PORTFOLIO

JoĂŤl Schmitt CĂŠramiste Plasticien

06 75 34 47 47 joelschmitt.taof@gmail.com portfolio en ligne : issuu.com/joelschmitt-plasticien

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0 - prĂŠambule

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Joël Schmitt - Plasticien 06 75 34 47 47

joelschmitt.taof@gmail.com portfolio en ligne : issuu.com/joelschmitt-plasticien 3 chemin de la petite creuse - 25000 Besançon

formationS

1980 - 1983 1977 - 1980

Ecole des Beaux-Arts de Macon Ecole des Beaux-Arts de Besançon expositions

Cluny - 1983 Saint-Etienne - 1983 Vallauris - 1984 Besançon - 1984 Lyon - 1986 Lausanne - 1990 Lausanne - 1998 Besançon - 2003 Besançon - 2005 Audincourt - 2006 Saint-Cergue - 2006 Pont-de-Roide - 2008 Eclans - 2008 Besançon - 2009 Baume-les-Dames - 2010 Besançon - 2013 Besançon - 2015 Château d’Autrey - 2015 Besançon - 2017 Aumont (Jura) - 2017

Ecuries St-Hugues Symposium Terre Biennale Internationale Biennale des Arts Plastiques Marché des Tupiniers Galerie Midi Pile Galerie N.A.K.F.A Biennale des Arts Plastiques Biennale des Arts Plastiques Galerie Arte Plurali 7ème Salon de la céramique L’art en Mai Triennale, Invitation au voyage Biennale des Arts Plastiques Festival des mots d’amour Biennale des Arts Plastiques Biennale des Arts Plastiques Evolution ou Révolution Biennale des Arts Plastiques Triennale, Invitation au voyage installations in-situ

Grandson - 2000 Aze - 2009 Gendrey - 2010 Aze - 2010 Fort Ordener, Vezeloy - 2017 Château d’Autrey - 2017

Fondation Bartimée Le temps d’un week-end Exposition de sculptures monumentales Le temps d’un week-end La ligne rouge Monstres et Merveilles travaux divers et collaborations

Besançon - 2008 - 2009, 2010

Etude du mobilier liturgique de l’église de la Madeleine Conversations avec Joël Schmitt, par Daniel Boch

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« Les sculptures de Joël Schmitt travaillent cette question, radicalement et sans nostalgie. Car aucune de ses pièces ne met en scène l’unité retrouvée après la séparation. Elles exposent la faille, la déchirure, la brisure, la fragmentation en mettant en regard les morceaux séparés, en les mettant en tension avec l’improbable d’une réparation, l’impossible unité.

Alors ça tire dans les deux sens. Un irréconciliable inscrit dans la beauté scintillante de la terre cuite pour nous rappeler que nous vivons un monde d’après. D’après l’harmonie.

Et que c’est précisément dans le jeu de variations de l’irréconciliable, de l’inaccompli et dans la béance qu’il ouvre, que se trouve la promesse d’un sens à venir. »

C’est un travail de la matière, un dialogue avec le matériau, influencé par les lectures des ouvrages de Gaston Bachelard et plus particulièrement» la terre et les rêveries de la volonté».

Les titres de mes sculptures font souvent référence aux mouvements terrestres, à la géologie, comme si tout était déjà inscrit dans la terre et qu’il suffisait de la laisser parler, en libérant les tensions déjà intrinsèques et faire ainsi apparaître les forces cachées et les beautés promises. Je veux plus suggérer que montrer, décrire. Je m’attache plutôt à la « beauté intime des matières, leur masse d’attraits cachés, tout cet espace affectif concentré à l’intérieur des choses ».

- Gaston Bachelard

- Daniel Boch (Homme de Lettres et de Théâtre strasbourgeois)

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1 - sculptures 9

Collection 2009 - 2010 Ce travail fait appel à l’intuition, à un engagement physique avec la terre. Il conduit plus à des « rêveries » qu’à des concepts. Je provoque la terre, l’oriente de telle manière que des tensions apparaissent puis je la laisse faire, elle va se mettre à parler et des fissures, des failles vont se former, souvent là où je le souhaitais.

Ma démarche vise à mettre en évidence des ambivalences, des contrastes propres à la matière :

Surface patinée, lustrée / surface mate Surface calme/surface agitée Notions d’intérieur / extérieur

Ainsi, les tensions libérées font surgir des forces cachées dans la terre : « Le langage poétique, lorsqu’il traduit les images matérielles, est une véritable incantation à l’énergie ».

- Gaston Bachelard Ces déchirures brisent alors l’unité originelle, la fragmentent en deux, voire en plusieurs parties. On peut y voir l’image du symbolon (cf. « Conversation » de Daniel Boch).

Je garde à l’esprit la phrase de Gaston Bachelard : « On ne veut bien que ce que l’on imagine richement, ce que l’on couvre de beautés projetées.

Ainsi, le travail énergétique des dures matières et des pâtes malaxées patiemment s’anime par des beautés promises ».

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« Le langage poétique quand il traduit des images matérielles est une véritable incantation à l’énergie » « On ne veut bien que ce que l’on imagine richement, ce que l’on couvre de beautés projetées. Ainsi le travail énergétique des matières s’anime par des beautés promises. » « Les images les plus belles sont souvent des foyers d’ambivalence. »

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Horizon

Arènes 12

Deux 13

Anneau

Symbolon 14

Stèle 15

Lame

Ouverture 16

Epicentre

Globe 17

Collection 2012 - 2013 La géologie est toujours présente dans mon travail, le paysage aussi. Je fais un rapprochement avec certaines de mes sculptures et l’anticlinal de la Citadelle de Besançon sur lequel j’habite.

Ces immenses plaques de calcaire empilées les unes sur les autres et figées dans un mouvement par une poussée intérieure.

La notion d’équilibre/déséquilibre est aussi très présente. La sculpture intitulée ‘Cairn’ a été ainsi conçue sur ce principe. Ce sont ces deux notions qui ont guidé mon geste et non pas une recherche esthétique de l’ensemble.

Cairn

Arnold Munich, directeur au service génétique de l’hôpital Necker, décrit le processus de « l’élaboration scientifique » si proche de la « quête artistique ». Discontinu, saccadé, fait de surprise, de concours de circonstances, d’essais et d’erreurs. Je me sens très proche de cette pensée. J’ai ainsi souvent le « pressentiment » de la pièce à venir, une idée vague qui va petit-à -petit s’affirmer d’elle-même, après manipulation de la terre et des hasards, des concours de circonstance.

Je suis alors à l’affût de tout ce qui peut se passer volontairement ou non.

On peut aussi voir dans mon travail le principe de la collection (adolescent je parcourais la campagne à la recherche de fossiles, cristaux, minéraux etc…) et aussi une approche presque scientifique du matériau terre, une constante expérimentation, un questionnement : Qu’est-ce qu’elle va bien pouvoir me livrer encore ?

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Sillons

Grand Canyon tranchĂŠ 20

Collapse 21

Météore

Globe 22

GravitĂŠ 23

Collection 2014 - 2015 Les notions sous-jacentes ont été ici : Ordre/Chaos, Equilibre/Déséquilibre, Erosion et Hasard.

[a] Labours : C’est en observant un champ labouré que l’idée de ce travail m’est venue.

La partie plane de chaque bloc de terre correspond à la trace laissée par le socle de la charrue puis les intempéries les disloquent, ils prennent alors chacun une orientation différente. [b] Intempéries : Carrés de terre fraiche exposés pendant plusieurs jours aux intempéries : répétitions de pluie, soleil, pluie, … Le soleil a séché la terre puis l’a craquelée, la pluie l’a humidifiée, la rendant ainsi suffisamment molle pour garder l’impact de chaque goutte de pluie.

[c] Terre gelée : Bloc de terre congelé, décongelé et découpé en tranches successives ; on devine la progression dans le bloc de matière.

La citation suivante de Gaston Bachelard accompagne ce travail : « Nous laisserons à d’autres le soin d’étudier les formes et nous étudierons la beauté cachée des matières, leur masse d’attraits cachés, tout cet espace affectif concentré à l’intérieur des choses.»

- La terre et les rêveries de la volonté [d] Hasard : J’ai travaillé avec une bille d’acier lâchée sur différentes plaques de terre, toujours de la même hauteur. L’effet obtenu est aléatoire et les possibilités infinies : la répétition du même geste ne produit pas la même chose.

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[a] Labours

Chaos 26

Ordre

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[b] Intempéries

Gravité 28

[c] Terre gelĂŠe

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[d] Hasard

Suite 30

Alphabet

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évolution, révolution - Château d’Autrey, 2015 De nombreuses anciennes civilisations et religions font référence à un ou des dieux qui auraient créé le premier homme à partir de l’argile. Deux tableaux présentent deux visions différentes de l’évolution de l’homme. Le troisième fait allusion à « l’évolution » des matières et pourrait se traduire par « érosion ».

[2] Evolution - Révolution - 2

[3] L’évolution des hommes et des matières, c’est aussi le vieillissement pour les uns et l’érosion pour les autres, ces dernières perdent leurs angles, s’arrondissent : c’est l’érosion qui fait son travail.

[1] Evolution - Révolution - 1

[1] On a tous l’image de l’évolution de l’homme qui petit-à-petit va se redresser, passant de la quadrupédie à la bipédie.

[2] Parmi ces hommes créés à partir de l’argile, des « figures » apparaissent, symbole de révolution. Il en est une qu’on ne peut éviter : celle de Mao. [3] Erosion 32

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Collection 2016 - 2017

« Mains tendues » Installation d’une quarantaine de mains au sol, symbole des réfugiés à travers le monde, fuyant leurs pays et cherchant une « main tendue » qui pourrait les secourir.

On peut voir dans la sphère l’image du globe terrestre. Ces sphères sont formées elles aussi de mains. Certaines, la paume dirigée vers l’extérieur, représentent le rejet ; d’autres, la paume dirigée vers l’intérieur le repli, le refuge.

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« Le langage poétique quand il traduit des images matérielles est une véritable incantation à l’énergie » « On ne veut bien que ce que l’on imagine richement, ce que l’on couvre de beautés projetées. Ainsi le travail énergétique des matières s’anime par des beautés promises. » « Les images les plus belles sont souvent des foyers d’ambivalence. »

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2 - installations in-situ 39

l’envol - Fondation Bartimée, 2000 Installation verre et métal.

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« Le langage poétique quand il traduit des images matérielles est une véritable incantation à l’énergie » « On ne veut bien que ce que l’on imagine richement, ce que l’on couvre de beautés projetées. Ainsi le travail énergétique des matières s’anime par des beautés promises. » « Les images les plus belles sont souvent des foyers d’ambivalence. »

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Ordre et chaos - Gendrey, 2011 Un carré de sol avec 25 tiges de métal noir de 1 mètre 80 régulièrement plantées obliques et parallèles. Au bout de chaque tige, un double éclat de verre épais de 3mm. Une plantation pour jardin, parc, espace de nature à ciel ouvert, un artefact ordonné de fer noir et de verre dur exposé à la lumière , aux ombres, du jour et de la nuit, à l’humeur des saisons et de ses couleurs.

qui reste à voir après son passage : le chaos . Simplement le chaos, exposé dans le calme ordonnancement d’un parterre de fleurs de verre, avec cette douceur d’arc en ciel toujours possible, d’une densité d’air oubliée à nouveau respirable, matière projetée de nos rêves parmi des parterres d’herbe, de fleurs « vraies » ! Une installation qui nous interloque et rend compte d’une expérience d’art.

Avec L’installation « ordre et chaos », Joël Schmitt non seulement influe en quelque sorte le paysage, mais ouvre un autre champ de matière, le verre et sa violence qui rencontre la terre et sa tendresse. Pour un nouveau chantier de création.

- Daniel Boch (Homme de Lettres et de Théâtre strasbourgeois.)

Une installation qui nous met face à une muette violence. Verre et métal de l’absolue perfection de nos architectures contemporaines, ici cassés, fragmentés, ici posés en défi de la nature ! Eclat et fulgurance. Ces bouts de verre brisés, de fer planté, dans la présence violente de leur transparence glacée, dans leur coupant de roche de cristal, nous disent quelque chose de ce cyclone ravageur passé en notre plus fors intérieur. Ils nous disent ce 42

« Le langage poétique quand il traduit des images matérielles est une véritable incantation à l’énergie » « On ne veut bien que ce que l’on imagine richement, ce que l’on couvre de beautés projetées. Ainsi le travail énergétique des matières s’anime par des beautés promises. » « Les images les plus belles sont souvent des foyers d’ambivalence. »

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monstres et merveilles - Château d’Autrey, 2017 « Mains courantes, mains heureuses, mains baladeuses, mains libres ... » Installation conçue en fonction du lieu (présence singulière d’une grande baie vitrée comme lien entre intérieur et extérieur) et sur le thème « Monstres et Merveilles ».

Hommage aussi à Fred, dessinateur qui créa le personnage de Philémon et des « Manu-Manu », gigantesques mains chevauchées par ce dernier.

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Copyright : Pierre-Franรงois Massardier

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Ligne rouge - Château d’Ordener, 2017 « La ligne rouge » m’évoque le film de Terrence Malick « the thin red ligne ».

Film sur la bataille de Guadalcanal dans le Pacifique en 1942 entre les américains et les japonais.

La ligne rouge, c’est celle qui sépare la vie de la mort, mais aussi selon T. Malick « la lumière Intérieure, l’étincelle mystérieuse qui brûle en chaque homme qui s’interroge. ».

C’est cette pensée que j’aimerais faire passer ici. En référence au film, j’installe une armée de GI dans ce lieu où ils ne sont jamais venus. C’est donc une « armée fantôme » qui apparaît et disparaît sur les murs et le sol du fort Ordener.

L’armée de GI est constituée de différents soldats en terre cuite (faïence blanche) collés sur les murs et le sol du fort à différents endroits. L’utilisation d’une terre blanche accentue la dimension fantômatique de l’armée.

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« Le langage poétique quand il traduit des images matérielles est une véritable incantation à l’énergie » « On ne veut bien que ce que l’on imagine richement, ce que l’on couvre de beautés projetées. Ainsi le travail énergétique des matières s’anime par des beautés promises. » « Les images les plus belles sont souvent des foyers d’ambivalence. »

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Ordres - en cours Installation de 4m par 4m inspirée du tableau « Ordre » et sur le thème « Ordre et Chaos ».

Blocs ordonnés suivant leur taille ; plus on s’éloigne du centre, plus leur taille diminue. On peut imaginer étendre l’installation jusqu’à d’infimes particules.

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« Le langage poétique quand il traduit des images matérielles est une véritable incantation à l’énergie » « On ne veut bien que ce que l’on imagine richement, ce que l’on couvre de beautés projetées. Ainsi le travail énergétique des matières s’anime par des beautés promises. » « Les images les plus belles sont souvent des foyers d’ambivalence. »

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3 - partenariat avec daniel boch

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conversation avec joël schmitt, par daniel boch - L’irréconciliable symbole -

«On cherche toujours à comprendre, devant l’oeuvre d’un artiste «où il veut en venir» autrement dit où il va est d’où il vient.

Mais peut-être ne le sait-il pas encore lui-même.

Ce qu’il a à communiquer est tout entier dans son oeuvre, qu’elle s’exprime en «clair» de manière discursive et parfois même bavarde ou que le message soit cryptique ramassé, appelant un déchiffreur « in Revue « African comtempory Art «

Les sculptures de Joël Schmitt proposent à notre regard quelque chose d’un cosmos antique depuis longtemps disparu et de la ruine d’un monde volé en éclats. A la fois si familier, si proche, saisissable par notre entendement et, à la fois, si étrangement lointain comme des objets-météorites échus à notre présent. Nous y reconnaissons – les musées archéologiques y ont éduqué notre regard – une vasque ou les morceaux d’une vaisselle antique

reconstituée, un anneau brisé, des tessons de pierres, des plaques de murs fissurées bref tout ce qui a été arraché aux usures du temps. Et en même temps, nous voici comme portés devant des sites monumentaux – arènes antiques, murailles de fortifications, globe terrestre – ramenés aux proportions de maquettes de terre cuite, avec l’éclat joyeux de ce qui vient de naître!

Toutes les pièces proposées, au-delà de ce que nous pourrions percevoir comme art de la figuration, ont quelque chose d’une forme qui excède chacune d’elles, pour la rapporter à une configuration du symbolique qui nous touche au plus archaïque et au plus vif de notre intelligence. Nous exalte sans mélancolie aucune !

Souvenons-nous qu’à l’origine, en son étymologie, le symbolon est un objet coupé en deux dont les parties réunies à la suite d’une quête permettent aux détenteurs de se reconnaître. Se retrouver, se reconnaître dans une unité recomposée c’est alors ré-emboîter les deux morceaux l’un dans l’autre. Et recomposer une communauté perdue.

Les sculptures de Joël Schmitt en chacune de ses pièces travaillent cette question. Radicalement et sans 54

nostalgie. Car aucune de ses pièces ne met en scène l’unité retrouvée après la séparation ! Elles exposent la faille, la déchirure, la brisure, la fragmentation en mettant en regard les morceaux séparés, en les mettant en tension avec l’improbable d’une réparation, l’impossible unité. Alors ça tire dans les deux sens. Irréconciliablement. Un irréconciliable inscrit dans la beauté scintillante de la terre cuite pour nous rappeler que nous vivons un monde d’après. D’après l’harmonie.

Et que c’est précisément dans le jeu de variations de l’irréconciliable, de l’inaccompli et dans la béance qu’il ouvre, que se trouve la promesse d’un sens à venir.

Extrait de Conversation 1 avec Joël Schmitt, 10 novembre 2009 - Daniel Boch (Homme de Lettres et de Théâtre strasbourgeois.)

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conversation avec joël schmitt, par daniel boch

« On ne veut bien que ce qu’on imagine richement, ce qu’on couvre de beautés projetées.

Ainsi, le travail énergétique des dures matières et des pâtes malaxées patiemment s’anime par beautés promises ».

- Gaston Bachelard

Ce que Joël Schmitt appelle son « dialogue avec la terre » est le primat de sa création. « Souvent les titres de mes sculptures font référence aux mouvements terrestres, à la géologie : Epicentre, riff, faille, cratère etc.. comme si tout était déjà inscrit dans la terre et s’il suffisait de la laisser parler ! » Et pour la faire parler cette terre, « il faut la découper en plaques, traiter la surface pour en modifier la matière, provoquer les tensions déjà intrinsèques pour les libérer et faire apparaître les forces cachées et les beautés promises dans la terre ».

Un travail qui nécessite un engagement physique avec la terre – un corps

à corps – et une avancée souvent à l’aveugle, dans l’intimité, dans l’inconnu de la matière où la main « sent ce qui échappe à la pensée » pour que surgisse « la trouvaille » !

Ainsi, dira-t-il, « je faisais un anneau en terre qui éclate à la cuisson.

Déchirures, failles. Etonnement d’une première expérience qui m’ouvrit un champ d’expériences ».

Sa démarche de travail, sa « quête artistique »– nourrie d’un solide bagage technique et artistique acquis d’abord à l’école des Beaux Arts de Besançon et surtout en spécialisation céramique à celle de Mâcon – s’apparente au processus de «l’élaboration scientifique» : «Discontinu, saccadé, fait de surprise, de concours de circonstance, d’essais et d’erreurs».

Ouvrier de la terre et du feu, il en approche les mystères, il en sait et en accepte les contraintes .C’est une sorte d’arrangement avec les moyens dont je dispose, four, terre, émaux, patines et cetera et l’idée finale, la vision que je peux avoir de la pièce à venir : il faut jouer avec tout cela ». Sa création artistique est dans cette tension et ce chancellement qui font « appel à l’intuition, au sensible, un engagement physique qui conduit plus à des 56

«rêveries» dans le sens Bachelardien du terme qu’à des concepts ».

Pour le situer parmi les courants céramistes actuels, il se dira lui-même matiériste, c’est-à-dire attaché à un travail « en l’intime de la matière pour faire dire tout ce qu’on peut faire dire avec le matériau ! ». Un seul regret : « avec la terre c’est la taille relativement limitée des sculptures !».

Extrait de Conversation 1 avec Joël Schmitt, 18 mars 2010 - Daniel Boch (Homme de Lettres et de Théâtre strasbourgeois)

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