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ACTUALITÉ

En maths et sciences, les écoliers français tout en bas du classement

Derniers en maths, avant-derniers en sciences. Une étude internationale place en queue d’un classement européen les performances des Français de CM1, un résultat «inacceptable» selon la ministre de l’Education, qui évoque «une génération sacrifiée» aux «choix politiques du gouvernement Fillon»

L

sciences. Mme Popineau pointe du doigt elle aussi les programmes de 2008, «de mauvais outils», «trop lourds», peu explicites et peu pertinents en termes de chronologie (la division était ainsi apprise en CE2, un stade trop précoce selon chercheurs et enseignants). Ils privilégiaient les automatismes et non la compréhension, selon elle.

es élèves de CM1 affichent un score de 488 points en mathématiques et 487 en sciences, en deçà de la moyenne internationale (500) et de la moyenne européenne (527 en maths, 525 en sciences), selon l’étude TIMSS publiée mardi par l’Association internationale pour l’évaluation de la réussite éducative (IAE), un organisme scientifique basé aux Etats-Unis. L’enquête a été réalisée au printemps 2015 auprès de dizaines de milliers d’enfants en quatrième année de scolarité obligatoire (CM1 en France), dont quelque 5 000 en France. Lors d’une conférence de presse, Najat Vallaud-Belkacem a renvoyé toute la responsabilité de cet échec à la droite au pouvoir avant 2012.

«Ce sont les élèves entrés en CP en 2011 et qui sont, je pèse mes mots, la génération sacrifiée. Celle qui paye au prix fort les choix politiques d’hier, c’est-à-dire du gouvernement de M. Fillon», a lancé la ministre. Les élèves continueront de «payer ce prix fort à l’avenir si l’on remettait en place cette politique», a-t-elle ajouté en ciblant François Fillon, Premier ministre sous Nicolas Sarkozy et désormais candidat de la droite à la présidentielle de 2017. Les raisons, selon elle, de ces «mauvais résultats»: «la faiblesse» des programmes 2008 (remplacés depuis la rentrée 2016 par de nouveaux programmes), la suppression de la formation des professeurs des écoles (remise en place sous François Hollande), une formation

Les professeurs des écoles disent pourtant consacrer 193 heures par an aux mathématiques, soit plus que le volume prescrit par les programmes de 2008 (180 heures) et plus que la moyenne des autres pays européens (158), selon l’étude de l’IAE. Ils ne consacrent que 56 heures aux sciences (contre 78 heures recommandées dans les programmes de 2008 et 67 heures en moyenne en Europe).

continue «réduite à peau de chagrin» et les 80 000 suppressions de postes sous Nicolas Sarkozy. L’étude TIMSS existe depuis 1995 mais les CM1 français y ont participé pour la première fois en 2015. Une autre enquête internationale, le célèbre PISA, sera publiée le 6 décembre. Elle aussi «évaluera l’école d’avant la loi de refondation» mise en oeuvre sous Hollande, a souligné la ministre.

Beaucoup d’heures, peu de résultats «Ces résultats nous atterrent», a confié Francette Popineau, porte-parole du SNUipp, principal syndicat

des enseignants du primaire. Elle a souligné également la suppression de la formation des instituteurs sous la présidence Sarkozy mais aussi «une formation continue en déshérence depuis 15 ans». Or les professeurs des écoles sont issus à quelque 80 % de filières non scientifiques. L’étude de l’IAE note d’ailleurs que les enseignants français sont nettement moins à l’aise que leurs collègues européens pour «améliorer la compréhension des mathématiques des élèves en difficulté» ou «donner du sens» à cette matière selon des questionnaires remplis par les professeurs. Les écarts sont encore plus marqués en

Cette enquête s’est déroulée dans 49 pays ou provinces au total. La tête du classement en maths est occupée par cinq pays d’Asie de l’Est : Singapour, Hong Kong, Corée du Sud, Taïwan, Japon. Le premier pays européen est l’Irlande du Nord, à la 6e place. Pour la seule Union européenne, la France est tout en bas, juste après la Slovaquie. L’Irlande du Nord, l’Irlande et l’Angleterre sont sur le podium. En sciences, les cinq pays d’Asie cités plus haut sont également en tête, suivis par la Russie. La Finlande, premier pays de l’UE, est au 7e rang. Pour la seule UE, la France est avant-dernière, juste avant Chypre.

Impôts Selon le ministère de l’Économie, 4 100 riches ménages français se sont fiscalement exilés en 2014, soit 10 % de plus que l’année précédente. Ils ont été 10 000 entre 2012 et 2014 à s’installer à l’étranger notamment pour échapper à l’impôt sur la fortune.

Communistes Contrairement à ce que le conseil national du Parti communiste avait préconisé, les adhérents du PCF se sont exprimés à 53,6 % en faveur du soutien à une candidature de Jean-Luc Mélenchon pour la prochaine présidentielle. Sur 56 365 adhérents du PCF à jour de cotisations, 40 937 auraient participé au vote (soit 72 % des inscrits).

Radicaux Sylvia Pinel, présidente du Parti des radicaux de gauche, a été investie, le 26 novembre, lors d’une convention de son parti, pour la prochaine présidentielle.

Infirmiers Le décret créant le premier Code de déontologie des 600 000 infirmiers de France est paru le 27 novembre.

Les voitures hybrides privées de bonus Le dispositif du bonus écologique en faveur des véhicules les plus propres va être recentré sur les seules voitures électriques à compter du 1er janvier 2017. Alors qu’il était jusqu’à présent possible de déduire 750 € du prix d’achat d’un bolide hybride non rechargeable alliant carburant et électricité, les futurs acquéreurs devront donc s’en passer l’an prochain.

Par Frédérique Pris

Airbus supprimera 1164 postes La direction d’Airbus a annoncé mardi la suppression de 1164 postes en Europe, tout en promettant de tout faire pour éviter des licenciements secs.

«L

’impact social du plan Gemini représente 1164 positions», a déclaré à Thierry Baril, le directeur des ressources humaines du groupe. En plus de ce chiffre, «un certain nombre de transferts géographiques vont être opérés, essentiellement vers Toulouse», a-t-il précisé en les chiffrant à 325. Ces transferts se feront principalement des sites de Suresnes dans les Hauts-deSeine et Ottobrunn, près de Munich, vers Toulouse. Mais «tout sera mis en œuvre pour trouver des solutions adaptées et basées sur du volontariat», a affirmé M. Baril. «Si, début 2018, nous devions constater que ces mesures ne sont pas suffisantes, nous serions obligés de considérer des mesures de licenciements économiques contraints», a reconnu M. Baril. Le plan de restructuration s’inscrit ainsi dans un contexte de concurrence exa-

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cerbée avec le rival américain Boeing et la venue sur le marché d’avionneurs chinois. Airbus relativise les 1164 postes à supprimer avec des effectifs qui atteignent 136 600 personnes dans le monde, et 54 000 en France. Les négociations sur le traitement social doivent se tenir jusqu’à l’été prochain, précise Airbus, qui dit de plus prévoir la création de 230 postes liés à de nouvelles compétences.

Toulouse pas touchée Les suppressions de postes, annoncées lors d’un comité de groupe européen au siège d’Airbus à Blagnac, près de Toulouse, comprennent la «fermeture» du site de Suresnes, selon les syndicats. Les suppressions n’impacteront en revanche que peu le siège mondial à Toulouse, où devraient être transférés de nombreux postes. M. Dréno, de FO, reconnaît que

«la direction a semblé être très attentive au traitement social». Mais les syndicats restent vigilants, doutant du bien-fondé de la réorganisation. Les syndicats voient plutôt une «logique financière» au plan Gemini, soulignant que le groupe est à la tête d’un carnet de commandes record de près de 1 000 milliards d’euros, soit 8 à 10 ans de production. «On peut comprendre que le groupe se réorganise», reconnaît Thierry Préfol, coordinateur chez Airbus Group pour la CFE-CGC, deuxième syndicat. «Mais le groupe a les moyens financiers pour éviter tout licenciement sec», ajoute-t-il. Jean-Marie Peeters, représentant au comité européen de la CFTC (troisième syndicat), dénonce quant à lui une logique qui «veut améliorer le cours des actions». Evoquant un «mouvement d’ampleur», le secrétaire d’État à l’Industrie Christophe

Sirugue a pour sa part promis qu’il «accompagnerait à la fois les salariés et les territoires». Le plan Gémini consiste à fusionner à Toulouse les sièges de la branche d’aviation commerciale (Airbus SAS, 70 % de l’activité) avec le groupe (Airbus Group SAS), afin de faire naître une nouvelle entité baptisée tout simple-

ment «Airbus». Dans un communiqué, le PDG du groupe, l’Allemand Tom Enders, évoque le besoin de «structures plus légères», estimant que «l’intégration va à terme renforcer Airbus afin d’assurer sa future compétitivité». Loïc Vennin et Djallal Malti

Vendredi 2 décembre 2016 - N° 3270


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