Generic Light City

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1.0 Genèse La ville dont il est question est celle que l’homme imagina comme la concrétisation de la modernité. Cette même modernité enfanta le générique, rejeton du progrès technique et de la culture universelle. Le générique devint adulte et mit fin à l’identité. L’absence d’identité nourrit la génération “générique” d’une histoire sans Histoire. C’est ainsi que l’homme contemporain devint orphelin et habitant de la Cité insomniaque. Le citoyen de cette ville a été éduqué pour un monde oculaire, un monde dans lequel l’information et les relations sont avant tout visuelles. L’image est alors devenu l’outil de communication par excellence et s’est infiltrée progressivement dans le processus de fabrication de la ville générique. Dans la culture occidentale, la vue a toujours été considérée comme le sens le plus noble. Déjà dans la pensée grecque classique la certitude se fondait sur la vision et la visibilité. La domination de ce sens soulignée en philosophie se vérifie également dans la production architecturale occidentale. L’architecture grecque et ses corrections optiques étaient déjà affinées pour le plaisir du regard. L’invention de la représentation en perspective a fait de l’oeil le point central du monde perceptible, transformant la description de la réalité, conditionnant la perception de l’environnement et de soi-même. Mais l’univers de l’homme n’a pas toujours été dominé par la vue. La littérature anthropologique démontre que l’ouïe a longtemps devancé le regard et que les instincts primitifs de survie de l’être vivant sont bien souvent auditifs et tactiles avant d’être visuels. L’invention de l’imprimerie au milieu du XVème siècle a été un évènement bouleversant dans l’histoire de l’information et du savoir. Elle marque le passage irréfutable de la culture orale à la culture écrite et plus largement, du monde sonore au monde visuel. La domination du son dans l’univers de la pensée et de l’expression est remplacée par la domination visuelle née de l’écriture et de sa lecture. Les écrits de Martin Jay dans son livre Downcast Eyes – The Denigration of Vision in Twentieth Century French Thought 1, retracent le développement de la culture moderne axée sur le centrisme oculaire dans de nombreux domaines tels que l’éclairage artificiel, la photographie, la poésie visuelle et la nouvelle expérience du temps. Ce nouveau rapport à 16


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