Poulidor par Raymond poulidor

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18/04/06

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Poulidor

La longévité de Raymond Poulidor dans le monde du cyclisme est un exemple pour beaucoup. On a raconté que ses parents, des paysans, des gens de la terre, lui avaient transmis la capacité de résister aussi bien au froid qu’à la canicule. Dès sa petite enfance, ils l’ont habitué à travailler avec autant de perfection que de minutie, même – pour ne pas dire surtout – dans des conditions difficiles. Certes, tout cela est vrai, mais Raymond Poulidor a su ajouter sa touche personnelle à l’enseignement que ses parents lui ont donné. Lorsque, à l’issue de vingt-sept mois d’armée, dont treize dans un pays en guerre, il est passé professionnel, il a soumis son corps aux exigences draconiennes de la diététique. C’est un sacrifice dur à consentir et plus encore à supporter, à moins de faire preuve envers soi-même de la plus grande sévérité. À mon avis, Raymond aurait dû remporter le Tour de France au moins une fois, si ce n’est deux. Il aurait dû porter pendant plusieurs jours le maillot jaune. Peut-être n’aimait-il pas supporter le poids de la course. Peut-être lui a-t-il manqué, à un moment ou à un autre, le soutien, les encouragements et les efforts conjugués d’équipiers de grande valeur. Mais les maisons qui l’ont employé n’ont jamais fourni les moyens de subvenir aux besoins d’une équipe professionnelle de haut niveau. Raymond Poulidor a toujours été un adversaire loyal. Je ne l’ai jamais vu, en course, avoir une attitude contraire à l’éthique de notre sport. Je n’ai pas oublié ses paroles, empreintes d’une vraie chaleur, lorsqu’il m’a battu à deux reprises dans Paris-Nice. Bien sûr, il m’a donné du fil à retordre dans le Tour de France, surtout lorsque mon rendement en haute montagne a commencé à s’amenuiser. 10


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