Magazine IT n°923

Page 80

www.industrie-technologies.com

INTELLIGENCES

Compulser le rapport de la mission d’information parlementaire sur les cellules souches

ccL’enJeU

DÉBAT

Cellules souches : le vivant à portée de main Avec les cellules souches, les biotechnologies suscitent de grands espoirs pour les industriels de la pharmacie, des cosmétiques et de la chimie. Mais jusqu’où doit-on laisser les laboratoires exploiter des cellules humaines vivantes ? La révision, ce mois-ci, de la loi de bioéthique française doit revoir certaines limites à ne pas dépasser. il s’agit de maîtriser les risques de dérives… sans fermer la porte à d’indéniables promesses. Éléments d’explication sur les enjeux de cette loi.

De quoi parle-t-on? c L’intérêt majeur des cellules souches

est leur capacité à se transformer en cellules spécialisées.

Les premières utilisées ont été les cellules souches adultes. On les trouve dans un nombre limité d’organes (foie, sang, moelle osseuse…), qu’elles régénèrent partiellement après un dommage. Mais leur nombre et leur capacité à se transformer sont limités. Les espoirs reposent désormais sur les cellules souches embryonnaires, trouvées jusqu’à 8 jours après la fécondation, multipliables à l’infini et différenciables en tout type de cellules. Les pluripotentes induites (SPI), créées à partir d’une cellule adulte déprogrammée en lui insérant des gènes viraux, paraissent semblables aux cellules souches embryonnaires.

82

N°923ccJUIN 2010

P

eut-on autoriser les industriels à mise sur le marché. C’est l’un des objecutiliser des cellules humaines, tifs des recherches sur les cellules soude surcroît gratuites, pour leur ches. « Les cellules humaines sont des business? Pour faire quoi exac- modèles bien plus précis que les animaux tement ? Peut-on se priver du vivants, sur lesquels les tests sont très potentiel des cellules souches dans l’indus- longs et coûteux », rappelle Isabelle Diaz, trie et au nom de quoi? La révision ce mois- directrice de recherche en biotechnoloci de la loi de bioéthique doit répondre à ces gies chez Les entreprises du médicament questions centrales et redonner les limites (LEEM), organisation professionnelle à l’utilisation des cellules souches. Très regroupant les industriels de la pharmaconvoitées par les industriels de la pharma- cie en France. cie, de la cosmétique, voire de la chimie, les Le laboratoire Roche, notamment, semble cellules souches, peu ou pas différenciées, avoir compris l’intérêt de ces cellules miradonnent déjà naissance, in vitro, à de la cles pour créer de nouvelles molécules peau, des cellules cardiaques ou rétinien- médicamenteuses et réaliser des tests in nes. Avec l’espoir, un jour, de pouvoir répa- vitro à haut débit. « Ses chercheurs apprenrer des organes ou tester l’effet, sur le corps humain, de ccL’avis De toute nouvelle molécule. Sauf qu’aucune cellule souche n’a La CLÉ encore offert tous les gages de du ProbLèmE sécurité. Et de surcroît leur SE TrouvE utilisation soulève des problèdaNS mes éthiques. LES CELLuLES SouChES PLurIPoTENTES INduITES (SPI).

cc

tester Le vivant À voLonté

Imaginez chaque molécule, destinée à la pharmacie, à la cosmétique ou à la chimie, testée à volonté sur des cellules humaines, avant d’être

PhiLiPPe hénon prÉsident et directeur scientiFiQue de cellprothera

D.R.

La loi de bioéthique française date de 2004 Elle interdit toute recherche menée sur l’embryon, sauf sous certains critères, tels que la finalité thérapeutique ou l’absence d’autre voie de recherche menant à des fins équivalentes. Les dérogations, valables durant cinq ans, doivent être renouvelées pour que les recherches puissent se poursuivre. D’après la synthèse d’une mission d’information parlementaire, réalisée en 2009, la future loi, dont la révision est prévue pour juin 2010, devrait assouplir les conditions d’autorisation des recherches sur l’embryon. Leur finalité ne se limiterait plus à des perspectives thérapeutiques, mais plus généralement « médicales ». Les dérogations ne seraient également plus à renouveler tous les cinq ans.


Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.