BSM - Février 2013 // GHN - February 2013

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Bulletin de Santé Mondiale - Global Health Newsletter

Un sourire pour la fin

Julie Hébert Étudiante de 3e année Université McGill

« Bonjour, je m’appelle Julie. Je suis l’une des étudiantes de l’équipe médicale. Comment allez-vous? Est-ce que je peux faire quelque chose pour vous? » C’est ce que je répète tour à tour à mes patients lors de mes premières visites. Au début, lorsqu’on m’assignait un patient affecté d’un mauvais pronostic, je me sentais indiscrète de les aborder sur leur humeur. Peut-on jamais aller bien avec un pronostic palliatif? Et de toute façon, pourrais-je vraiment aider de façon importante ces patients? J’ai longtemps cru que les soins palliatifs étaient synonyme de larmes, de douleur et de désespoir. Je craignais mes premiers contacts, appréhendant cet inconfort face à une peine sans issue. Depuis le temps où j’avais ces idées préconçues, de nombreuses rencontres sont venues remédier aux carences de mes connaissances dans le domaine. J’y vois maintenant l’aspect humain et la dignité du patient comme priorités des soins. Je comprends maintenant que les médecins qui se consacrent aux soins en fin de vie occupent une place essentielle dans notre ère de rapidité, de manque de temps et d’efficacité. Je comprends maintenant que oui, je pourrai aider ces patients de manière importante.

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Certains patients sont de ceux que l’on n’oublie pas. J’ai rencontré Mme B. dès mes premiers jours en médecine interne. Une vieille dame, gentille, vantant ses activités et montrant les photos de ses petits-enfants, comme l’on imagine facilement nos grandsmamans. Malheureusement, une chute interrompit le cours de son quotidien et le diagnostic de cancer métastatique s’abattit sur elle à son admission. Tous les matins, en allant la voir, je me sentais m’attendrir, me rappelant humblement qu’il existe toujours des maladies devant lesquelles la science se sent impuissante. Je croisais souvent des membres de la famille de ma patiente, quelques-uns présents tous les jours. Peu avant mon départ de l’étage, la fille de Mme B. est venue me voir. « Merci pour tout, merci d’avoir pris le temps. » Le temps de donner des nouvelles quotidiennes, le temps de répondre aux questions, le temps de les écouter et de les rassurer. Je compris alors que l’entourage entier devait être pris en considération, car ils sont aussi affectés par la condition du patient, redoutant la souffrance de l’être aimé lors de ses derniers moments. Contrôler la douleur est primordial, mais au-delà des symptômes physiques, l’aide qui peut être apportée par les soins palliatifs présente un éventail


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