirées car devenues avec le temps obsolètes, et renvoie ainsi à l’histoire, à la mémoire à travers la réutilisation d’un mobilier urbain tombé en désuétude. Mugalariak défie les modes traditionnels de création et de rencontre dans les arts du spectacle entre les artistes et les spectateurs. Dance2gether invite à une large danse communautaire et offre l’opportunité de cohabiter avec autrui en se servant du langage du corps. Dans différentes propositions, la gastronomie s’ouvre au plaisir de la découverte et revendique aussi sa facette plus anthropologique dans une mise en scène qui rassemble littérature, arts audiovisuels et histoire. Un itinéraire en plusieurs étapes combine excursion et culture et traverse des lieux de référence en termes de valeur écologique et artistique. Dans le parc Cristina Enea, Songe d’une nuit d’été de William Shakespeare fusionne littérature, gastronomie, musique, théâtre et danse. Les spectateurs font partie de la représentation, en étant invités aux noces de Hermia et Démétrius, et en profitant d’un repas inspiré par les transes de l’amour. Les meilleurs improvisateurs d’Europe se croisent dans des espaces publics pour une rencontre internationale des traditions orales

des cultures européennes. Kalebegiak est un film réalisé par quinze réalisateurs avec pour plateau la ville, soulignant ainsi son potentiel comme source d’histoires. Tratos propose une relecture de la comédie de Cervantes Le Traitement d’Alger sur la question du déplacement et de l’emprisonnement avec des acteurs ayant vécu l’expérience d’être (im)migrants. En fin d’année, un Sommet européen de la diversité linguistique a pour objectif d’élaborer le Protocole de Garantie des Droits Linguistiques pour permettre d’atteindre une véritable égalité entre les différentes communautés linguistiques. À Pasaia, Errenteria et Saint-Sébastien, des murs font l’objet d’interventions basées sur une alliance entre art et possibilités d’interaction grâce aux nouvelles technologies. Cette addition mouvante de conversations, d’ateliers, de chantiers et de sollicitations de tous les registres de la culture, menée par et dans la société civique, peut apparaître déroutante, voire frustrante pour le visiteur en quête d’une offre plus consistante et plus démonstrative. Mais, dans ce foisonnement, il s’agit d’abord de se comporter en voyageur attentif et disponible. Un voyageur comme le Marco Polo visionnaire des Villes invisibles d’Italo Calvino qui ne cherche pas un point d’arrivée mais une infinité de parcours et donc de connexions. Il voyage pour susciter inlassablement le mouvement et arpenter des territoires ramifiés, multiples, imprévisibles pour rencontrer, apprendre et partager. Didier Arnaudet Donostia / San Sebastián 2016 Europako Kultur Hiriburua dss2016.eu

L’exposition majeure « Traité de paix » aborde les représentations de la paix dans l’histoire de l’art, de la culture et du droit. Présentée au Musée San Telmo et au Koldo Mitxelena Kulturunea, elle réunit de nombreuses œuvres provenant des fonds de 21 musées internationaux, parmi lesquels se trouvent ceux du Louvre, de Reina Sofía, du Prado et des Beaux-Arts de Bilbao. À l’affiche : Goya, Rubens, Murillo, Ribera, Picasso, Le Corbusier, Maruja Mallo, mais aussi Elena Asins, Alice Creischer, Nancy Spero et Sophie Ristelhueber, entre autres. Pedro G. Romero assure le commissariat sur une idée de Santiago Eraso. L’objectif n’est pas d’explorer cette relation entre guerre et paix, mais d’être attentif à la paix, aux formes et représentations complexes qu’elle a traversées par le passé, aux limites extrêmes de vie et de mort, de lumière et d’obscurité qu’elle a affrontées. Cette manifestation rassemble des expositions, des productions artistiques contemporaines, des publications, des séminaires et des conférences. Elle prend pour point de départ la figure emblématique de Francisco de Vitoria, inspirateur de la première école du droit international, l’École de Salamanque, dans le nouveau contexte du xvie siècle, époque marquée par les guerres contre les « hérétiques », l’expulsion des Maures et des Juifs, et la colonisation du continent américain. Elle s’achève sur cet enchaînement, avec son lot de tragédie et d’espoir, des accords de paix passés après les guerres successives du siècle dernier jusqu’à aujourd’hui. « Traité de paix » se penche sur la relation entre la guerre et la paix pour comprendre les passages symboliques qui se produisent entre les deux afin de connaître le monde et ses déchirures, non pour le maintenir dans un équilibre précaire où se neutralisent le fracas et le calme, la peur et la réconciliation, mais pour le rendre plus acceptable pour une vie plus satisfaisante.

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