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Le choix ouvre sur un monde de possibilités ISSN 0019 – 0357

Volume 41 • Numéro 02 • Juin 2007

Bulletin médical de l’IPPF Sommaire Déclaration de l’IMAP sur la circoncision masculine et le VIH L’accès à la contraception d’urgence Soledad Díaz, Verónica Schiappacasse

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Déclaration de l’IMAP sur la circoncision masculine et le VIH La présente déclaration a été établie par le Groupe consultatif médical international (IMAP) en avril 2007.

Introduction On estime que 39,5 millions d’individus vivent avec le VIH/sida, 70 % d’entre eux en Afrique subsaharienne. En 2006, 4,3 millions de personnes ont contracté le virus. Chez les jeunes hommes, l’infection se transmet dans 70 % des cas pendant un rapport sexuel vaginal. Trois essais contrôlés randomisés ont montré que la circoncision à l’âge adulte entraînait une diminution notable du risque d’acquisition du VIH parmi les hommes hétérosexuels. Cette intervention, si elle est pratiquée aux fins de la prévention du VIH, peut donc jouer un rôle important en matière de santé publique. Les essais randomisés, effectués en Afrique du Sud, au Kenya et en Ouganda, ont débuté après que des enquêtes d’observation menées en Afrique subsaharienne et en Asie du Sud-Est eurent révélé que le taux de prévalence du VIH était inversement proportionnel à celui de la circoncision masculine au niveau national. Mais ce phénomène n’est pas universel : il n’est pas observé dans les pays où l’infection à VIH chez les hommes est principalement associée à la consommation de drogue par voie intraveineuse et/ou aux relations anales entre hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes. Les essais en question ont montré que la circoncision, lorsqu’elle était exécutée par des professionnels bien formés, entraînait une réduction du risque d’infection à VIH d’environ 60 % chez les hommes ayant des rapports sexuels vaginaux. Le degré de protection s’est avéré remarquablement uniforme, comme en témoignent ces essais ou encore les données d’observation recueillies en divers endroits. L’Organisation mondiale de la santé et ONUSIDA ont déjà réagi en rendant publiques des recommandations s’appliquant aux politiques et aux programmes concernés. Des directives techniques et des ensembles d’outils permettant une évaluation rapide sont en cours de conception, destinés aux pays dans lesquels la mise en place de programmes de circoncision masculine est envisagée. Il est important de noter que la circoncision masculine ne protège pas complètement contre le VIH ; elle doit être considérée comme une stratégie complémentaire des interventions existantes. Les recherches se poursuivent sur d’autres aspects de la circoncision – par exemple, une étude est menée en Ouganda pour déterminer ses effets sur la transmission du VIH et d’autres infections sexuellement transmissibles (IST) de l’homme à la femme, ainsi que son degré de sûreté et d’acceptabilité chez les hommes séropositifs. D’autres méthodes susceptibles d’empêcher la transmission du VIH – microbicides vaginaux, traitement antirétroviral prophylactique, traitement suppressif de l’herpès, méthodes barrières au niveau du col de l’utérus et vaccins contre le VIH – sont en cours d’élaboration.

Circoncision masculine : prévalence et procédures La circoncision masculine (ablation du prépuce) est l’une des interventions chirurgicales les plus couramment pratiquées dans le monde : quelque 30 % des individus de sexe masculin subissent cette intervention à un moment ou un autre de leur existence, pour

des raisons liées à la religion, à la tradition ou à l’hygiène. Protection contre le VIH mise à part, les avantages suivants y sont associés : taux plus faibles d’infection des voies urinaires pendant la petite enfance, d’ulcères génitaux transmis par voie sexuelle et de cancer du pénis, moindre risque de transmission du papillomavirus humain. En règle générale, le principal facteur déterminant est la religion, mais un nombre important d’individus de sexe masculin sont circoncis pour des raisons culturelles. Chez le nouveau-né ou chez l’enfant en bas âge, la cicatrisation superficielle intervient en l’espace d’une semaine, mais elle peut prendre jusqu’à six semaines chez l’adolescent ou l’adulte. On trouvera des éléments d’information détaillés sur les diverses procédures applicables pour la circoncision masculine dans le Manual on Male Circumcision under Local Anesthesia, établi conjointement par l’OMS et ONUSIDA (2007).

Effets néfastes Les complications à court terme de la circoncision masculine peuvent être les suivantes : saignements excessifs, apparition d’hématomes, méatite (inflammation de l’ouverture de l’urètre), réactions négatives aux agents anesthésiants. Certains hommes font état d’une sensibilité accrue du gland pendant les premiers mois suivant l’intervention. Les taux de complications sont fonction des conditions dans lesquelles l’intervention est effectuée (milieu médical ou non médical/traditionnel), de la personne qui pratique l’opération (personnel médical ou guérisseur), de l’âge du patient (enfant ou adulte), de la technique chirurgicale et de l’instrument utilisé, de la mise en place d’un suivi et, le cas échéant, de sa qualité. Il faut aussi tenir compte du fait que, tant que l’épithélium n’est pas cicatrisé, la plaie constitue un point d’entrée pour le VIH, ce qui accroît le risque de transmission du virus. Des effets néfastes à long terme ont été rapportés – perte de sensibilité pendant les rapports, dysfonctionnement érectile – mais on ne dispose pas de données suffisantes pour confirmer ces allégations.

Mécanisme de la protection Plusieurs mécanismes biologiques sont invoqués pour expliquer l’effet protecteur de la circoncision masculine contre l’acquisition du VIH. La muqueuse interne du prépuce constitue peut-être un terrain d’accueil plus favorable pour le VIH car, tout près de la surface, se trouvent des cellules immunologiques (cellules de Langerhans), cibles privilégiées pour le virus. La plus grande vulnérabilité des hommes non circoncis peut aussi s’expliquer par la présence de petites déchirures à la surface de la muqueuse (susceptibles d’apparaître pendant les rapports sexuels) qui permettent l’entrée du VIH pendant un rapport. De plus, le prépuce emprisonne le virus près de la surface de la muqueuse du gland, ce qui crée un environnement humide favorisant sa survie et accroît donc peut-être la probabilité d’infection.

Difficultés pratiques Il faut tirer parti concrètement de l’effet protecteur avéré de la circoncision masculine contre l’acquisition du VIH, mais les structures qui disposent de faibles ressources se heurtent à des difficultés spécifiques. Lorsqu’il est envisagé d’ajouter la circoncision à des stratégies de prévention dans les régions où la prévalence du VIH est élevée (et où cette intervention est donc la plus susceptible de réduire le nombre de nouvelles infections), il faut d’abord peser ses implications en matière de respect des droits de l’homme ainsi que sur le plan socioculturel et juridique.

Droits de l’homme Lorsque la circoncision masculine est proposée, la population locale a le droit de recevoir une information fiable quant au rôle joué par


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