GE N°43 Lutte contre la pauvreté, alibi des décideurs ?

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l’argent, à faire du profit. Par exemple, une entreprise qui s’appelle La Lyonnaise des Eaux a le monopole de la distribution de l’eau pour 16 grandes villes du monde. On va vers une situation où le problème de la distribution de l’eau n’est plus résolu dans l’intérêt des populations. La mondialisation c’est aussi des populations en Afrique qui meurent de faim ou qui meurent faute d’être soignées. Les entreprises qui créent des médicaments veulent qu’il y ait des brevets sur leurs médicaments. Cela leur donne l’exclusivité de la production des médicaments, ça maintient des prix très élevés. Elles considèrent les médicaments uniquement comme une marchandise à vendre. Un pays qui voudrait produire à bas prix des médicaments, des vaccins indispensables pour soigner sa population n’en a pas le droit. Résultat : ces dernières années, il y a eu notamment en Afrique une grande mortalité due au fait que les gens ne pouvaient se soigner. La mondialisation, c’est aussi Nestlé qui, il y a quelques années, ayant un excédent de lait en poudre, l’a acheminé vers l’Afrique pour l’écouler et faire du profit. Des bébés, qui dans les conditions habituelles auraient été nourris au sein, ont donc bu du lait en poudre préparé avec de l’eau contaminée, et beaucoup en sont morts. La mondialisation, c’est aussi les pays riches et leurs banques qui font payer la dette aux pays en voie de développement. Le fait que les pays pauvres doivent payer cette dette les empêche de consacrer de l’argent pour le bien-être de leur population, pour la satisfaction de leurs besoins essentiels, tels que se nourrir, se soigner, s’éduquer… En plus, cette dette est injuste, car les pays riches, les multinationales européennes et américaines ont pris possession de toutes les richesses des pays en voie de développement, pour leur propre profit.

D’autre part, ces dettes ont été faites par des régimes non démocratiques, non pas pour répondre aux besoins des populations locales, mais pour l’enrichissement individuel d’une poignée de personnes. Des mouvements qui se battent pour l’annulation de la dette ont fait la triste évaluation que 19 000 enfants meurent chaque jour à cause de la dette. En conclusion, nous pouvons dire que nous vivons finalement dans un monde très injuste. En effet, seule une minorité de personnes possèdent les entreprises, les banques, beaucoup d’argent, dominent la planète et nous tous. Elles font tourner le monde pour leurs seuls intérêt et profits, au détriment de notre qualité de vie à nous tous, que nous soyons européens, africains, latinoaméricains, asiatiques. Face à cela, nous devons réagir et opposer la volonté de construire un autre monde, où chaque personne pourrait manger à sa faim, se soigner convenablement, où tous les enfants pourraient aller à l’école sans problème, où tout le monde pourrait avoir un bon logement... et où tout le monde pourrait non seulement donner son avis, mais également et surtout peser sur les décisions qui doivent garantir nos besoins fondamentaux. ■

Berceuse (Mère Courage) Dors mon amour, Fais dodo mon trésor, On prie chez la voisine, Chez nous, on caline. Tous traînent dans la fange, Tu vas dans la soie, Dans la robe d’un ange Retaillé pour toi. Les voisins crient famine, Tu as des gâteaux. Si tu veux des pralines, T’as qu’à dire un mot. Dors mon amour, Fais dodo mon trésor. L’un repose en Pologne Et l’autre je ne sais où. Bertholt Brecht

Interview réalisée par Denis Horman

N°43 Septembre 2004

GRESEA Echos

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