Newsletter septembre 2011

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MIRAGE LIBYEN

Du secours militaire à la “démocratie aéroportée” C’est une chose que de porter secours à la population d’une ville menacée par les chars d’un dictateur africain. C’en est une autre, radicalement différente, que de soutenir ensuite des insurgés en armes pour leur ouvrir un chemin vers la capitale et leur permettre de s’y imposer. Cela revient à prendre partie dans une guerre civile, pour y imposer la victoire d’un camp contre l’autre, sans aucune garantie que le nouveau régime sera moins arbitraire et moins féroce que le précédent.

L

e président de la République Française vient d’être reçu triomphalement à Tripoli et Benghazi. Il y a bien goûté les remerciements du Président du Conseil National de Transition, Moustapha Abdel Jalil, qui fait aujourd’hui office de chef d’Etat libyen, et qui s’est présenté lui-même comme un grand champion du “retour à la démocratie” au début des insurrections, luttant pour l’instauration d’“un État libre, démocratique, fondé sur des institutions gouvernementales sans caractère religieux” (The Times, 28 février 2011). C’est sur cette garantie verbale que la France et l’Angleterre se sont militairement engagées. On n’a pas cherché plus loin. Les convictions “démocratiques” de M. Moustapha Abdel Jalil sont pourtant faciles à mesurer, puisqu’il est resté pendant plusieurs décennies un fidèle parmi les fidèles du Colonel Khadafi, successivement président de la Cour d’Appel de Tripoli puis ministre

de la Justice du régime déchu. C’est lui qui confirme à deux reprise la condamnation à mort des infirmières bulgares violées, électrocutées et mordues par des chiens dans leur prison libyenne huit ans de suite, entre 1999 et 2007. Le 12 septembre dernier, trois jours avant la visite du Président Sarkozy, M. Moustapha Abdel Jalil tombe le masque : dans le discours de sa première apparition publique à Tripoli, il déclare que “l’Islam et la Charia seront la première source de la législation dans la nouvelle Libye.” Personne n’a relevé l’énormité de la contradiction, ni la gravité des conséquences spirituelles, politiques et sociales pour le peuple qu’on prétend “libérer”.

Actualités du Secours de France

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“Le mensonge n’est pas seulement un moyen qu’il est permis d’employer, écrivait Lénine, c’est le moyen le plus éprouvé de la lutte bolchevique.” On voit ici combien les métamorphoses du totalitarisme et de la subversion auront laissé d’héritiers. Et combien aussi la faiblesse et l’aveuglement des démocraties occidentales encourage leur prolifération. H.K.

Rwanda, Algérie : le temps des mensonges, et celui du mépris Les apprentis-dictateurs ou chefs d’Etat confirmés que nous soutenons ou que nous avons soutenu en Afrique finissent souvent par nous mépriser. C’est ainsi que Paul Kagamé, président du Rwanda, qui vient d’être reçu en France par le président Sarkozy, refuse de retirer ses hallucinantes accusations de “complicité de génocide” de l’armée française dans l’Opération Turquoise d’août 1994, tandis qu’Abdelaziz Bouteflika continue d’agiter dans ses discours et les manuels scolaires les “crimes de la colonisation”

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