Mars 2013

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38 | Le journal l’Agral

EXPÉRIENCE VÉCUE

Une main-d’œuvre qui brille par sa présence!

L

es producteurs horticoles en sont, et pour certains depuis un bon moment déjà, à la planification de la saison 2013 (plan agroenvironnemental de fertilisation, commandes et réception des semences, superficies, fertilisants, pesticides…). Il ne faut surtout pas qu’ils oublient de planifier la venue d’une main-d’œuvre indispensable : les travailleurs étrangers. Bientôt déjà, ceux-ci prendront d’assaut les champs, serres et vergers. Ces travailleurs sont prêts à tout pour toujours gagner un peu plus de sous afin de subvenir aux besoins de leur famille restée dans leur pays d’origine. Ce n’est pas avec joie qu’ils quittent femmes et enfants au début du printemps pour ne revenir qu’à la fin de l’automne. Certains apprendront après une dure journée de labeur passée au champ, au soleil, à la pluie ou au froid (aux belles conditions climatiques de nos étés québécois, quoi!), et ce, à des centaines de kilomètres de leur maison, la venue d’un bambin tant attendu, le décès d’un être cher ou les problèmes de santé que vivent leurs enfants. Au nombre qu’ils peuvent être sur une ferme (parfois plus de 100), cela ressemble à un village. La présence sur une petite parcelle de la ferme des quelques plants de piments forts nécessaires à la préparation des repas, je vous le dis, épicés (eh oui, j’y ai goûtés) est indispensable. Un nombre incalculable de bicyclettes (moyen de transport par excellence) attendent près des habitations. Des ballons de soccer, évidemment, sont indispensables pour ces passionnés de ce sport. À dix, douze ou même vingt travailleurs dans la même maison, au revoir intimité et tranquillité. Pour parler au téléphone, un trouvera refuge dans la cabine d’un tracteur, l’autre sous un arbre à l’abri des regards curieux des autres travailleurs. Au mieux de leurs connaissances, ils pourront se diriger lors de leurs quelques heures de congé, à l’épicerie, au centre-ville ou au centre d’achats et parler « el francés ». Ils pourront aussi se mettre à jouer aux dominos ou aux cartes sur une table improvisée au centre de l’entrepôt de machinerie agricole, écouter de la musique du pays à tue-tête ou encore préparer des mets typiques.

ANNE-SOPHIE DUMAS, AGRONOMIE SECRÉTAIRE DE L’AGRAL Mais si leur venue au Québec nous était refusée… …Près de 625 entreprises québécoises se retrouveraient sans travailleurs. Ces entreprises perdraient au total près de 9 500 travailleurs répartis comme suit : 58 % dans le maraîcher, 9 % en serriculture, 6 % en pépinière, 6 % en pomiculture et 21 % dans d’autres secteurs (acériculture, apiculture, gazonnières, sapinières, vignobles, tabatières et productions animales). La présence de la main-d’œuvre étrangère fait jaser et est un sujet à débats. Pour plusieurs, il est inacceptable d’engager des travailleurs étrangers alors que bien des gens au pays sont sans emploi. Leur point de vue est tout à fait logique, mais le problème est que ces gens ne sont pas prêts à affronter les conditions de travail, disons-le, assez exigeantes. Nous ne pouvons pas les amener de force sur les fermes et accepter des travailleurs qui ne fournissent pas un rendement adéquat. Ce sont au final les producteurs qui sont perdants dans cette situation et qui se retrouvent avec un nombre déficitaire de travailleurs. La venue ainsi que la présence des travailleurs étrangers au Québec est bien gérée par la Fondation des Entreprises en Recrutement de Main-d’œuvre agricole Étrangère (F.E.R.M.E). Un peu de nostalgie Il est très agréable de travailler avec eux. Ils nous permettent de découvrir leurs coutumes, leur langue et de nous faire voir à quel point nous sommes choyés au Québec. Ils permettent une ouverture sur le monde. Ce sont des gens vaillants, certains ont de belles expériences de vie et s’y connaissent bien dans le secteur agricole. Plusieurs en sont à plusieurs années d’expériences sur les fermes du Québec. Je leur lève mon sombrero!


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