Rapport de Projet de fin d'études

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AVANT-PROPOS

Ce projet de fin d’études est, entre autres, une opportunité d’exprimer mes préoccupations personnelles, mes intérêts, mes questionnements, mais aussi de prendre une position face à la réalité des problématiques complexes de nos villes latino-américaines. En tant que Colombien, je suis spécialement sensible à ce sujet. La manière dont nous avons conçu et bâti les villes en Colombie dans les dernières décennies, les mécanismes de gestion du territoire mis en place et les autres problèmes internes de sécurité et violence sont quelques facteurs qui ont favorisé l’émergence des actuelles problématiques urbaines telles que les bidonvilles, le transport public chaotique, la pauvreté, la fracture sociale et la dégradation de l’environnement. Par exemple, dans la période comprise entre 1946 à 1958 connue sous le nom de la Violence, plus de deux millions de personnes ont été dépouillés de leurs territoires. Ils ont été obligés de les céder à cause d’un nouveau modèle agro-industriel.1 Les années 80 ont été caractérisées par un modèle économique exclusif auquel s’est ajoué un conflit armé interne, le narcotrafic et la violence généralisée qui ont entraîné le déplacement de milliers de personnes vers les centres urbains. La lutte pour le contrôle des territoires dédiés aux cultures illicites a aussi causé les déplacements d’agriculteurs et de groupes indigènes. Entre 4,9 et 5,1 millions de déplacés au cours de l’histoire récente du pays ont fait de la Colombie le premier pays au monde en terme de déplacés internes, d’après le chiffre le plus récent publié en 2012 par l’IDMC (Internal Displacement Monitoring Center). Les centres urbains comme Bogotá, Medellín, Cali ou Barranquilla sont des grands réceptacles de déplacés aggravant les niveaux de chômage, de pauvreté et le nombre de colonies marginales. À Bogotá, d’ailleurs, de nombreux déplacés sont venus directement alimenter les zones de pauvreté situées au sud de la capitale, sur les collines dans le secteur connu sous le nom de Ciudad Bolívar avec une population de près de 2 millions d’habitants. La situation est la même à Medellín, les déplacés ne pouvant pas se payer un hôtel ou un logement, sont allé directement dans les quartiers défavorisés, installés de manière illégale, connus sous le nom de « Comunas », sur les collines qui entourent la ville. Ayant étudié le phénomène des bidonvilles en Amérique latine pour mon mémoire de licence à la fin de la troisième année, spécialement les cas de Rio de Janeiro et de Bogotá, j’ai constaté que ce phénomène, entre autres facteurs, a favorisé l’augmentation de la pauvreté dans les zones urbaines, la croissance de la délinquance et de l’insécurité, agravant l’écart sur le plan des conditions de vie des différentes populations urbaines. En Amérique Latine, 180 millions de personnes habitent dans des conditions précaires d’après l’ONG Un Techo Para mi País (un toit pour mon pays). Les conditions de vie dans ces bidonvilles latino-américains sont presque les mêmes, quel que soit le pays où ils se trouvent. Tous les bidonvilles, quelle que soit leur extension, leur densité et l’origine de leurs habitants, partagent les mêmes niveaux de précarité et les mêmes besoins de base non satisfaits. Ils se caractérisent tous par une densité de population élevée, l’absence d’eau potable et de services de base. D’après la CEPAL (sigles en espagnol pour Commission Barranquilla, terre de création. La magie du réel.

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